Selon les estimations de Rome et Vienne, le nombre de camions estimés en temps normal à quelque 2,2 millions par an, aurait augmenté de 58 000 unités durant le premier bimestre 2018. Cette comparaison tient compte du volume de poids lourds sur la période janvier-février 2017. Le programme autrichien prévoit le maintien de cette restriction pendant les dix premiers jours du mois de mai. Seulement 300 poids lourds pourront transiter, soit un camion toutes les douze secondes. « Après cette période d’essai, on verra », auraient déclaré les autorités autrichiennes.
Reste que cette directive transitoire risque d’avoir des répercussions catastrophiques sur la circulation. Et en rebond sur l’économie, en raison du ralentissement des poids lourds qui transportent environ 47 Mt de marchandises acheminées à travers l’autoroute du Brenner. Ce qui représente un tiers du volume total de marchandises estimé à 160 Mt acheminées en Italie. Une situation inacceptable pour l’Italie et la Bavière, également concernée par ce changement, qui ont saisi Bruxelles. Officiellement, l’Union européenne soutient les plaignants, le commissaire aux Transports Violeta Bulc ayant déclaré que la décision autrichienne est incompatible avec les normes communautaires. Mais en coulisses, le plan de restriction séduit, puisqu’il s’insère dans l’idée commune de la sauvegarde de l’environnement. L’idée des Autrichiens est en fait de favoriser le passage sur le rail, insuffisamment utilisé en l’état actuel. Cette solution permettrait d’anticiper 2027, lorsque le trafic routier devrait diminuer avec l’ouverture du nouveau tunnel ferroviaire qui facilitera la traversée des Alpes en vingt-cinq minutes à peine à 200 km/h.
Si Rome et les syndicats de transporteurs protestent, une partie de l’Italie soutient l’Autriche. La province de Bolzano veut en effet s’insérer dans le sillon de Vienne en interdisant la circulation des poids lourds non conformes aux dispositifs sur la pollution acoustique, c’est-à-dire obsolètes, rendre la vignette européenne obligatoire et introduire une taxe sur la pollution.