« Le gaz, une solution intermédiaire vers l’électrique »

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EcoAct veut accompagner les acteurs économiques dans leur transition vers les changements climatiques. Cette organisation, cofondée et présidée par Thierry Fornas, possède des bureaux sur les cinq continents. Elle opère dans trois domaines : conseil stratégique, analyse de données, conception et pilotage de projets sur le terrain dans les pays en voie de développement et dans les pays du Nord.
L’Officiel des Transporteurs : Votre mission première consisterait donc à accompagner les acteurs de la vie économique dans la réduction de leur empreinte carbone ?

THIERRY FORNAS : Exactement. Réduire l’empreinte carbone et l’empreinte climat au sens large, dans le sens où nous intégrons également les transferts de pollution. Nous élargissons ce spectre à tout ce qui touche aux aspects sociaux, sociétaux et environnementaux.

Vous intervenez auprès d’acteurs de la logistique et du transport, déjà sensibilisés par les fédérations professionnelles et l’Ademe à la réduction de leur empreinte carbone. Que pouvez-vous apporter de plus ?

Th. F. : Les déplacements de personnes et de marchandises représentent d’énormes proportions d’émissions de gaz à effet de serre. 95 % de ces émissions proviennent du transport routier. En matière d’impact sur les changements climatiques, on a identifié trois pistes de solutions : la solution électrique au travers de la promotion du déploiement des véhicules fonctionnant sur la base de cette énergie, réfléchir et réinventer les mobilités, et aborder les enjeux au travers du transport international. Nous accompagnons nos clients sur ces trois volets.

Quid de la mobilité électrique ?

Th. F. : On sait que, si l’on examine son bilan carbone, un véhicule électrique va émettre 9 t d’équivalent CO2 par an contre 22 t d’équivalent CO2 par an pour un véhicule thermique. Il y a ainsi un véritable enjeu autour du passage au véhicule électrique, sachant que la France est, en Europe, le premier pays en termes de ventes de véhicules électriques (30 000 en rythme annuel). Nicolas Hulot, le ministre de la Transition écologique, a fait part de sa volonté d’interdire les véhicules thermiques d’ici à 2040. À l’échelle européenne, d’autres pays ont effectué ce genre d’annonces. Les premières annonces de suppression des véhicules thermiques ont provoqué un certain scepticisme mais il y a eu, depuis lors, un effet boule de neige. On le voit au niveau des États, des constructeurs et des villes avec cette montée en puissance des interdictions et une anticipation du passage au tout électrique.

Vous avez accompagné DPDgroup (Groupe La Poste) sur une expérience de conversion. Pouvez-vous développer ?

Th. F. : La flotte électrique (25 000 véhicules) de La Poste est la plus importante dans le monde. Ils sont dans une démarche de mesure et de compensation. Nous avons développé une méthodologie destinée à un programme de compensation sur le territoire français. Nous les avons accompagnés dans la mesure et la réduction des gaz à effet de serre. On a commencé à travailler dès 2012 sur le déploiement des véhicules électriques destinés à la collecte et la distribution du courrier et des colis. Nous avons mis en place une formation pour l’évolution du comportement des acteurs.

Nous avons mis l’accent sur l’optimisation du plan de transport, le choix des véhicules. DPDgroup s’est fixé de réduire de 10 % ses émissions de CO2 d’ici à 2020, objectif atteint dès 2016.

Dans votre « profession de foi » , vous parlez de bénéfices économiques et de compétitivité…

Th. F. : La réduction des gaz à effet de serre se traduit mathématiquement par une réduction des consommations d’énergies fossiles. La réduction de l’empreinte carbone d’un projet, d’un service ou d’un produit va permettre de dégager des économies tangibles au niveau des dépenses des énergies fossiles. Le taux de remplissage des camions est un élément essentiel dans l’optimisation des plans de transport et la réduction du nombre de véhicules, qui débouchera sur des économies tangibles en matière de carburant. L’évolution vers l’électrique pour tendre vers les problématiques de changement climatique doit s’accompagner d’une prise de conscience de la nécessité de mettre sur pied une filière de recyclage des batteries pour le long terme.

Vous parlez beaucoup d’électricité. Mais la filière camions a, elle, pris le virage du gaz en matière de transition écologique…

Th. F. : Le gaz constitue, selon moi, une solution intermédiaire. Cette solution est moins émissive et doit être promue pour limiter l’impact du transport et de la logistique sur le changement climatique.

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