Testés lors des Jeux Olympiques de Paris, les outils numériques de logistique urbaine vont être mis à profit pour tenter de gommer les frictions des logisticiens en ville. Une table ronde organisée le 5 décembre dernier lors de la rencontre nationale Interlud+, a permis à Jean-André Lasserre, directeur du Programme InTerLUD+ chez Logistic Low Carbon, de dresser un bilan des outils déployés durant l’événement planétaire tout en précisant leur future utilité . Malgré un développement rapide « en seulement trois mois », ces solutions – sous la bannière Joptimiz- ont permis de relever plusieurs défis majeurs. Elles ont notamment facilité la circulation dans des zones urbaines sous contraintes grâce à un calcul d’itinéraire (Itinériz) basé sur des données centralisées issues de la base nationale DiaLog (disponible depuis le 1er mars 2023), qui recense les arrêtés de circulation des poids lourds. Itinériz intègre à présent les points d’intérêt définis par chaque entreprise et peut exporter les itinéraires dans les TMS.
Des outils essentiels
Lors des JO, l’outil Cirqliz a permis de simplifier les contrôles grâce à un système de QR codes, qui peut être désormais réutilisé pour gérer les zones de contraintes (ZTL, événement sportifs…). Par ailleurs, la question de l’optimisation des aires de livraison a été abordée, avec des outils permettant d’anticiper leur disponibilité en temps réel (Numériz). Des fonctionnalités de planification ont été mises en place, offrant aux entreprises une meilleure visibilité pour articuler leurs opérations de livraison avec les contraintes locales. Jean-André Lasserre a insisté sur la nécessité de pérenniser ces outils : « ils deviendront une feuille de route pour les années à venir, notamment dans le cadre de leur déploiement sous une forme unifiée dans 10 à 15 territoires », en partenariat avec le programme national Digilog. Ce dernier vise à accélérer la collecte et la numérisation des données liées aux arrêtés de circulation et aux aires de livraison, contribuant ainsi à une meilleure harmonisation des pratiques locales. En parallèle, Jean-André Lasserre indique le lancement du dispositif Roulé O vert (rouler-o-vert,green), un site permettant aux entreprises de rechercher et de centraliser toutes les aides disponibles pour l’acquisition de véhicules verts (de l’aides nationale à l’aide communale si elle existe) en comparant les financements disponibles pour l’acquisition, le remplacement ou le rétrofit de véhicules. A terme, le site servira de guichet unique pour accueillir les demandes et les transmettre aux collectivités.
L'essentiel partage des données
Pour Alexis Gibergues, président de l’OTRE, ces technologies peuvent devenir un levier pour renforcer la compétitivité et la souveraineté économique des PME du transport, à condition qu’elles soient co-construites avec les utilisateurs finaux. « Ces entreprises, souvent en mode survie face à des marges réduites et des coûts croissants, doivent pouvoir intégrer les nouveaux outils numériques sans subir de charges supplémentaires », plaide-t-il. Ces innovations reposent en effet sur un principe fondamental : la collaboration entre acteurs publics et privés et le portage de données gratuites par un tiers de confiance, « garantissant ainsi que les données ne sont pas détournées à des fins commerciales », insiste Jean-André Lasserre. Un point sur lequel Christian Rose, directeur Transport et Logistique à la CGF (Confédération des Grossistes de France), compte rester vigilant, notamment quant à la gouvernance de ces plateformes. « Les collectivités ont besoin de mieux comprendre les flux pour anticiper et organiser la logistique de demain. Mais les entreprises, elles, doivent pouvoir partager leurs données en toute confiance car la data reste un enjeu déterminant, notamment en termes de concurrence. Il est essentiel de trouver un équilibre entre partage et protection ».