Les syndicats du transport (CFDT, CFTC, FO, CGT, CFE-CGC) ont protesté par une action unitaire le 21 novembre contre « l’exclusion » du secteur de la nouvelle directive européenne sur le travail détaché. Quelque 200 conducteurs ont ainsi manifesté sur l’autoroute A22, à la frontière franco-belge. La frontière italienne était également touchée durant la matinée avec un blocage au tunnel du Fréjus par une cinquantaine de manifestants. Cette journée s’inscrivait dans le cadre d’une semaine de mobilisation initiée par la Fédération européenne des travailleurs des transports (ETF). « Nous demandons à l’Europe de prendre les mesures pour combattre ce dumping social et pour faire en sorte qu’il y ait une concurrence loyale », a indiqué Roberto Parrillo, président de la section transport routier de la Fédération européenne des travailleurs des transports. « Nous estimons l’exclusion du transport scandaleuse, s’est indigné Patrick Blaise, secrétaire général de la CFDT-Transports. Cette décision intervient alors que le secteur traverse de grandes difficultés de recrutement. Nous sommes remplacés par des conducteurs de l’Est. Nous ne pouvons pas accepter que les temps de conduite et tous les acquis sociaux soient ainsi remis en cause ».
Pour obtenir un compromis au sein de l’UE, la France avait ainsi accepté, le 23 octobre, d’exclure temporairement le transport routier de la directive révisée sur le travail détaché, le temps de trouver un accord via le Paquet Mobilité actuellement en discussion. « Au 1er janvier, la Bulgarie prend la présidence de l’Union européenne puis les élections européennes se tiendront, précise Patrice Clos, secrétaire général de FO Transports. Le temps que le Parlement en place se penche sur le sujet et que l’ensemble des 27 pays se mette d’accord sur divers points – le détachement ne constituant pas le seul débat – le Paquet Mobilité ne verra pas le jour avant 7 à 10 ans. » En attendant, la directive de 1996 continue de s’appliquer pour le transport. Les routiers détachés continueront ainsi de percevoir au moins le salaire minimum local, mais pas l’ensemble des éléments de rémunération, comme les primes de repas ou les frais d’hébergement, ce que va permettre la nouvelle directive pour les autres secteurs.