Les routiers italiens prêts à en découdre

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Irrités par l’absence de l’Europe qui refuse d’intervenir pour harmoniser les systèmes et lutter contre le dumping et le cabotage irrégulier, abasourdis par le silence du ministère des Transports italiens qui refuse de les entendre, les routiers songent à déterrer l’arme de la grève générale.

Contrôles, salaire minimum, déduction forfaitaire, conditions de travail. Depuis plusieurs mois, ces dossiers empoisonnent les relations entre les transporteurs et le ministère des Infrastructures et Transports. A la fin de l’hiver dernier, la rencontre entre la délégation représentant les principales associations de secteur et les experts du ministère, avait d’ailleurs débouché sur un ultimatum. « Si nos revendications restent lettre morte, nous éteindrons les moteurs de nos camions le temps qu’il faudra » avaient synthétisé les représentants des transporteurs en colère.

L’Italie n’est pas prête pour le salaire minimum

Depuis, le printemps puis l’été sont passés et les transporteurs n’ont pas encore bloqué le pays. Mais la bombe n’est pas pour autant désamorcée. Car, si le ministère a lâché du lest sur la question des déductions forfaitaires, en revanche, c’est toujours le flou artistique sur les autres dossiers chauds. « Nous avons obtenu l’équivalent de 51 000 € pour l’année fiscale 2016 » confie Amedeo Genedani, président de Unatras et Confartigianato Trasporti, la principale association de secteur. Au chapitre du cabotage irrégulier, le nombre d’amendes infligées aux transporteurs étrangers a augmenté depuis le début de l’année. Mais « ce n’est pas parce que la police ou le gouvernement ont finalement décidé d’augmenter les contrôles, car nous le réclamions, mais à cause du terrorisme, les poids lourds étant utilisés pour organiser des attentats », déplore Amedeo Genedani. Sur la question du salaire minimum, c’est le grand froid coté ministère. « L’idée a du mal à passer en Italie, il faudrait que l’Europe bouge, donne des indications pour harmoniser les systèmes dans les États membres. Ce qui permettrait aussi de protéger les pays confrontés à la concurrence déloyale comme l’Italie par exemple », observe Sergio Soffiati, secrétaire national de Confartigianato Trasporti.

« Le fer est devenu un choix idéologique »

Les transporteurs italiens reprochent aussi à Bruxelles son silence sur des dossiers chauds comme l’interdiction du repos en cabine(1) « qui doit devenir obligatoire dans tous nos pays », souligne Amedeo Genedani. Et aussi, l’alignement des coûts pour sortir de l’impasse créée par la « concurrence déloyale des pays de l’Est, qui ont des dépenses nettement inférieures, et le dumping », estime Sergio Soffiati. Autre problème : la concurrence renforcée par les inégalités entre le fer et le transport routier menacé de disparition. « C’est désormais une question idéologique, le fer est devenu la solution. Quelle erreur, car si l’Italie a besoin du fer pour relier certains points géographiquement éloignés, cela ne veut pas dire qu’il faut tuer le routier mais au contraire s’engager dans la voie de la synergie », assène Amedo Genedani. Avant de lancer un appel à la grève, les transporteurs ont décidé d’attendre la présentation de la loi de stabilité pour 2018. « Le gouvernement pourrait entendre une partie de nos revendications, notamment sur les demandes de financements pour un secteur en crise et les inscrire dans la loi de stabilité. Nous verrons en novembre », déclare le patron d’Unatras.

Un secteur éclaté

Selon Amedeo Genedani, « le secteur doit être plus agressif, moins fragmenté ». Moins fragmenté cela signifie moins d’associations pour renforcer le pouvoir de négociation des représentations des routiers italiens. « Avec autant de monde, trouver un accord sur les dossiers est une mission quasi impossible », déplore Amedeo Genedani. Au moins une quinzaine d’associations défendent – ou pour le moins essayent – les intérêts des transporteurs italiens. A commencer par ANITA, l’association nationale des entreprises de transports automobiles et CNA FITA, la Confédération nationale de l’Artisanat et des PME. Ou encore, CONFARTIGIANATO Trasporti CONFTRASPORTO et Fai, la fédération des transporteurs italiens, Unatras, l’union des transporteurs italiens. Enfin, ASSOTIR et Federlogistica.

A. F. D

(1) Mesure maintenant prévue dans le Paquet Mobilité

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