Ce 25 février, comme de coutume à l’entrée de la zone logistique lyonnaise de Mions, le ballet des poids lourds s’est poursuivi jusqu’à la nuit. Les sites de transporteurs sont nombreux, dans le secteur.
Un seul, pourtant – Roger Desbos, dirigeant de Trans-Missions – a rejoint Jean-Christophe Gautheron, secrétaire général de l’OTRE Auvergne-Rhône-Alpes, au centre Promotrans de Mions. À l’initiative de la direction nationale du syndicat, celui-ci a invité les adhérents rhônalpins à contribuer au Grand débat lancé par le gouvernement. Avant de faire de même, le 27 février à l’AFT de Cournon d’Auvergne, pour les Auvergnats. Mais ce lundi soir, Roger Desbos et Jean-Christophe Gautheron restent seuls. Qu’à cela ne tienne : ce dernier lance la projection des documents téléchargés sur le site du Grand débat. Premier sujet choisi par l’OTRE : la transition énergétique. Les questions défilent et, consciencieusement, Roger Desbos répond. « Que faudrait-il faire, selon vous, pour agir en faveur du climat ? ». « Supprimer les véhicules plus polluants ». Jean-Christophe Gautheron, qui note scrupuleusement les réponses, relève la tête : « On est là en tant que transporteurs… On va peut-être ajouter qu’il faut apporter des aides à l’acquisition de véhicules propres ». Le dirigeant de Trans-Missions, qui a déjà renouvelé en Euro VI 10 % de ses 50 véhicules, acquiesce. Il ajoute : « J’ai déjà contribué à titre personnel au Grand débat, sur la plateforme internet, et j’ai écrit qu’il faudrait faciliter l’accès au crédit pour les plus pauvres. C’est valable aussi pour les petits transporteurs ». Autre question, sur la nécessité de taxer davantage le diesel. « C’est sûr que quand le prix augmente, j’incite plus mes conducteurs à rouler piano… », confie le patron.
Mais le secrétaire général rappelle les combats de la profession : « Il faut quand même qu’on écrive que ce n’est pas la solution : avec la taxation du diesel, celui qui roule en Euro VI est pénalisé comme les autres, alors qu’il pollue moins ». Roger Desbos se range volontiers à cet avis. Ce qui lui tient plus à cœur, c’est de faire entendre qu’il faudrait, selon lui, « limiter l’afflux d’entreprises étrangères », c’est-à-dire « faire réaliser les transports en France par des transporteurs français, comme on achète pour les cantines des salades du maraîcher du coin ».
Sur l’autre sujet sélectionné par l’OTRE – « l’organisation de l’État et des services publics » –, le dirigeant est encore plus critique : « Les fonctionnaires ne sont plus au service des citoyens ! ». Quant à Jean-Christophe Gautheron, il assure que « de petites boîtes ne demandent pas le remboursement de TICPE, tant la procédure est complexe ». Leur proposition : « Internet, c’est bien, mais qu’on ait accès, si besoin, à un agent expert du sujet ».
Un « débat » bien maigre, qui laisse Jean-Christophe Gautheron amer : « Les transporteurs émettent souvent des critiques envers l’État. Mais à présent, il ne faudra pas qu’ils viennent regretter que seuls les écolos se soient exprimés sur la transition énergétique… ».