Aides électroniques embarquées à bord du camion et formations aidant, les conducteurs de poids lourd ont beaucoup moins d’accidents sur la route que par le passé. Entre 2000 et 2016, leur accidentologie s’est ainsi réduite de 56 % et de 15 % entre 2010 et 2016. Parmi les facteurs d’amélioration, l’arrivée dans les camions du freinage électronique assisté, du régulateur de conduite ou encore de la climatisation qui améliore le confort de conduite. « De fait, les conducteurs sont moins fatigués et donc plus vigilants », observe Anne-Sophie Valladeau, experte en transport-logistique et risques routiers à l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS).
Par ailleurs, tous les conducteurs de véhicules de plus de 3,5 t doivent suivre une formation initiale minimale obligatoire (Fimo) depuis 2009. Laquelle porte, entre autres, sur la sécurité routière et la santé au travail. Tous les cinq ans, il leur faut également suivre une Formation continue obligatoire (FCO) pour parfaire leur pratique en matière de sécurité et de réglementation professionnelle. Des rappels loin d’être superflus. Car, en 2016, sur les 3 655 personnes tuées sur les routes françaises, l’Observatoire national interministériel de la sécurité routière (ONISR) a dénombré 55 usagers de poids lourds dont un quart ne portaient pas leur ceinture de sécurité !
Si les accidents routiers ont diminué, le TRM a de gros progrès à accomplir pour améliorer la santé de ses salariés. La Caisse nationale de l’assurance maladie des travailleurs salariés (Cnam-TS) recense 26 422 accidents du travail pour 327 072 salariés en 2015 dans le TRM qui, tous secteurs confondus, présente des indices les plus élevés de fréquence et de gravité des accidents. Soit respectivement 80.8 et de 38.9. « 9 accidents sur 10 ont lieu lorsque le véhicule est à l’arrêt », rapporte Anne-Sophie Valladeau. En majorité, les opérations de chargement et de déchargement sont à l’origine des accidents du travail et des maladies professionnelles car les conducteurs sont contraints de s’arrêter plus souvent qu’autrefois. Or, du fait de la pression des clients et des délais à tenir, ces professionnels perdent en vigilance. Plus de la moitié des accidents est due aux chutes de hauteur lorsque les chauffeurs descendent (ou montent) dans la cabine ou la remorque. Autre cause : les glissades quand ils circulent à pied sur des zones encombrées au sol.
Pour autant, ces situations pourraient être évitées. Dans son guide de prévention des risques dédié au TRM, l’INRS recommande notamment aux employeurs de réfléchir à l’organisation du travail de leurs salariés pour les aider à anticiper les risques. Il leur suggère aussi d’établir avec leurs clients un protocole de sécurité de sorte à sécuriser les opérations de manutention en coactivité. Pour réduire les chutes de hauteur, il conseille, par exemple, lors des opérations d’attelage, le recours à des béquilles motorisées et à un bras suiveur pour le branchement depuis le sol des flexibles. Concernant la prévention des lombalgies, le guide préconise des transpalettes électriques et des portes arrière à rideaux électriques. Ce type d’équipements peut bénéficier d’aides financières de la part des Caisses d’assurance retraite et de la santé au travail (Carsat).
Ces investissements sont d’autant plus utiles que les entreprises ont jusqu’ici davantage investi dans le matériel de conduite que dans l’aide à la manutention. Or les sommes consacrées à l’indemnisation des victimes représentent plus de 5 % de la masse salariale (chiffres 2012). Pour les aider dans leur démarche de prévention, les entreprises de transport routier ont à leur libre disposition Oira (Outil interactif d’évaluation des risques). À savoir un logiciel accessible en ligne (venant en complément du guide de l’INRS) qui aide à évaluer les risques professionnels et à réaliser le document unique. « Avec Oira, les entreprises vont plus facilement définir leur plan d’action de prévention », précise Anne-Sophie Valladeau. Des actions qui peuvent aussi concerner les livreurs en véhicules urbains légers, considérés aujourd’hui comme les parents pauvres du TRM en terme d’équipement et de formation.