MAX JAMMOT : Il est indéniable que la France bénéficie actuellement d’une embellie économique ; après des années de croissance molle, le PIB devrait progresser d’environ 1,6 % en 2017. Si les indicateurs sont au vert et prêtent à l’optimisme, il est encore trop tôt pour ancrer cette tendance. Le marché du travail donne cependant des signes de reprise encourageants, dans la continuité d’une année 2016 qui s’est achevée sur un niveau inégalé de créations nettes d’emplois depuis la crise financière de 2008. La situation financière des entreprises s’est également améliorée, du fait, entre autres, de l’instauration du CICE (crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi) en 2013, suivie du Pacte de responsabilité.
En 2016, le secteur Transports & logistique s’est globalement bien comporté, avec une progression de ses créations d’entreprise (+ 52 % sur un an), compensant largement une hausse des disparitions d’entreprises (+ 17,1 %). Avec Internet, ce secteur a bénéficié d’une croissance des marchés du petit colis et de la logistique du dernier kilomètre, offrant ainsi des opportunités à de nouveaux intervenants.
M. J. : À fin septembre 2017 sur 12 mois glissants, en France métropolitaine, tous secteurs confondus, la baisse du nombre de défaillances d’entreprise(2) se confirme, passant de 58 899 à 54 371 entités, soit un retrait de 7,7 % sur un an (– 8,9 % à fin juin 2017). Cette tendance baissière est sensiblement plus marquée pour les entreprises individuelles avec – 11,2 % que pour les sociétés commerciales avec – 6,9 %. Cette évolution confirme l’inversion de tendance déjà constatée sur l’année 2016. Sur douze mois glissants, les défaillances d’entreprise passent ainsi sous la barre des 60 000 procédures annuelles. Une première depuis 2009. Il est néanmoins encore trop tôt pour tirer d’éventuelles conclusions ou interpréter objectivement ce que vous-même qualifiez de « tendance »…
M. J. : L’essentiel de l’amélioration repose sur une meilleure tenue du commerce extérieur, à savoir l’accélération des exportations — bon niveau des livraisons aéronautiques et spatiales, des produits agroalimentaires, des machines industrielles — combinée à une baisse des importations. Mentionnons également le sursaut du tourisme, après une année 2016 difficile liée aux attentats, et un net redémarrage dans le Bâtiment & Travaux Publics. Ce secteur d’activité a ainsi bénéficié du maintien du niveau de constructions locatives sociales, des aides fiscales à l’acquisition et à la rénovation, ainsi que de taux de crédit relativement bas. Ce dernier facteur est déterminant, principalement pour les primo-accédants qui ont pu acquérir leur logement avec de meilleures conditions financières.
M. J. : Il semble préférable d’apprécier la situation avec un recul de plusieurs années. Depuis la crise de 2009, le nombre de défaillances d’entreprises a oscillé entre 1 700 et 2 000 par an dans le secteur Transports & logistique. Pour l’année 2016, une hausse significative apparaît avec 1 730 jugements, soit une augmentation de 2,3 %, alors que la tendance nationale est orientée à la baisse avec – 7,2 %. Force est de constater que les défaillances du secteur Transports & logistique frappent principalement des entreprises jeunes, 45 % ont moins de trois ans, et de petite taille, 80 % sont des TPE. À fin septembre 2017, sur 12 mois glissants, l’augmentation des défaillances se confirme pour ce secteur avec + 4,79 %.
M. J. : Les données dont nous disposons font état d’une situation à un instant T et ne présagent pas de ce qui va suivre. Si le TRM bénéficie actuellement d’une tendance encourageante, il demeure fragile. Hormis les majors, certains intervenants n’ont pas une assise financière suffisante et présentent une faible profitabilité en raison notamment des coûts salariaux, de la gestion du parc de camions et du prix du carburant. Outre le gazole qui demeure en effet une composante très incertaine, les postes de dépenses les plus sollicités demeurent les coûts, en augmentation, du personnel de conduite, et également la hausse annuelle des péages autoroutiers de classe 4. Sans compter les distorsions de concurrence, toujours importantes au sein de l’Europe, qui profitent aux plus grandes structures internationalisées et diversifiées au détriment des opérateurs plus nationaux ou spécialistes.
(1) Distribué avec L’OT 2896
(2) Ouvertures de redressement judiciaire et de liquidation judiciaire directe.