Malgré la victoire du Mouvement 5étoiles (M5s), devenu le premier parti politique italien avec un score de 32 %, et le succès du centre-droit (37 %), grâce à la percée du parti populiste et xénophobe de la Ligue du Nord, les prévisions des sondages n’ont pas été déjouées. L’absence de majorité dans les deux chambres a crée une impasse que le chef de l’État, le démocrate chrétien Sergio Mattarella va devoir régler pour doter l’Italie d’un nouveau gouvernement. Cette opération ne sera pas facile. Car, paradoxalement, si les deux grands gagnants de cette tournée ont de nombreux points en commun au chapitre des revendications souverainistes et populistes, sur d’autres en revanche, la situation est différente.
Particulièrement attentif à la question de la sauvegarde de l’environnement, le M5spropose de renforcer le fer en Italie, ce que souhaitait faire et avait déjà en partie programmé, le ministre des Infrastructures et des Transports Graziano Delrio. « 80 % du volume de marchandises est transporté en Italie via le réseau routier. Une situation intenable d’autant que le transport routier a également un impact important sur la consommation énergétique », constate Luigi Di Maio. L’idée du M5s est donc de relancer le fer sur lequel transitent en l’état actuel, 5 à 6 % des marchandises. Cette solution permettrait en rebond, selon les propositions du mouvement, de relancer le développement écologiste durable. Pour modifier en profondeur les modalités de transport, le M5S propose d’en finir avec les réductions du coût de la fiscalité pour les entreprises de transport et de mettre aussi un point final aux aides. En parallèle, un plan de remise en ordre total du fer en Italie serait lancé. Seul problème : le mouvement ne dit pas où il trouvera les fonds pour financer une aussi vaste opération et comment il règlera les conflits avec les entreprises de transport qui n’ont pas l’intention de renoncer à leurs avantages fiscaux. Par ailleurs, cette politique déclencherait automatiquement une nouvelle crise de l’emploi dans un secteur déjà frappé de plein fouet par la crise.
La Ligue du Nord, pour sa part, veut elle aussi relancer le fer mais sans retoquer les politiques d’intervention au niveau de l’aide aux entreprises de transporteurs. L’idée est aussi de remettre en ordre le réseau routier en terminant la construction des grands axes importants, notamment dans le nord du pays comme le passage de Trieste (Valico de Trieste) et le couloir Palerme-Berlin qui devrait rompre l’isolement de la Sicile et du sud du pays. « Notre objectif est de relier la péninsule d’un bout à l’autre et de faciliter les échanges avec l’Europe en remodelant la face des infrastructures italiennes », affirme Matteo Salvini. Le parti estime ce vaste plan de remise en ordre à l’échelle nationale à 22 Md€. Une enveloppe qui devrait être dégagée sur cinq ans. Toutefois, comme le M5s, ce parti ne spécifie pas la provenance de ce fond alors que les comptes de la Péninsule ne sont pas en pleine forme.
Erratum : Dans notre article sur le cabotage, paru dans le n. 2915, page 10, il fallait lire « Pour la FNTR, la période de cabotage devrait être réduite à trois jours avec une seule opération ».