Malgré ses nombreux détracteurs, la province basque du Gipuzkoa tient, vaille que vaille, à la mise en place de ses portiques ecotaxe sur trois petites portions de la nationale 1, qui file d’Irun, la ville frontière avec Hendaye, à la ville d’Etzegarate, située aux portes de la Navarre. Cette nationale va en effet devenir payante à partir de janvier 2018. En moyenne, 12 000 camions empruntent la N-1 chaque jour (dont 60 % d’étrangers). La province entend les faire contribuer à l’entretien des routes et reporter une partie du trafic sur les autoroutes AP-1 et AP-8, relativement proches. Rappelons que cette taxe, appelée AT, sera la première du genre en Espagne et repose sur un paiement par badge de télépéage, ce qui n’oblige pas les transporteurs à s’équiper de boîtiers spécifiques comme pour la feu ecotaxe française. La province du Gipuzkoa vient tout juste d’annoncer une tarification minimale de 0,56 euros, pour un maximum de 6,89 euros, permettant d’emprunter tout ou partie de la N-1 sur son territoire. Notons que ce tarif est en baisse légère par rapport aux prévisions qui tablaient sur un maximum de 10 €. Les recettes estimées devraient couvrir 74 % du coût des infrastructures de la N-1. Le conseil provincial table sur un report de trafic PL d’environ 50 %.
Selon Imanol Lasa, le porte-parole du conseil provincial, les premiers tests à blanc ont été effectués avec succès et la taxe AT sera effective dès la première semaine de janvier. Voilà qui ne rassure pas la Navarre, province limitrophe dans la prolongation de la N-1, qui vient de voter à l’unanimité contre ce projet qui « apportera, sans aucun doute, un impact négatif sur la circulation des camions en Navarre ». Car des solutions alternatives existent. Confrontée à une problématique similaire de fort trafic PL sur la N-1, la province de Castilla y León a, par exemple, décidé d’abaisser les tarifs autoroutiers de 75 % sur l’autoroute AP-1 toute proche afin d’inciter au report de trafic entre les villes de Castañares et Miranda de Ebro.
Le syndicat des transporteurs basques, Hiru, indique quant à lui avoir déposé un recours contre ce système et s’apprête également à déposer plainte contre cette facturation complémentaire qui pourrait atteindre jusqu’à 1 000 euros par mois et par véhicule. La principale fédération de transporteurs espagnols, la Fenadismer, indique pour sa part que la province basque a refusé d’entendre la moindre de ses propositions destinées à reporter une partie du trafic sur l’autoroute et que cette attitude ne sert qu’une seule ambition : « augmenter la perception des impôts ». Pour calmer le jeu, Imanol Lasa a laissé entendre que le gouvernement du Gipuzkoa souhaitait parvenir à un accord destiné à apporter des avantages sociaux aux transporteurs locaux. Cette mesure serait, quoiqu’il arrive, observée de près par Bruxelles, car la directive Eurovignette ne tolère aucun favoritisme local. La tension est montée d’un cran mardi dernier quand les différens syndicats de transporteurs espagnols, réunis au sein de l’intersyndicale du Comité national des transports routiers, ont décidé de procéder à des manifestations la première semaine de janvier, pouvant avoir « une incidence sur l’ensemble du transport national et international ». Cette mobilisation sera-t-elle suffisante pour faire infléchir la détermination de la province basque ? Une cinquantaine de camions avaient déjà manifesté au mois de novembre mais cette opération escargot n’avait pas entraîné un mouvement similaire à ce qui a pu se passer en France avec les “bonnets rouges”. Les “bérets rouges” auront-ils autant d’impact ? Réponse en janvier prochain.