À la fin d’une journée rythmée par les différents ateliers proposés par Fraikin – sur les énergies alternatives et comment les choisir, sur la sécurité routière, le froid, ou encore sur les métiers de la construction – Pierre-Louis Colin a tenu a remercier les personnes présentes et s’est exprimé sur les évolutions stratégiques du groupe. Lors de ce moment d’échange, il a insisté sur les bons résultats économiques du groupe, qui connaît une troisième année de croissance consécutive et des résultats d’exploitation satisfaisants, avec un portefeuille de contrats en croissance moyenne de 4 % par an (entre 1 600 et 1 800 contrats supplémentaires par an). Revendiquant un très bon début d’année, le président espère doubler son rythme de croissance en 2018. Une perspective encourageante qui reflète l’amélioration des économies européennes de tous les secteurs d’activité. Par ailleurs, la dette d’acquisition contractée en 2003 et 2007 – suite à deux LBO (leveraged buyout ou « achat à effet de lévier ») consécutifs par la holding FTI à la tête du groupe –, est en passe d’être résorbée. En effet, les détenteurs de la dette ont accepté de la convertir en capital pour l’essentiel, et de devenir les nouveaux actionnaires du groupe. Le processus a duré environ une année, pendant laquelle la dette du groupe est passée de 730 millions à 265 millions d’euros. Fraikin continue également d’ouvrir des agences sur de nouvelles zones géographiques. Après des ouvertures dans cinq pays ces trois dernières années, le groupe annonce un lancement imminent à Dubaï, dans un pays où son activité se porte « extrêmement bien ». Ce regain de santé économique permet au loueur de diriger son regard vers une croissance externe, à laquelle il se refusait depuis 2005, du fait d’une dette trop importante. Si le président admet n’avoir aucune cible précise en tête, il laisse toutefois la porte ouverte aux acteurs qui souhaiteraient une intégration, et n’exclut pas les projets d’acquisition.
Le discours de Pierre-Louis Colin s’est ensuite orienté vers les nombreuses nouveautés dévoilées lors de l’événement : changement de gouvernance, changement d’actionnariat (plus d’informations le 24 avril lors de la première réunion), changement de stratégie (le nouveau plan de développement est en cours d’étude et sera validé mi-juillet), changement de charte graphique, et nouveau positionnement de la marque, que le président articule autour de quatre valeurs : fiabilité, responsabilité, expertise et audace. Pourquoi audace ? « L’idée est de sortir de notre zone de confort. Entrer sur de nouveaux marchés et proposer des offres audacieuses. Par exemple, au lieu d’appliquer notre modèle d’un loyer fixe par mois (logique, nous prenons le risque d’investissement sur le camion et l’amortissons, qu’il roule ou non), nous proposons, dans des cas d’utilisation spécifiques – comme pour les entreprises rencontrant des problématiques de publication de comptes aux normes IFRS, qui entre en vigueur au 1er janvier 2019 – un contrat 100 % variable, en fonction de l’utilisation qu’en fait le client. » L’offre, qui peut se baser sur le kilométrage ou sur d’autres critères, est audacieuse en ceci que Fraikin n’est pas assuré de la facture qu’il va encaisser chaque mois. Donc, l’entreprise prend un risque. C’est également, affirme Pierre-Louis Colin, un contrat totalement flexible, duquel les clients peuvent sortir sans indemnité. Cette prise de risque de la part du loueur se répercuterait sur le prix du contrat. Autre pari : Fraikin investit dans les agences pour que les travées soient compatibles avec les véhicules au gaz, et forme ses techniciens à la technologie du gaz. Une manière pour le groupe de montrer qu’il croit au développement de celle-ci, et une autre façon pour ce « nouveau Fraikin », de se montrer audacieux.
Enfin, sur le plan du numérique, Fraikin fait également peau neuve, et annonce son ambition de déployer sa propre plateforme afin de centraliser et interpréter la data pour le compte de ses clients. Si le software en est encore au stade embryonnaire (l’appel d’offres lancé en décembre 2017 est en cours et devrait aboutir dans l’année), le loueur a déjà bien défini sa stratégie, qui est de proposer KPI, objectifs et plans d’action aux différents acteurs en fonction de leur corps de métier (BTP, Translog, grande distribution, etc.). Dans l’opérationnel, les utilisateurs auront accès à un tableau de bord présentant les indicateurs clés, à la géolocalisation de leur flotte et à pléthore d’indicateurs sur celle-ci, tels que la distance parcourue, les anomalies, le taux d’utilisation, etc. La plateforme disposera également de modules sur l’éco-conduite ou encore la gestion des pneumatiques.