Disposer d’une personne formée, être en lien avec des professionnels qui connaissent le métier et apportent des conseils sur le profil d’un salarié, l’intérim apparaît ainsi comme un outil sûr qui répond à la flexibilité du marché. Mais surtout, il peut aboutir, à terme, à un recrutement. Le recours à l’intérim permet non seulement de pallier le manque de main-d’œuvre mais également de trouver et tester de nouveaux conducteurs avant de les embaucher. Ainsi, entre la reprise économique et le manque de conducteurs, Didier Lachaud, dirigeant de Lachaud Transport (24), doit désormais s’assurer de disposer d’un chauffeur avant d’accepter un nouveau marché. L’intérim lui permet de résorber une partie de ses postes vacants : « Nous nous servons avant tout de l’intérim pour tenter de dénicher nos conducteurs. Si tout se passe bien lors d’une mission, nous les embauchons rapidement ». Les Transports Malvaux (08) sont parvenus à combler la pénurie en confiant d’autres activités aux conducteurs et en faisant appel aux contrats de travail temporaire. « Nous n’y avions jamais eu recours auparavant, indique Anaïs Malvaux, responsable administration et finance. L’intérim s’avérait trop onéreux ». Lié historiquement à la conjoncture, le recours à l’intérim, en hausse depuis 2011, ne faiblit pas. L’utilisation de ce type de contrat a ainsi augmenté de 15 %, en équivalent temps plein, en 2016, selon l’Observatoire prospectif des métiers et des qualifications dans les transports et la logistique. La tendance semble se poursuivre et la pénurie de salariés rencontrée par les transporteurs se répercute désormais sur l’intérim. Affecté également par la pénurie de conducteurs, Damien Panel, dirigeant de Frigo Est (57), s’est retrouvé avec des plannings très compliqués à gérer aux mois de juillet et août. Aucun intérimaire n’était alors disponible, obligeant le chef d’entreprise à demander à son personnel roulant des heures supplémentaires.
Avec 105 agences, plus de 3 000 conducteurs en équivalent temps plein représentant entre 6 000 et 7 000 conducteurs tous les mois, répartis sur toute la France. RAS Intérim, réseau spécialisé dans le transport et la logistique, subit cette tendance croissante. Alors que l’agence de travail temporaire se heurtait à un manque de conducteurs à partir du mois de mai jusqu’en 2016, le phénomène se produit désormais dès le mois de mars. Pour répondre à la forte hausse de la demande, RAS Intérim s’est lancée dans un vaste programme de formation. « Nous avons formé 300 personnes il y a 3 ans, 800 l’année dernière, et nous plaçons notre objectif à 1 000 formations cette année », indique Vincent Girma, président de RAS Intérim. Considérant la formation comme un élément clé du succès de demain, il s’investit en tant que président de l’Agefos Auvergne-Rhône-Alpes et trésorier de l’Agefos nationale. Il est ainsi parvenu à mettre en place toute une ingénierie de financement et d’accompagnement pour que le programme fonctionne. Outre les FCO et Caces suivis par les intérimaires, l’agence s’attache à investir pour ajouter de nouveaux candidats dans le monde du transport. « Cette initiative passe par une campagne très forte à destination des candidats, via l’affichage ou encore par un film qui explique le métier, poursuit Vincent Girma. Nous sensibilisons aussi nos intérimaires positionnés sur des missions logistiques liées à des transporteurs en leur proposant de devenir conducteur lorsqu’ils ont fait leurs preuves. C’est ainsi une valorisation pour eux et un moyen de les fidéliser. Il faut leur donner envie d’entrer dans ce métier ». Cette politique de formation a convaincu des clients de l’agence qui ont souhaité mener leur propre programme de formation en partenariat avec elle. Les Transports Perrenot ont ainsi pu former 300 conducteurs en 2017.