Les nouvelles plateformes en ligne de mire

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L’OTRE Île-de-France a organisé son assemblée générale le 6 mars. La fédération régionale a abordé, au cours de plusieurs tables rondes, les problématiques qui affectent le secteur, et plus particulièrement la capitale.

Transition énergétique, ubérisation et difficultés de recrutement. Trois sujets incontournables dans le secteur ont dominé l’assemblée générale de l’OTRE Île-de-France organisée, le 6 avril, dans le nouveau centre de formation de Promotrans à Gonesse. Les nouvelles énergies ont fait l’objet d’une première table ronde. Véhicules électriques ou au gaz, les projets d’investissement se multiplient en Île-de-France où la date clé de 2024 pour le 0 diesel est dans tous les esprits. Le distributeur de carburant Total s’engage ainsi dans l’électricité en lançant des bornes de recharge dans ses stations services. « Cet objectif devrait prendre quelques années, concède Fabrice Pochet, chargé de projet de déploiement des nouvelles énergies à Total. Mais les véhicules disposeront de recharges dans notre réseau dans un rayon de 80 km ». Total se lance également dans le GNV avec l’implantation de 110 stations prévue d’ici 2023. Bien que le coût de l’investissement s’avère conséquent, il devient de plus en plus rapidement rentable, parfois dès le premier kilomètre pour un poids lourd roulant au gaz, soutient Jean-Charles Collin à GrDF : « D’une part, les aides à l’achat proposées par la région permettent de baisser le coût. D’autre part, le carburant coûte 30 % moins cher que le diesel. » L’OTRE Île-de-France rappelle toutefois que l’objectif 0 diesel en 2024 semble irréaliste. « À nous de dialoguer avec la mairie », souligne Laurent Galle, dirigeant du groupe Noblet et président de l’OTRE Île-de-France qui regroupe 300 adhérents au sein de la région. Le transporteur, qui a été l’un des pionniers dans l’investissement de véhicules roulant au GNV, revient également sur la menace du retour de l’Écotaxe. « L’écotaxe revient vite et très fort, sous divers noms, comme la taxe de transit mais c’est bien une Écotaxe, » prévient-il. Les difficultés de recrutement ont été abordées au cours d’une seconde table ronde. Quelques pistes ont été évoquées comme un nouveau processus de recrutement effectué par Pôle Emploi, les possibilités de financement de formation ou encore l’utilisation de l’intérim comme tremplin pour l’emploi.

Ubérisation

Une autre table ronde reposait sur la question des nouveaux modèles de transport qui affectent les transporteurs. Entre le transport participatif, le développement des plateformes d’intermédiation ou encore la progression de l’ubérisation dans le secteur, la transformation du secteur semble inéluctable. Grégoire Leclercq, fondateur de l’observatoire de l’ubérisation et de la fédération des autoentrepreneurs, indique ainsi que la société fait face à trois révolutions : numérisation, consommation (usage d’un produit préféré à son achat, comme le modèle de Blablacar) et indépendance (l’autoentrepreneur plutôt que le salarié). L’une des facettes de ces nouvelles technologies, le crowdshipping, qui consiste à se faire livrer par des particuliers, se développe de plus en plus, à l’image de LivingPackets. Cette plateforme s’appuie sur les flux des voyageurs à travers la France et le monde pour proposer de transporter des bagages. « Avec ce mode de transport, certains services entrent dans le cadre réglementaire, d’autres sont simplement illégaux mais beaucoup restent aussi dans une zone grise », indique Jérôme Libeskind, expert en logistique urbaine à Logicités. Des supermarchés français se disent ainsi intéressés par un nouveau modèle de transport créé par le numéro un américain de la distribution, Walmart. Lequel propose aux clients qui passent commande par internet de se faire livrer par un voisin qui se déplace au supermarché. Outre la concurrence créée par ces nouveaux modèles envers les transporteurs traditionnels, les intervenants à la table ronde pointent du doigt les conditions de travail que font apparaître ces acteurs nouveaux. « L’enjeu est de mettre en place une réelle politique de prévention, souligne Bernard Gaisset, ancien directeur général de l’ACMS et conseiller du président sur les questions de santé au travail. Il ne faut pas se détacher de ces technologies mais il faut que les transporteurs les utilisent. » Car des solutions apparaissent ou sont créées par les transporteurs, indique Jérôme Libekind. Une coopérative de transporteurs a ainsi créé applicolis.com, une plateforme dédiée à la mise en relation des transporteurs et des commerçants. Ces nouvelles tendances peuvent aussi créer des opportunités pour les transporteurs. Le distributeur Leclerc, qui a lancé son opération « Leclerc chez moi » a ainsi choisi des livreurs professionnels. Côté réglementation, de plus en plus de contraintes sont posées à ces nouveaux entrants : « Une proposition devrait être déposée devant le parlement en avril, indique Grégoire Leclercq. Les plateformes doivent également désormais payer des cotisations. Il faut toujours un temps d’adaptation entre la politique et l’économie. »

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