L'indifférence des transporteurs

Estimé au départ à 2,5 MdF, le coût des travaux a été revu à la hausse. Objectif affiché : répondre plus rapidement à la croissance annuelle de 8 % des trafics de conteneurs. Aux quatre postes à quai initialement prévus - livrables en 2004 - viennent s'ajouter deux autres postes qui devraient être opérationnels en 2006. Tous les prolongements nécessaires des dessertes terrestres seront également effectués. Les travaux de construction du chenal d'accès et de la digue devraient commencer à l'automne prochain. Parallèlement, un programme de modernisation, pour un investissement de 1,1 milliard de francs, vise à éviter la saturation des actuels terminaux. Devant ces vastes projets, les transporteurs routiers, spécialisés dans l'acheminement de conteneurs, restent toutefois sceptiques. Certes, l'augmentation de la capacité du port du Havre devrait générer une croissance de leurs trafics. Mais ils ne croient pas que l'extension ou la modernisation puissent résoudre leurs actuelles difficultés. « Les opérations de chargement/déchargement des navires seront toujours prioritaires sur celles des poids lourds. Nous continuerons donc de subir des temps d'attente de 3 à 4 heures, déplore Jean-Louis Leclerc, P-dg des Transports Fondimare (76). Les terminaux portuaires arrivent à complète saturation. Le vrai problème restera le manque de personnel de manutention ». « Même les trains passent avant nous, confirme Denis Renault, gérant des Transports Renault et Fils (76). Nous sommes payés au kilomètre et ne pouvons pas facturer les temps d'attente. Nos clients, transitaires ou compagnies maritimes, ne veulent pas en entendre parler. N'ayant aucun lien commercial avec le Port du Havre, nous ne pouvons donc pas non plus nous retourner contre lui. Et, son agrandissement n'y changera rien ». Pourtant, 67 % des conteneurs - soit 1 million sur 1,5 million - sont acheminés par les transporteurs routiers. Ainsi, le Port du Havre voit transiter chaque année entre 600 000 et 700 000 poids lourds.