L'offre des constructeurs se généralise

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Avec l'introduction de l'électronique sur les moteurs, les constructeurs de véhicules ont commencé par proposer des systèmes d'assistance à la conduite. Ils se transforment en outils d'aide à la gestion de parcs, grâce aux moyens de communication embarqués, auxquels certains raccrochent la gestion « sociale » du personnel roulant. Les constructeurs avaient laissé le champ libre aux équipementiers en matière d'informatique embarquée, mais ils tentent aujourd'hui de récupérer le marché. Ils développent des systèmes propres ou s'allient à des partenaires. Objectif: proposer des véhicules équipés en première monte. Mais si l'offre se généralise, elle n'est pas toujours au même niveau.

Cette phase de reconquête s'est opérée par étapes et le point de départ a été l'arrivée de l'électronique à bord des véhicules. Elle a, tout, d'abord, été appliquée à la gestion des moteurs, notamment de l'injection. Puis, petit à petit, les applications se sont étendues aux boîtes de vitesses ainsi qu'aux différents organes pour déboucher sur des systèmes d'assistance à la conduite. Car, la première préoccupation des constructeurs a été d'utiliser ces équipements pour aider le conducteur dans sa manière de conduire et, partant de là, optimiser l'utilisation du véhicule.

Un cheminement que rappelle le chargé du développement de l'informatique embarquée au sein de Scania Infotronics AB, filiale du constructeur suédois spécialisée dans les technologies de l'information destinées au secteur du transport. « L'électronique a fait ses débuts dans les véhicules industriels dans les années 80. Les systèmes ont rapidement évolué et ont donné naissance à des composants de haute technologie très performants. Nous en sommes aujourd'hui à la « mécatronique » dans laquelle les systèmes mécaniques coopèrent avec des systèmes électroniques pour former des unités fonctionnelles. La toute dernière percée dans ce domaine a été la connexion de tous les processeurs du véhicule dans un système intranet comparable aux réseaux d'ordinateurs qui existent dans le secteur de la bureautique. Cela donne des installations simples et flexibles avec un minimum de cablage. En principe, il s'agit d'une boucle qui achemine les informations destinées à tous les systèmes électroniques du véhicule. L'étape suivante pour laquelle nous prévoyons une croissance importante dans les années à venir est l'infotronique. Elle consistera à connecter l'intranet du véhicule au réseau internet ».

Vingt années d'évolution

Les évolutions que prévoyait notre interlocuteur, l'an dernier, ont été confirmées lors du dernier salon de Francfort où Scania a lancé un système d'analyse de parc d'un nouveau type « permettant aux conducteurs de contrôler leur travail quotidien et aux exploitants d'analyser les performances de leur parc ». Basé sur une architecture à plate-forme ouverte, il se compose d'un ordinateur de poche standard doté d'un logiciel spécifique pour l'analyse des parcours qui prélève les informations sur le bus Can (Controlled Area Network) du véhicule. Un adaptateur et un logiciel de bureautique spécifique à l'analyse de parc permettent de traiter et de comparer dans le détail l'ensemble des données de tous les véhicules.

« Nous avons opté pour une architecture embarquée ouverte, explique Peter Gilibrand, aujourd'hui directeur général de Scania Infotronics. Grâce à un protocole d'interface standardisé, il est facile d'adapter l'un des équipements proposé sur le marché pour lui permettre d'exploiter les données fournies par l'informatique embarquée de nos véhicules ».

Pour les données du véhicule prélevables à partir de l'interface de gestion de parcs, Scania se sert du protocole SAE J1939. Le flux d'informations provenant du bus Can du véhicule est protégé par un coupe feu. Les données disponibles comportent: des relevés instantanés de consommation, du régime, de la vitesse ainsi que des températures et pressions de l'air et du moteur. Elles permettent de calculer la consommation totale et moyenne, la vitesse moyenne et le kilométrage. Le logiciel de l'ordinateur qui fonctionne sous windows peut être connecté à l'ordinateur fixe de l'entreprise qui peut ainsi analyser dans le détail le fonctionnement de son parc et son utilisation. Cette installation peut également être complétée par d'autres équipements extérieurs qui ne sont pas fournis par le constructeur dédiés à la navigation ou à la communication.

Le Dynafleet de Volvo

A ce système ouvert, Volvo a préféré une architecture intégrée dans l'ordinateur de bord Dynafleet qui a été l'un des premiers systèmes complets proposé en équipement optionnel. Là aussi, le constructeur a mis à profit l'électronique qui, progressivement, s'est installée à bord du véhicule. Les nouvelles gammes FM et FH sont dotées d'un « système nerveux » qui comporte un grand nombre de capteurs disséminés dans la cabine, le moteur, la boîte de vitesses, le châssis, la suspension, etc. Tous ces capteurs informent des boîtiers de commande qui renseignent en permanence le conducteur sur ce qui se passe à l'intérieur et à l'extérieur du véhicule. Le Dynafleet permet d'exporter toutes ces informations vers l'entreprise.

Mercedes commercialise le « Fleet-Board »

Les équipements électroniques très sophistiqués dont sont dotées les gammes Actros et Atego de Mercedes ont permis au premier constructeur mondial de prendre une certaine avance en matière d'informatique embarquée. Le système FleetBoard qu'il a présenté l'an dernier est aujourd'hui commercialisé en équipement optionnel sur certains marchés, dont la France. « FleetBoard est un service télématique reposant sur Internet et destiné à gérer les parcs de véhicules d'un point de vue technique et logistique », explique Raimund Grammer. « Toutes les informations émanant du véhicule sont accessibles de partout et à tout instant. En utilisant Internet comme moyen de transfert, cela permet à l'exploitation d'avoir accès à tous les modules de logiciel proposés dans la plate-forme FleetBoard sans avoir à investir dans d'autres équipements plus coûteux ».

Les modules proposés lors du lancement offraient les fonctions et les services suivants: planification de services, gestion de pannes, études d'intervention, enregistrement des trajets, transmission de textes aux véhicules, positionnement à l'aide d'une cartographie numérique et ordinateur de bord à usage du conducteur. Les services proposés devraient monter en puissance afin de constituer une offre globale incluant la transmission de commandes, la planification de tournées,etc.

Le FleetBoard reste un outil semi-ouvert dans la mesure où il peut intégrer des logiciels spécifiques à une entreprise.

Les informations sont transmises de la manière suivante: à partir du véhicule qui est équipé d'un réseau de bus Can reliant tous les systèmes de commande, la plate-forme FleetBoard reçoit les données via le module Com. Le téléphone de bord les transmet par réseau GSM au serveur central qui se trouve chez le constructeur à Stuttgart où elles sont traitées et mises à la disposition de l'entreprise exploitante via Internet. Pour ce faire, les véhicules Mercedes dotés du système électronique Telligent reçoivent un pré-équipement qui comprend une antenne GPS, une base d'antenne GSM pour le téléphone, le module Com d'interfaçage avec le bus Can et tous les cablages nécessaires. Quant au FleetBoard il intègre l'ordinateur de bord, le système GPS pour la localisation et un téléphone fixe GSM qui est utilisé à la fois pour la communication et le transfert des données. Le mode de transmission fonctionne dans les deux sens.

Renault: partenariat avec Euteltracs

Chez Renault Véhicules Industriels, le développement de l'informatique embarquée s'inscrit dans le cadre de la gamme de services la plus complète que le constructeur souhaite apporter à ses clients transporteurs. « Dans ce programme, explique Céline Forestier, attachée à la direction du département des services à la clientèle, Renault a défini les métiers sur lesquels il avait une véritable expertise, notamment la gestion technique. Il a été décidé de développer des outils intégrés. Par ailleurs, pour tout ce qui concerne d'autres systèmes et, notamment, la communication, Renault VI a choisi de s'appuyer sur des partenaires extérieurs dont la qualité des produits est reconnue sur le marché ».

C'est dans cet esprit que le constructeur français a annoncé, lors du dernier salon de Francfort, qu'il avait signé un accord avec Alcatel. Ce partenariat revêt un double aspect. D'une part, Renault VI installera sur ses véhicules le système Euteltracs, produit par Alcatel, destiné au suivi des mobiles par satellites. D'autre part, cet accord porte sur la commercialisation et l'installation des produits Euteltracs par le biais du réseau du constructeur et quelle que soit la marque du véhicule.

Pour ce qui concerne, les systèmes de communication par téléphone (GSM), Renault VI s'est choisi deux partenaires Agat System et ICS. Pour l'instant, la gestion technique est assurée par l'ordinateur Infomax 2000 mais ce n'est pas un système embarqué. C'est un ordinateur portable, certes, qui, par connexion extérieure, permet de collecter et d'analyser toutes les informations recueillies à partir de l'électronique du véhicule. Le constructeur travaille actuellement à transformer cet appareil en outil informatique embarquée. Le pré-équipement des véhicules commencera à partir d'octobre 2001.

Man: un outil de gestion ouvert

C'est également au dernier salon de Francfort que MAN a présenté l'équipement qu'il entend commercialiser et qu'il a développé à partir des systèmes électroniques sophistiqués de sa nouvelle gamme TG-A. Le composant central est un module de télématique embarquée avec récepteur GPS. Par l'intermédiaire de l'interface intégrée au bus Can, ce module fournit toutes les données concernant le véhicule. La transmission des données se fait par un téléphone GSM à poste fixe par message succint SMS (Short Message Service).

Cet équipement permet une gestion de l'entretien. Outre les données relatives au parc, la télématique du TG-A permet, par l'intermédiaire du système embarqué, de lire également les données relatives à l'entretien à partir du bus Can et de les mettre à la disposition du réseau après vente. « Les données d'entretien, explique-t-on chez le constructeur, se rapportent aux catégories et périodicités d'entretien à effectuer régulièrement, aux contrôles techniques prescrits par la réglementation et au pronostic relatif au changement préventif de certaines pièces soumises à usure: plaquettes de freins, embrayage, etc ». L'analyse de ces données permet de calculer la disponibilité prévisible maximale du véhicule et d'optimiser les passages en atelier. Par ailleurs, le système télématique permet d'effectuer le diagnostic en cas de pannes. Les informations émanant du véhicule sont transmises au moyen de messages par les outils de communication GPS/GSM au centre d'assistance qui fonctionne en permanence. Il dispose ainsi de la position du véhicule, du numéro d'appel en retour, des informations relatives au moteur et des messages d'erreurs contenus dans l'ordinateur de guidage.

Iveco: un premier pas

Iveco paraît avoir adopté une politique analogue à Renault VI. Le partenaire, en l'occurrence, est la société Hello Truck qui, en Italie, développe « le premier système de suivi par satellite avec informations vocales et cartographie embarquée, dialoguant de façon autonome avec ses interlocuteurs sans centrale opérationnelle», explique Ugo Castagnotto, un ancien d'Iveco qui travaille au développement d'Hello Transport.

En ce qui concerne la gestion technique, par ailleurs, l'offre d'Iveco semblerait se préciser avec l'arrivée des moteurs Cursor dans la nouvelle gamme sur laquelle les équipements électroniques ont été développés, notamment au niveau de l'injection. Rappelons que le Cursor 10 est doté d'injecteurs unitaires à très haute pression gérés par une centrale électronique qui définit le point d'avance et règle le débit de gazole injecté en fonction de la demande de puissance exprimée par le conducteur mais, également, en fonction des autres organes: la boîte de vitesses automatisée, le dispositif d'antipatinage ESR, le régulateur de vitesse, etc.

Daf: lancement à Bruxelles

Dans cette course à l'informatique embarqué, Daf comptait un certain retard car l'électronique est arrivée assez tardivement sur ses gammes. Elle a fait sa véritable apparition sur les dernières gammes moyennes qui ont été présentées lors du dernier salon de Francfort. « Les 65/75/85 sont désormais pourvus d'un bus Can, souligne Guy Van Huffel, product manager. Le protocole SAEG 1939 auquel répond l'équipement informatique est ouvert à tous les modèles d'ordinateurs de bord qui sont proposés sur le marché. Les véhicules sont équipés pour être directement connectés. Mais nous laissons au client transporteur la liberté de choisir le matériel qui semble lui convenir le mieux. L'installation que nous proposons lui permettra de recueillir des données techniques, des informations sur la conduite et enregistrera les consommations. Il s'agit à la fois d'un système d'aide à la conduite et à la gestion du parc.

Par ailleurs, au prochain salon de Bruxelles, nous allons proposer un système plus complet. Il est basé sur trois fonctionnalités: la gestion de la cargaison, du transport et de la flotte. Il comprend un logiciel et un boîtier qui est équipé de GSM et de GPS intégrés, l'ensemble étant relié à un serveur Internet via lequel chaque client pourra recevoir des informations personnalisées. Il en aura la maîtrise complète et pourra consulter, envoyer et recevoir des informations quand il le souhaite. Ce type de matériel, qui peut se suffire à lui-même et éviter à l'entreprise d'investir dans des équipements supplémentaires, reste cependant entièrement ouvert pour que l'exploitant puisse le compléter par d'autres fonctionnalités périphériques. »Les véhicules de la classe moyenne pré-équipés pour recevoir un ordinateur de bord sont déjà commercialisés. Quant au système informatique et de communication embarqué, il sera commercialisé en Grande Bretagne dès le début de l'année et disponible sur les autres marchés vers le milieu de 2001.

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