Les services en ligne suscitent l’adhésion des transporteurs

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Proposés par des bourses de fret ou des plateformes d’intermédiation, les services en ligne suscitent l’adhésion des transporteurs… qui gardent l’œil rivé sur leur marge.

À l’instar de Michael Crouzet qui, avec son frère Yannick, a créé A2CM à Montans (81), les transporteurs français sont des utilisateurs intensifs de bourses de fret en quête de fret et de productivité. « Nous avons quatre chauffeurs, trois semi-remorques et un camion-toupie et nous opérons sur toute la France », indique le dirigeant qui, dès la création de l’entreprise en 2015, s’est abonné à B2PWeb. Sur son smartphone ou son PC, il recherche des lots complets ou partiels afin de ne pas remonter à vide. « C’est rare qu’il n’y ait pas d’opportunité », reconnaît Michael Crouzet qui améliore ainsi sa marge. Pour gagner en efficacité, il recourt aussi à GedMouv, le service de traçabilité mutua­lisée interfaçable avec les outils de la profession de S2PWeb, une autre filiale de H2P. Michael Crouzet s’en sert pour recevoir et suivre les ordres de mission et partager avec ses clients des informations. C’est d’autant plus précieux qu’il ne dispose ni de logiciel de gestion de flotte ni de système informatique embarqué. Autre avantage, il contribue à dématérialiser la gestion de l’entreprise. « Cela fait moins de papiers à gérer », se félicite-t-il.

Autre fidèle utilisatrice de B2PWeb, SAT (Société ardéchoise de transports), opérateur de transport routier et logistique. Basée à Le Plouzin (Ardèche), cette PME familiale créée en 1962 compte 95 personnes dont 69 conducteurs pour 70 moteurs. « Nous réalisons 3 % de notre chiffre d’affaires avec B2PWeb », estime Jérôme Durand, président de l’entreprise. Outre son abonnement à la bourse de fret, ce dernier bénéficie des services de GedMouv avec lequel son TMS est interfacé et de GedTrans qui répond aux contraintes de formalités documentaires imposées aux affréteurs en stockant leurs attestations fiscales et sociales. « C’est un vrai gain de temps pour faire face à nos obligations », se félicite Jérôme Durand.

Vérifier à deux fois la solvabilité des clients

« Si GedTrans [gestion électronique de documents pour la conformité réglementaire de S2PWeb, Ndlr] indique qu’une entreprise est à jour de ses obligations fiscales et sociales, cela ne signifie pas pour autant qu’elle est solvable, en redressement judiciaire ou bien notée à la Banque de France, relève Yves Dieda, dirigeant de Dieda Solutions Transports. Créée en 2013 près de Strasbourg (67), cette TPE de trois salariés opère comme commissionnaire de transport. « Nous disposons d’une flotte d’une quinzaine de véhicule dédiés et suivis par GPS », indique le dirigeant. Utilisateur de trois bourses de fret, à savoir Timocom, B2PWeb et Teleroute, ce dernier vérifie systématiquement la solvabilité des entreprises avec lesquelles il s’apprête à travailler avec le service CreditSafe. Lequel opère une base de données portant sur plus de 100 pays. Cette base de données est d’ailleurs utilisée en interne par B2PWeb lorsqu’elle enregistre un nouveau client.

En matière de sécurité, Yves Dieda estime d’ailleurs que B2PWeb fait partie, avec Timocom, des bourses les plus sûres. En revanche, cette dernière est la plus chère des trois puisqu’il lui en coûte plusieurs centaines d’euros par mois contre quelques dizaines d’euros pour les deux autres. Teleroute étant plus chère que B2PWeb. BP2PWeb assure le meilleur service avec des chargés de compte qui viennent même visiter la PME, contrairement à Teleroute ou Timocom. « En revanche, ceux de Timocom sont réactifs lorsqu’on leur écrit », constate Yves Dieda qui, malgré tout, conserve son abonnement à Teleroute à quelques dizaines d’euros par mois. Principale raison : on y trouve des lots qu’on ne voit nulle part.

Prix du kilomètre à la baisse

A contrario, Yves Dieda regrette qu’un même lot puisse apparaître sur différentes bourses à des tarifs différents. Car certains transporteurs prennent des marchés et les replacent sur d’autres bourses à des prix moins élevés pour se faire de la marge ! De quoi alimenter le ressentiment des transporteurs, qui voient dans les bourses et les plateformes électroniques un facteur de baisse des prix. « Or le dumping affecte la qualité des prestations », dénonce le dirigeant de DST, qui constate aussi qu’en dépit de l’augmentation du prix du gazole et des péages, les prix pratiqués sur les bourses sont à la baisse. « Par exemple, sur Timocom, les prix du kilomètre sont inférieurs à ceux négociés dans le circuit habituel », ajoute Yves Dieda. Comme bon nombre de ses confrères, il craint que les plateformes d’intermédiation n’enfoncent le clou. En effet, de plus en plus de transporteurs s’en accommodent. À titre d’exemple, Everoad référence 4 000 transporteurs, dont 1 000 travaillent régulièrement. Et négocie auprès de grands chargeurs comme Procter&Gamble des axes réguliers qu’il confie ensuite à ses partenaires transporteurs, dont TBR Transports, inscrit depuis janvier dernier. Ce tractionnaire effectue des lignes régulières entre la région ouest et le reste de la France. La majorité d’entre elles concernent des allers simples. « Je cherche donc des retours vers Nantes et le Grand Ouest », indique Christophe Bodin, responsable d’exploitation. Basée à Carquefou (44), cette PME compte 65 personnes dont 57 conducteurs pour 52 moteurs. Outre Everoad, celle-ci est abonnée à B2PWeb, Teleroute et Timocom.

Ne plus chercher de fret

« Avec les bourses de fret, il faut identifier les flux et la disponibilité des chargements alors qu’avec la plateforme Everoad, les flux et le matériel requis par rapport au chargement sont déterminés à l’avance », explique le transporteur. « Il existe un suivi pour chaque transport. Fini, les aléas opérationnels », fait valoir Christophe Bodin qui estime avoir, grâce à Everoad, diminué de 50 % du temps consacré autrefois à la recherche de fret. « Autre avantage, nous négocions ensemble des tarifs déterminés sur des axes réguliers, ce qui nous apporte de la souplesse de trésorerie et un traitement simplifié de la facturation », témoigne le transporteur. Aujourd’hui, son activité d’affrètement représente 10 à 11 % de son chiffre d’affaires, dont 5 à 6 % proviennent d’Everoad. Bien sûr, passer par cette plateforme a un coût. Sur 1 000 euros négociés 950 euros reviennent au transporteur. « Notre marge oscille entre 4 et 5 %, mais ce taux varie selon les lignes », explique Amin Ait Aldjet, Business Developper chez Everoad. Du côté de TBR Transports, c’est là que se trouve la limite de l’exercice, sachant que sa marge oscille entre 1 et 1,5 %.

Pour autant, l’intermédiation ne rogne pas systématiquement la marge. Tel est l’avis d’Anthony Tinjic, responsable affrètement chez Lockman, une société de transport basée à Roissy, dont les clients sont principalement des transitaires aériens. Pour trouver des affrètements pour ses 20 véhicules et 20 conducteurs, l’entreprise s’est inscrite fin 2018 sur Chronotruck, qui lui trouve rapidement des affrètements. « Le mois dernier, j’en avais quatre à cinq par jour », rapporte Anthony Tinjic. « Cet afflux a représenté 30 à 40 % de mon activité », estime ce dernier, qui l’utilise moins aujour­d’hui afin de se consacrer à ses clients habituels. Ce qui ne l’empêche pas de louer la convivialité de la plateforme. La prise en main lui a pris que deux à trois jours. « Par rapport à une bourse de fret, la recherche est plus intuitive car je peux créer des onglets afin de trouver des courses au départ ou à l’arrivée des villes qui m’intéressent. Cela évite d’être pollué par des informations qui ne m’intéressent pas », indique le responsable affrètement. Autre bonne surprise, le fonctionnement de la plateforme s’est révélé plus souple qu’attendu.

Souplesse de négociation

« Si les dates et les tarifs ne me conviennent pas, il est possible de négocier avec mon chargé d’affaires », rapporte l’affréteur. En effet, les tarifs ne correspondent pas toujours au prix du marché. Parmi les causes, le fonction­nement de l’algorithme, qui ne prend pas en compte tous les paramètres pour calculer le bon tarif. C’est notamment le cas lors­que l’affrètement nécessite d’u­ti­liser non pas une camionnette mais un semi-remorque. Antho­ny Tinjic n’hésite alors pas à téléphoner à son chargé d’affaire. « Dans sept cas sur dix, mes propositions sont acceptées », s’exclame ce dernier qui continue à diversifier ses sources d’affrètement sur d’autres plateformes.

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