Deux mois de concertation et trois mois de débat parlementaire pour boucler le dossier réforme ferroviaire d’ici l’été, par ordonnances. Le calendrier du Premier ministre a l’air bien fixé. Pas d’appel à la grève pour l’heure, les syndicats (CGT, Unsa, SUD Rail, CFDT) renvoient au 15 mars leur décision d’une grève, en fonction des premières réunions de concertation, démarrées le 1er mars. La ministre des Transports, Élisabeth Borne(1), inscrit trois thèmes dans les discussions : les conditions de l’ouverture à la concurrence (dont le calendrier et les garanties à apporter aux cheminots en cas de transfert à un concurrent), l’organisation de la SNCF et le calendrier de l’arrêt du recrutement au statut de cheminot.
Mais quelle est l’urgence de lancer une réforme de la SNCF aujourd’hui ? Balayée donc la loi 4 août 2014, entrée en vigueur le 1er janvier 2015 ? Pour rappel, son objectif était de moderniser en profondeur l’organisation du système de transport ferroviaire français, de réunir Réseau ferré de France et la SNCF (désormais SNCF Réseau), de stabiliser la dette du réseau (41,2 Md€ en 2014 contre 46 Md€ actuellement) et de préparer l’ouverture à la concurrence du transport intérieur de passagers (avant 2022). Quid de l’État stratège que le ministre des Transports de l’époque, Frédéric Cuvillier, voulait remettre sur les rails ? Le gouvernement martèle que la future réforme est destinée à offrir « un meilleur service ferroviaire », que la dette n’est plus soutenable et dénonce le statut des cheminots. Élisabeth Borne n’a pas suivi le rapport Spinetta et a écarté la suppression des « petites lignes ». Les lignes capillaires du fret sont donc sauvées, ou en sursis, pour un temps. Le statut des cheminots n’est qu’un faux problème : les recrutements s’effectuent déjà en CDI et la retraite à 52 ans demeure un fantasme : comme dans le privé, il faut cotiser 42 ans pour bénéficier d’une retraite à taux plein (et sans retraite complémentaire). Le gouvernement veut une réforme à grande vitesse. Pourtant, il prend son temps sur la dette : « l’État prendra sa part de responsabilité d’ici la fin du quinquennat », a déclaré Édouard Philippe.
(1) La ministre Élisabeth Borne devait rencontrer les organisations syndicales représentatives de la branche, le 1er février.