Renault Muselier, président LR de la région PACA, a officiellement présenté sa demande au Premier ministre Édouard Philippe, le 29 novembre dernier. Cependant, tester régionalement ce système suppose au préalable l’adoption d’une loi déployant l’écotaxe à l’échelle nationale. « Nous envisageons d’augmenter le tarif des péages en fonction du tonnage et de la qualité environnementale du véhicule afin d’inciter les transporteurs à rouler propre », explique Julien Geffard, conseiller transport du président de Région.
Il s’agit très certainement de la loi d’orientation des mobilités promise par la ministre des Transports, Élisabeth Borne, au printemps 2018, loi dont les grandes lignes devraient s’inspirer des Assises de la mobilité qui viennent tout juste de s’achever. Reste à savoir quelles seront les modalités pratiques de mise en œuvre de l’écotaxe version 2018, le recours aux portiques non encore démontés n’étant pas complètement écarté. S’il s’agit effectivement d’une hausse aux péages, elle s’appliquera au réseau concédé et ce dans la limite fixée par la directive Eurovignette. La région PACA, dont le budget 2018 a été rogné de 35 M € par l’État, cherche de nouvelles sources de financement et entend affecter le produit de cette recette aux infrastructures de transport en local. Ce qui, selon nos sources, serait en désaccord avec la stratégie de l’État, les recettes étant destinées à abonder le budget de l’Afitf, l’agence de financement des infrastructures de transport de France.
Cette initiative de taxer les poids lourds en transit devait être expliquée plus en détail, le 8 décembre, par le Conseil régional PACA dans le cadre des 100 propositions concrètes du Plan Climat. « Nous développerons les transports en commun grâce à une taxe sur les poids lourds en transit qui usent nos infrastructures et polluent notre air », avait indiqué, le 21 novembre, Renaud Muselier en marge du colloque Méditerranée du Futur sur le thème du climat. Cette annonce découverte par voie de presse par les entreprises du transport routier, a suscité une vive émotion dans la profession. « Nous sommes les premiers intéressés et nous n’avons pas été consultés. L’État vient de solder le fiasco écotaxe en votant un amendement à 339 M€ de la dette Ecomouv que le contribuable va payer devant l’irresponsabilité des politiques », a réagi Michel Mattar, directeur général de TLF Méditerranée. De son côté l’OTRE s’inquiète de la stigmatisation de la profession. « C’est, au surplus, sciemment mentir sur l’engagement des entreprises du transport routier dans l’éco-conduite et les chartes CO2 ; c’est jeter aux oubliettes les défis techniques des normes Euro et l’investissement des constructeurs pour développer des nouvelles motorisations à énergies alternatives que les transporteurs ne boudent pas. Conçue et imaginée à l’origine pour le financement des infrastructures routières, l’écotaxe devient presque automatiquement, au nom du principe d’opportunité, la bouée supplétive du financement des collectivités locales confrontées aux baisses des dotations d’État depuis plus de dix ans ! Oublié le financement des infrastructures routières : au mieux, on évoque, comme le président de la région PACA, le financement des transports en commun », dénonce l’OTRE PACA. Quelque 800 000 poids lourds français et étrangers sillonnent chaque année les routes régionales dans le cadre d’opérations de transit.