Les cartes multiservices maintiennent leur progression

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Pour répondre aux besoins de leurs abonnés en quête de prix et de maillage, les opérateurs de cartes densifient leur réseau et étendent leurs services tout en aidant les gestionnaires à verrouiller l’usage des cartes pour éviter la fraude.

Avec la hausse continue du prix du carburant, le marché des cartes multiservices poursuit sa progression sous l’égide des acteurs historiques de ce marché que sont AS24, DKV, Shell et UTA. Concurrence oblige, ces opérateurs multiplient les partenariats afin de séduire les transporteurs à la recherche de prix mais aussi d’un réseau de stations-service étoffé, sachant que les transporteurs rechignent à effectuer de longs détours pour faire un plein. Un besoin bien compris par UTA qui met en avant la taille de son réseau de stations essence. « Nous avons le premier réseau français avec près 3 700 stations dont 1 750 opérées par des distributeurs low cost comme Auchan, Carrefour, Cora ou Leclerc. Sans compter notre réseau à l’étranger », fait valoir Christian Wittmer, directeur d’UTA France, filiale du groupe éponyme, qui compte 700 personnes en Europe dont une quinzaine dans l’Hexagone. Depuis trois ans, cet acteur connaît une croissance à deux chiffres sur le marché des cartes carburant qui progresse pour sa part de 3 à 4 % par an, selon UTA. Cette filiale du groupe Edenred a pour cœur de cible les PME de moins de 50 collaborateurs. « À la différence des grands groupes qui recherchent avant tout des prix, ces entreprises sont demandeuses de services personnalisés », explique le directeur d’UTA France, qui organise régulièrement des workshops avec ses clients afin de connaître leurs attentes et couvrir davantage de besoins en matière de mobilité.

Comme ses concurrents, UTA dispose aussi d’outils et d’un service, basé en Allemagne, pour prévenir et détecter les fraudes au carburant à l’aide d’un algorithme performant.

Détection de fraudes par un algorithme

La vigilance s’impose car les fraudes au carburant peuvent atteindre plusieurs milliers d’euros pour une même carte. Ces opérations sont très marginales sur les 800 000 transactions comptabilisées par an. « Mais nous réfléchissons à de nouvelles solutions qui sécuriseront encore davantage les moyens de paiement », indique Christian Wittmer. En plus de distribuer des cartes carburant, l’entreprise fournit des solutions de télépéage. Elle se targue d’avoir été une des premières entreprises à proposer dès avril 2018 le premier badge interopérable, qui fonctionne désormais dans huit pays : Allemagne, Autriche, Belgique, Espagne, Italie, Pologne et Portugal. D’autres pays seront ouverts dans les prochains mois et activés à distance. UTA n’est pas le seul fournisseur de cartes à délivrer des télébadges. Total AS 24 propose deux boîtiers dont le Passango Europe pour circuler en Autriche, Belgique, Espagne, France et Portugal. « Nous ouvrirons prochainement l’Allemagne, à l’issue de la période de test en cours », fait savoir Stéphane Poignonnec, directeur commercial Ouest d’AS 24. L’entreprise, qui a fêté ses 30 ans en 2018, compte aujourd’hui 260 collaborateurs dont 100 en France. En matière de cartes multiservices, elle a à son actif plus de 650 000 unités utilisables en France et possède plus de 15 000 stations partenaires en Europe. Soucieux d’étoffer son propre réseau, l’opérateur a prévu d’atteindre en 2020 les 1 000 stations-service AS 24 en Europe contre 900 aujourd’hui (dont 250 en France). Une dizaine d’entre elles délivrent en plus du gaz. Pour se rendre dans une station, les conducteurs peuvent télécharger l’application Driver afin d’en connaître l’adresse et vérifier que les produits y sont disponibles sachant qu’en cas de rupture de stock, la station envoie automatiquement l’information au serveur de Driver.

Idem lorsqu’elle est fermée ou en travaux. De quoi éviter au chauffeur des déconvenues. Quant aux gestionnaires, ils disposent d’un outil, Fleet Manager, qui aide à suivre les dépenses de carburant et de péage et répertorie le Top 10 des stations les plus utilisées. Ils peuvent suivre les encours mais aussi paramétrer les cartes et les alertes. À l’instar de ses concurrents, Total AS 24 veille à la sécurité des transactions. Si un conducteur prend deux pleins de suite dans un certain laps de temps, le gestionnaire de l’entreprise recevra une alerte. Idem si la distance entre deux stations n’est pas suffisamment élevée pour justifier un nouveau plein. « Le nombre d’alertes est en diminution car le gestionnaire dispose de suffisamment d’options pour limiter les prises de carburant en interdisant par exemple des achats le week-end lorsque le conducteur n’est pas censé être dans son camion », rapporte le représentant d’AS 24.

DKV joue le facilitateur de mobilité

Les possibilités de verrouillage de la carte carburant sont également multiples avec l’outil de gestion de DKV, un des plus anciens acteurs du marché qui affiche quatre-vingts ans d’existence. Le groupe, dont le siège est en Allemagne, compte 800 collaborateurs dans le monde dont 70 en France. En matière de cartes de carburant, il affiche en Europe un des plus gros réseaux avec plusieurs dizaines de milliers de stations dont quelque 3 100 en France. Parmi elles, plus de 1 200 appartiennent à des distributeurs qui pratiquent les prix les plus bas du marché comme E.Leclerc ou Cora. « Du côté des pétroliers, nous sommes partenaires avec Agip, Avia, BP, Shell, Dyneff, Esso, Esso Express et une partie du réseau Total », rapporte Anne Sophie Joussemet, responsable commerciale régionale Ouest chez DKV Euro Service France, qui se pose comme un facilitateur de mobilité. Le transporteur routier peut d’ailleurs acheter du gaz chez Avia, Primagaz mais aussi chez Naturgy et V-Gaz/Proviridis et bénéficier, comme avec le gazole, de remises tarifaires. Sa carte permet de faire de l’assistance dépannage en France et en Europe sur autoroutes et sur n’importe quelle autre voie du réseau routier. Il est aussi possible d’acheter des pneumatiques ou d’obtenir des services de maintenance ou de réparation rapide chez Eurogom, Feu Vert, Point S et Speedy. Soit un réseau étoffé de quelque 1 200 garages en France. De quoi intéresser les gestionnaires de flotte qui disposent d’une meilleure visibilité sur les réparations effectuées grâce à une facture unique. En plus de sa carte multiservices, DKV propose une solution de télébadge interopérable dans de nombreux pays européens. « Notre box est déjà utilisable en Autriche, Belgique, Espagne, France et au Portugal. Et elle le sera en Italie début 2020 », annonce la responsable commerciale de DKV.

Remboursement automatique des douanes espagnoles

Contrairement à ses concurrents, la Compagnie de l’Arc atlantique (C2A) fournit uniquement des cartes de paiement. « Nous avons distribué 10 000 cartes auprès de transporteurs français, espagnols, italiens, roumains, polonais et slovaques », indique Gilles d’Huiteau, président de C2A. Créée en 2010 à Bidart (Pyrénées-Atlantiques), l’entreprise compte 17 salariés. Sa carte de paiement a pour particularité d’être acceptée en France dans 1 200 stations essence, en Europe dans 2 300 stations et dans tout le réseau Mastercard. « Nous avons notamment des accords en France avec Leclerc, Esso, Esso Express, Eni, Rompetrol Dyneff, et en Espagne avec Repsol », explique Gilles d’Huiteau. Lorsque les clients utilisent la carte C2A, ils peuvent bénéficier de remises jusqu’à 15 centimes par litre et de remboursement de taxe sur le gazole dans tous les pays qui l’autorisent. « En Espagne, où nous sommes agréés auprès de la douane, le remboursement est automatique et notre carte de paiement est la seule à proposer cette option. » Le gestionnaire de l’entreprise peut filtrer les achats en fonction du type de produit ou de la date. Avec cette carte, il est aussi possible de payer des amendes dès lors que l’entreprise l’autorise. Par ailleurs, les conducteurs peuvent l’utiliser pour payer des chambres d’hôtel. « Ces usages sont appelés à se développer dans l’Union européenne, car le paquet Mobilité va interdire aux entreprises de transport routier de laisser les conducteurs dormir dans leur camion », soulève Gilles d’Huiteau, qui a noué un partenariat avec une plateforme hôtelière proposant quelque 210 000 hôtels dans le monde. En cas de fraude, les dépenses concernées font l’objet d’un remboursement par l’assurance de la carte qui est incluse dans le prix de la carte.

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