« Les entreprises savent bien ce qu’elles ont déboursé pour acheter leurs palettes en bois mais rares sont celles qui en connaissent les coûts cachés », remarque Nicolas Salah, président et fondateur de la société IPcube. Créée à Saint-Étienne en 2014, cette start-up spécialisée dans les emballages innove avec une machine à fabriquer, à la demande, des palettes en carton ondulé montées sur des plots. À la différence de leurs homologues en bois, leur surface lisse ne risque pas d’abîmer les emballages fragiles. Par ailleurs, alors que la palette en bois pèse de 15 à 20 kg, la Palcube (du nom du produit) ne pèse qu’entre 3 et 5 kg.
Cette particularité limite les risques de troubles musculo-squelettiques (TMS) et les arrêts maladie qui y sont associés. « Sans compter les économies sur la consommation de gazole du camion réalisées lors de son transport », fait valoir le dirigeant, qui a déposé deux brevets mondiaux pour protéger sa machine. Occupant 30 m2 au maximum de surface au sol, cette installation produit 700 plots à l’heure. Chacun peut supporter 600 kg. « Mieux encore, nos palettes en carton résistent à l’humidité. Du coup, elles sont utilisées pour transporter des produits dans des conteneurs maritimes », indique le dirigeant de l’entreprise qui, par ailleurs, est à la tête d’une société d’ingénierie spécialisée dans le packaging. « C’est en partant des besoins des utilisateurs que j’ai eu l’idée de concevoir des palettes en carton », indique Nicolas Salah, qui a consacré quatre années ans en recherche et développement pour mettre au point cette machine.
Aujourd’hui, IPcube emploie quatre personnes à l’ingénierie de la production. Avec sa machine, IPcube vise les distributeurs, les industriels et les transporteurs-logisticiens mais aussi les entreprises ayant des besoins importants en palettes et qui travaillent en juste-à-temps, comme les gros sites de e-commerce. Une fois arrivées à destination, les palettes n’ont nul besoin d’être rapportées, car elles seront récupérées par des professionnels de la filière carton pour être recyclées. Autant d’arguments qui intéressent les entreprises. « Des études sont en cours et nous avons signé un gros contrat avec le laboratoire pharmaceutique AstraZeneca », indique Nicolas Salah, qui décline l’usage de sa machine dans la fabrication in situ de palettes en polypropylène alvéolaire. Encore une première en matière d’emballage !
Conciliant gain de place et légèreté, les palettes en plastique sont aussi appelées à gagner du terrain. L’entreprise Smart-Flow veut y croire. Spécialisée dans le développement, la fabrication et la commercialisation de palettes plastiques, l’entreprise s’est retrouvée sous les projecteurs à l’occasion de l’événement des Rois de la Supply Chain 2019, le 17 janvier. Un de ses clients, la chaîne de magasins de jouets Picwic, a fait partie des nominés pour avoir utilisé ses caisses-palettes en plastique Tripbox. Légères et empilables, celles-ci lui ont permis d’optimiser le remplissage des remorques, qui est passé de 30 % à 70 %. Ce qui a généré une réduction des coûts de transport et de son empreinte carbone. Autre avantage de ces caisses-palettes, elles optimisent les espaces en back-office et améliorent la présentation des produits lors du réapprovisionnement des rayons. Par ailleurs, Picwic a pu réduire de 50 % la production de déchets entre le carton et le film plastique, soit une économie de 80 % sur son budget annuel.
Cette année, Smart-Flow a voulu se démarquer de ses concurrents en présentant son dernier modèle, la palette en plastique SF800 H de 800 mm x 1 200 mm. Emboîtable, elle a été conçue pour maximiser les flux. Selon son fabricant, elle multiplie par dix les rotations grâce à sa structure renforcée étudiée pour offrir une grande ergonomie et éviter les risques de chute des bacs, caisses et autres contenants. La palette est en effet dotée de rebords antichute et de neuf plots pour assurer sa stabilité au sol. En outre, un marquage peut être réalisé dans la masse, et des emplacements ont été prévus pour un marquage avec étiquettes code-barres ou RFID.
En matière de traçabilité, les fabricants de palettes bois ont aussi une carte à jouer. L’association Epal, qui regroupe les fabricants et les réparateurs de palettes Europe, s’y consacre. Elle teste avec des industriels une nouvelle génération de palettes en bois intégrant une puce intelligente. Grâce à ce composant, on pourra tracer la palette, consulter son historique pour vérifier par exemple si la chaîne du froid a bien été respectée. On pourra également la géolocaliser en temps réel. Mais pour que cette palette de nouvelle génération arrive sur le marché, des discussions tarifaires sont en cours. « L’enjeu est que le surcoût soit absorbé par le marché », indique Jean-Philippe Gaussorgues, président d’Epal France, qui espère voir arriver cette palette d’ici à la fin 2020.
Face à toutes ces innovations, la palette bois n’a pas dit son dernier mot. La Fédération nationale du bois, sa commission nationale de la palette bois (Sypal) et France Bois Forêt, lancent une étude sur l’optimisation des clous utilisés dans l’assemblage des palettes bois. En effet, la résistance d’une palette dépend autant de la qualité du bois que des éléments d’assemblage utilisés.
À commencer par les clous et le cloutage. « Aucune étude sur ce sujet n’a été conduite récemment », rappelle Jean-Philippe Gaussorgues, président du Sypal. Une analyse va donc être menée sur l’identification des fabricants de clous, les caractéristiques techniques et économiques de leurs produits pour la palette bois. Enfin, il s’agit aussi de cerner, au plus juste, les contraintes normatives et réglementaires, européennes et mondiales, qui régissent l’emploi des clous pour palettes bois.