Pour représenter les professions du transport auprès du MEDEF (Mouvement des Entreprises de France, ex-CNPF), le Groupement Interprofessionnel du Transport et de la Logistique vient de naître officiellement de l'union entre les organisations professionnelles nationales TLF (Fédération des entreprises de transport et logistique de France), CCAF (armateurs maritimes), UNIM (manutentionnaires portuaires), AFTRI (transporteurs routiers internationaux) et Fedimag (entrepositaires). Les statuts de l'association on été déposés en mai. Le bureau est composé de Alain Bréau, président (président de TLF et P-dg de Mory), Marie-Françoise Courtin, trésorière (déléguée générale de la Fedimag) et Xavier Galbrun, secrétaire général (délégué général de l'UNIM).
«Lors de sa séance du 15 mai, le conseil exécutif du MEDEF, a reconnu le GITL comme organisme représentatif de la profession du transport», affirme Alain Bréau, qui affiche pour premiers objectifs du GITL de «reprendre pied dans les différentes commissions du MEDEF, définir des positions sur des sujets communs à ces adhérents, discuter au sein du MEDEF des évolutions et assouplissements qui nous paraissent nécessaires pour la loi sur la réduction du temps de travail». Le président du GITL ambitionne également d'obtenir pour son organisme le siège qu'occupe actuellement le Comité de Liaison du Transport et de la Logistique (CLTL) au sein du MEDEF. Mieux, il veut intégrer le comité exécutif de l'organisme patronal. Pour y parvenir, il espère négocier le montant d'une cotisation normalement évaluée aux alentours de 5 millions de francs par an. C'est deux fois plus que ce que verse le Comité de Liaison du Transport et de la Logistique (CLTL), dont les fonds provenaient pour la plus grande partie, jusqu'en 2000, du GETRA (Groupement des grandes entreprises de transport de France), une association membre du CLTL et regroupant la plupart des grands groupes du transport routier de marchandises, y compris de nombreux adhérents de TLF, comme Giraud ou Mory. Présidé par Charles-Henry Broussaud, qui avait succédé en juin 2000 à Jean-Claude Berthod à la tête du CLTL, le GETRA s'est sabordé au printemps 2001. Le GITL compte probablement récupérer ses ressources financières... Qui manqueront du coup au CLTL, dont les adhérents, à savoir la CSD (Chambre Syndicale des Déménageurs), le CCAF (armateurs fluviaux), l'UTP (Union des Transports Publics), la FNTV (Fédération Nationale des Transports de Voyageurs) et la FNTR (Fédération Nationale des Transports Routiers), devront augmenter leur contribution. Cet effort semble naturel au délégué général de la FNTR Jean-Paul Deneuville, pourvu «que la présence du CLTL au MEDEF contribue à améliorer la représentation et l'image de la profession et que les modalités de cotisation soient transparentes. La contribution nécessaire pour siéger au comité exécutif du MEDEF est calculée selon des règles précises, tenant compte de la valeur ajoutée du secteur d'activité concerné. Pour le transport elle s'établirait normalement aux environs de 6 à 8 millions de francs par an. Un montant qui peut être discuté en fonction de la représentativité de l'organisme candidat. Il ne faut pas oublier non plus que nos organisations cotisent aussi, au niveau départemental ou régional, aux instances locales du MEDEF. Le CLTL doit conserver sa fonction d'organisme de liaison et d'échange d'informations entre organisations professionnelles du transport. Mais il n'est pas question de le transformer en une quelconque confédération». Un point de vue qui semble pouvoir être partagé par les autres adhérents du CLTL. Parmi ces derniers, l'UTP, qui doit aujourd'hui gérer les nombreux conflits sociaux agitant le transport routier urbain de voyageurs, attend de réunir son conseil d'administration pour décider de rester au sein du CLTL, de rejoindre le GITL, voire d'adhérer directement au MEDEF. Cette position d'attente serait aussi celle de la FNTV. Pour la FNTR, Jean-Paul Deneuville prend acte, par ailleurs, de la naissance du GITL, qu'il juge peu représentatif. La création du GITL consacre selon lui une scission entre deux approches du transport : celle des opérateurs, dont se prévaut la FNTR, et celle des organisateurs, emmenés par TLF. La FNTR regrette l'attitude de TLF, qui, en juin 2000, avait affirmé sa volonté de revenir au sein du CLTL avant de modifier finalement sa position. Un revirement qui correspond à la rupture constatée entre les deux organisations lors des blocages organisés en septembre 2000 suite à la crise du gazole. TLF s'était alors aligné sur les positions du MEDEF, négociant en solo avec le ministère des Transports pour lever les barrages, tandis que la FNTR avait attendu de recueillir l'opinion de ses adhérents pour finalement prendre la même décision, deux jours plus tard. Une opposition d'autant plus malheureuse, estime Jean-Paul Deneuville, que «tous les professionnels devraient aujourd'hui travailler ensemble sur le dossier de la fiscalité des carburants».