PME familiale installée en Ille-et-Vilaine, les transports Loisel se consacrent au transport de grosses pièces sur plateaux. Leur originalité s’illustre à travers le caractère parfois unique des véhicules de leur parc ainsi que par l’attractivité dont profite l’entreprise auprès des chauffeurs. Ces derniers doivent toutefois cumuler de nombreuses qualités humaines et professionnelles pour accomplir convenablement des missions de transport éloignées des standards de la marchandise générale. Le transport de grosses pièces de béton pour le BTP est la base de l’activité dont le rayon d’action est national. Le fret comprend également de la chaudronnerie, des charpentes, de l’habitat modulaire ou des conteneurs, entre autres. Actuellement, les chantiers du Grand Paris suscitent un important flux de grosses pièces de chaudronnerie, pièces qui ont tendance à être de plus en plus longues. L’organisation du travail s’appuie sur le TMS de GPI. L’informatique embarquée se limite à Dynafleet et aux boîtiers de péage Axxès qui incluent une fonction de géolocalisation. Dynafleet est utilisé pour le suivi de la consommation et celui du comportement des chauffeurs. Loisel n’a pas d’activité logistique au sens habituel avec groupage ou dégroupage. Le transporteur assure néanmoins des stockages temporaires pour certains de ses clients. Cela ne justifie ni informatique de quai, ni WMS. Une quarantaine de personnes travaillent chez Loisel, dont 29 chauffeurs parmi lesquels neuf sont des ex-Lucas. « Trouver des chauffeurs, ce n’est pas un problème. On a une dizaine de CV en stock en permanence. Ce qui est difficile, c’est d’en trouver des bons. Il nous faut des personnes aptes au convoi exceptionnel. On a une activité et du matériel de haute qualité qui attirent. Par conséquent, l’ancienneté ne cesse de croître chez nous », déclare Bertrand Loisel, qui a conscience d’être dans une situation opposée à celle des transporteurs de marchandises générales. « Ça n’arrive jamais qu’un chauffeur m’appelle le dimanche soir pour me dire qu’il ne partira pas le lundi, ajoute-t-il. Je n’embauche pas un chauffeur s’il refuse de partir à la semaine. » Il part tard le lundi tard et rentre tôt le vendredi. Chez Loisel, tous les camions portent le nom de leurs chauffeurs.
Pour faire évoluer l’activité vers des tonnages de plus en plus élevés, la première barrière est celle liée au matériel, la seconde concerne le personnel, puis vient la contrainte réglementaire.
Le petit entretien du parc est naturellement réalisé par l’entreprise, mais celle-ci ne dispose pas d’atelier intégré. La maintenance est intégralement confiée aux constructeurs dans le cadre de contrats de service. À propos du matériel, Bertrand Loisel précise : « Je gare tous mes véhicules tous les vendredis. Je ne laisse rien passer. » Chez Loisel, les FH sont conservés sept à huit ans au cours desquels ils parcourent 750 à 800 000 km.
Classiques, surbaissés ou extensibles, les plateaux sont nombreux chez Loisel. Ils sont complétés par des grues auxiliaires jusqu’à 58 t/m, montées dos cabine, ou sur roll pour ceux solidaires des semi-remorques.
Le matériel utilisé par Loisel doit à la fois être adapté à la longue distance et à la circulation sur les chantiers. « On est dans la pire des situations. On part d’une usine, bitumée ou pas, on fait de la longue distance sur route en étant chargé lourd, et on fait le dernier kilomètre sur un chantier », précise Xavier Loisel. Le matériel doit donc cumuler des qualités contradictoires en étant à la fois à l’aise sur autoroute et hors route. Il lui faut entre autres une garde au sol importante, mais une sellette basse pour augmenter la hauteur utile. Les manœuvres doivent être faciles sans faire surchauffer l’embrayage malgré les fortes charges. C’est pourquoi Loisel n’hésite plus à équiper ses camions de la direction électrodynamique VDS, de la boîte i-Shift avec vitesses extra-lentes et de la transmission 6x4 débrayable. Loisel fut d’ailleurs le premier client français de cette configuration que seul Volvo propose. Pour ses acquisitions à venir, le transporteur délaissera les 6x2 au profit du 6x4 débrayable dont la motricité et la capacité de charge sont supérieures. Actuellement, le transporteur prend en charge des colis qui atteignent 40 m de longueur, 7,5 m de largeur et 60 t. Avec de tels chargements, les ensembles routiers de Loisel ont des consommations en rapport. Il est difficile de passer en dessous de 40 l/100 km.
À sa croissance organique relativement lente, mais continue, Loisel pourrait bientôt ajouter une nouvelle opération de croissance externe. Les frères Loisel étudient cette perspective.
Le scénario idéal serait la reprise d’une PME équipée pour les transports de plus de 100 t et apportant quatre ou cinq chauffeurs expérimentés. Cela les conduira certainement à acquérir de nouveaux véhicules qui justifieront des études de la part de l’avant-vente.
En 2018, Loisel a réalisé la première opération de croissance externe de son histoire en reprenant l’entreprise créée par Jean-Yves Lucas. Loisel qui commençait alors le transport exceptionnel en deuxième catégorie est entré de plain-pied dans la troisième catégorie grâce à l’apport de Lucas. Pour l’heure, il est prévu de conserver les deux marques commerciales, Loisel et Lucas, dont les identités visuelles ont été harmonisées.
Tandis que Loisel est un client historique de Volvo depuis 1976, Lucas disposait de Scania lors de sa reprise. La réactivité de l’équipe commerciale Volvo face aux demandes très spécifiques du transport exceptionnel provoque actuellement l’arrivée de camions Volvo sous les couleurs de Lucas. Jean-Yves Lucas est resté dans l’entreprise comme chauffeur et continue de partager son expérience. Dans le cadre de l’augmentation des tonnages de ses convois, Loisel envisage à la fois des tracteurs à quatre essieux et le moteur D16. Sur ce second point, l’arrivée du D13 TC avec turbo compound sur le FH i-Save devrait permettre d’en rester au D13.
L.F.