Même si « cette action s’inscrit dans le cadre d’une campagne mondiale contre XPO Logistics » la charge anti-XPO des deux centrales syndicales vaut surtout pour les États-Unis. Il est question « d’accusation de harcèlement sexuel, de conditions de travail dangereuses, de discriminations salariales entre hommes et femmes ». Une rencontre regroupant des militants syndicaux et des « travailleurs européens et américains » s’est tenue récemment à Paris. Les interventions présentées comme des témoignages par les organisateurs semblent totalement surréalistes tellement ce type de situation paraît improbable en France. Ainsi ce témoignage d’une salariée (Élizabeth Howlet) qui serait employée d’un entrepôt XPO de Memphis : « La direction oblige les travailleuses à enlever leur soutien-gorge au contrôle de sécurité, et l’entrepôt est infesté de serpents, rats, lézards et insectes. Il n’y a pas d’infirmerie ni de défibrillateur […]. Une collègue est décédée sur place et nous avons dû travailler à côté de son corps sans vie »… Quid de la France ? Sans commune mesure, bien entendu serait-on tenté d’écrire tant les déclarations de l’employée américaine paraissent invraisemblables ! Les deux syndicats épinglent XPO Logistics Europe, dont le siège est implanté à Lyon, pour la longueur des délais qui seraient pris par la DRH à régler les heures supplémentaires et pour des disparités salariales (-14 % de l’heure selon l’ITF et l’ETF) ainsi que des inégalités de traitement en matière de formation entre hommes et femmes. Au siège du groupe français, on se déclare à des années lumière de ce type d’environnement social tel qu’il est décrit aux États-Unis, comme le souligne un porte-parole joint par l’Officiel des Transporteurs : « Notre culture est basée sur la sécurité et le respect. La description des conditions de travail sur nos sites ne correspond aucunement à la réalité. Nous n’avons absolument aucune tolérance pour toute forme de harcèlement, et toute réclamation portée à notre attention est examinée rapidement. »
Au chapitre dialogue social, Pascal Goument parle de « différence en fonction de l’histoire des entités et du rapport de forces ». Le délégué central CFTC chez XPO Logistics France y voit même des points de progrès depuis le rachat de « Norbert » par les Américains : « Je travaille pour le compte de XPO Vrac France. Le dialogue social y est meilleur que sous la direction Dentressangle. On a même signé un accord sur les salaires, l’an dernier, qui est satisfaisant ». Pascal Goument note, toutefois, « une mutation par rapport au groupe Norbert Dentressangle pour la division transport : on observe une diminution du nombre des petites structures, une baisse des effectifs aussi bien conducteurs que sédentaires (des cadres en particulier) et une augmentation du recours à la sous-traitance ».
