Le cabinet de conseil suisse Infras, mandaté par l’association allemande pro-rail Allianz pro Schiene, était chargé de comparer les externalités négatives – ensemble des conséquences négatives de la mobilité dont le coût n’est pas pris en charge par les acteurs des transports – des différentes formes de transport de marchandises. Sans surprise, la route accuse un bilan sécuritaire et environnemental plus désavantageux que le rail ou les transports fluviaux. L’intérêt de l’étude est qu’elle permet de quantifier ces externalités négatives. Selon les calculs d’Infras, celles liées au transport de marchandises par route représentent 4,46 centimes par tonne au kilomètre, contre 2,19 centimes pour les voies fluviales, et 2,04 centimes pour le rail.
Plusieurs bases de données ont alimenté le travail des chercheurs, dont celles de l’Office fédéral de l’environnement et de la Commission européenne. Ces données fournissent de précieuses informations sur les coûts externes liés aux transports telles que le bruit, les dommages écologiques, les conséquences climatiques ou les accidents. Les principaux coûts liés aux transports routiers sont d’ordre climatique. Suivent ceux liés aux processus de vieillissement des véhicules ou des routes, ou à la production de carburants.
Le bilan des transports fluviaux est plus dommageable en termes d’émissions polluantes. Mais, cet effet est largement compensé par la quasi-absence de destruction du milieu environnemental naturel.
Quant au rail, son bilan est mauvais en termes de nuisances sonores. Il faut toutefois préciser qu’il n’existe pas d’informations disponibles à ce sujet pour les voies fluviales, alors que de nombreuses plaintes de riverains le long du Rhin tendent à montrer que les nuisances sonores liées aux transports fluviaux ne sont pas négligeables. Un point qui est toutefois largement compensé par le très faible coût climatique du rail, surtout lorsque le courant utilisé n’est pas d’origine fossile.
Selon l’étude, les camions génèrent 21,2 Md€ par an d’externalités négatives en Allemagne (auxquels il faut ajouter 7,5 Md€ d’euros pour les camionnettes de livraison en ville), contre 2,6 Md€ pour le rail (dont un dixième est lié aux locomotives à moteur diesel). Ces externalités négatives varient de 1,1 à 1,2 Md€ pour les voies fluviales.
Le transport de marchandises est ainsi, au total, responsable de 32,5 Md€ d’externalités négatives, par an, en République fédérale. La somme peut sembler colossale ; elle est pourtant marginale en comparaison des externalités négatives liées au transport de passagers, qui s’élèvent à 116,5 Md€, soit près de 80 % du total. « Voitures, camions, motos, véhicules de livraison et avions sont responsables à 96 % du coût climatique des transports en Allemagne. Le volume seul n’est pas en cause. Le coût au kilomètre doit aussi être pris en considération », souligne Allianz pro Schiene, qui demande au gouvernement de faire davantage pour le développement du rail en Allemagne.