« Le e-commerce et la pénurie de conducteurs au cœur des enjeux »

Article réservé aux abonnés

GLS nourrit de grandes ambitions dans la zone France, Italie et Autriche. Le groupe multiplie les investissements en misant notamment sur le franchising et la croissance externe. Un projet pilote à Paris avec livraison de colis en soirée et à vélo est en cours. Tour d’horizon avec Klaus Schädle, le « boss » pour la France, l’Italie et l’Autriche.
L’Officiel des Transporteurs : Comment se conjuguent stratégie globale et ambition de GLS en Europe ?

Klaus Schädle : L’objectif du Groupe GLS est d’être le numéro un de la logistique européenne des colis en termes de qualité. Nous nous attachons à proposer à nos clients des services pratiques, fiables et rapides, et d’un bon rapport qualité/prix. Cette stratégie nous a permis de nous développer, depuis des années, dans un cadre sain et stable à l’échelle européenne. Nous pouvons ainsi proposer à nos collaborateurs des emplois attractifs et sûrs. Pour poursuivre dans cette voie à l’avenir, nous misons notamment sur l’innovation et le développement durable.

Comment le groupe se positionne-t-il par rapport à ses principaux concurrents ?

K. S. : Nous proposons des services de transport de colis B2B d’un haut niveau de qualité et procédons parallèlement à l’extension de nos services premium B2C. Pour ce faire, nous mettons l’accent sur les besoins de nos clients. Cela inclut, par exemple, des services sur mesure, un solide réseau international et des réponses innovantes à de nouveaux défis. Notre FlexDeliveryService en constitue une belle illustration. Il permet aux destinataires d’organiser la livraison selon leurs souhaits, en leur offrant un choix de cinq options de livraison. Par ailleurs, nous lançons actuellement un projet pilote à Paris, dans le cadre duquel nous proposons aux destinataires un service de livraison des colis à vélo en soirée. Ce projet nous positionne également comme un prestataire de services de transport de colis innovant, orienté service et qui s’inscrit dans la durabilité.

Quels marchés reste-t-il à investir ?

K. S. : Le groupe GLS procède à des acquisitions là où cela s’avère judicieux. Par exemple en Italie avec l’achat de sites de franchise, et en Espagne, où nous avons racheté les prestataires de transport de colis express ASM et Redyser Transporte. L’Europe de l’Est constitue également une région où nous continuons à enregistrer une forte croissance. À l’échelle du groupe, le e-commerce axé sur les livraisons B2C est un marché que nous surveillons en permanence afin de mettre à profit les opportunités de croissance.

Vous êtes personnellement responsable des marchés français, italien et autrichien. Quelle est l’ADN de GLS sur ces marchés-là ?

K. S. : Cela fait à présent près d’un an que je travaille pour GLS France, et il m’apparaît clairement que nos atouts résident notamment dans notre agilité. Nos collaborateurs sont très motivés et ouverts à l’innovation et à l’optimisation, ce à quoi contribue assurément le « Parcours de développement des potentiels », notre programme interne de formation continue. Nos collaborateurs ont, par exemple, créé une application qui a été primée, et que nous perfectionnons actuellement en y intégrant un système de navigation. Elle sera baptisée « GLSROUTE » et facilitera le travail au quotidien de nos partenaires de transport et de leurs chauffeurs-livreurs. Cette application leur permet de joindre directement les destinataires et de les informer de la livraison par SMS, s’assurant ainsi de leur présence chez eux lors de leur passage. Elle s’est vu décerner, l’an dernier, le trophée E-Commerce dans la catégorie « Innovation logistique ». Nous avons mis en circulation, dans la foulée, des vélos électriques à Strasbourg pour nos livraisons durant la période de Noël, une expérience qui se poursuit à ce jour. Et comme mentionné précédemment, nous lançons un projet pilote très intéressant à Paris, que nous déploierons progressivement dans d’autres villes.

Comment vous positionnez-vous sur le marché français ? En pure player de la messagerie-express ?

K. S. : Nous avons pour ambition d’être le numéro un du secteur en termes de qualité, et misons sur une large gamme de services répondant à tous les besoins de nos clients. C’est pourquoi nous nous attachons à perfectionner en permanence nos produits et services afin de couvrir les besoins du marché. Nos nouveaux produits et services sont conçus pour offrir une livraison plus personnalisée des colis, mieux placée sous le signe de la durabilité et répondant toujours aux souhaits des clients.

Quels sont, selon vous, les principaux enjeux sur le marché français ?

K. S. : Notre secteur est actuellement confronté à deux défis majeurs : le e-commerce et la pénurie de chauffeurs. La réponse apportée à ces deux challenges aura un grand impact sur la concurrence. C’est pourquoi nous nous soucions de différentes manières de nos collaborateurs et de nos partenaires de transport, ainsi que de leurs chauffeurs-livreurs. Nous travaillons en permanence à faire évoluer nos collaborateurs et nos solutions pour le e-commerce. Notre FlexDeliveryService permet, par exemple, aux destinataires de choisir entre cinq options de livraison et connaît un grand succès auprès des expéditeurs et des destinataires. Nous avons investi en mars dernier près de 2 millions d’euros dans une agence plus spacieuse à Metz. Et à Angers, le regroupement d’un hub et d’une agence nous a permis de disposer d’un site plus grand et doté de capacités accrues. Nous investissons en permanence dans l’optimisation des processus opérationnels au sein de nos agences et dans notre IT. Dans ces domaines également, nos investissements ont totalisé récemment près de 2 millions d’euros.

Quelle est la part de la sous-traitance dans votre flotte ? Avez-vous conclu des partenariats particuliers avec vos sous-traitants ?

K. S. : Nous travaillons exclusivement avec des sous-traitants, aussi bien pour la livraison et l’enlèvement que pour les liaisons principales. Des partenariats de confiance nous lient à ces entreprises de transport, souvent depuis de très nombreuses années. Nous mettons l’accent notamment sur un traitement équitable et une juste rémunération, et nous nous efforçons de fournir un soutien dans le cadre des plans de croissance ou des questions de recrutement. Cela inclut le développement d’outils spéciaux, tels que GLSROUTE, qui sont de nature à faciliter le travail des partenaires de transport et de leurs collaborateurs.

Où en êtes-vous de votre engagement en matière de développement durable ?

K. S. : Cela fait onze ans que le Groupe GLS a lancé son initiative de développement durable ThinkGreen, avec une conception globale du développement durable. Cela signifie que nous prenons en compte à la fois les aspects écologiques, sociaux et économiques. Nous entendons, dans toute la mesure du possible, assumer notre responsabilité sociale. Au cours du dernier exercice, le Groupe GLS a investi près de 100 millions d’euros dans de nombreuses actions destinées à assurer une croissance durable. À ce jour, nous avons déjà rédigé trois rapports de développement durable très détaillés à l’échelle du groupe afin d’analyser nos activités dans ces domaines et de mettre en évidence de nouveaux potentiels d’optimisation. Dès 2009 et 2010, nous avons construit des agences « vertes » à Brest et sur la Côte d’Azur. Elles comportent de nombreux éléments écologiques, dont des panneaux photovoltaïques sur le toit, des systèmes d’utilisation de l’eau de pluie et le recours à des matériaux naturels lors de la construction.

En novembre 2018, nous avons commencé à utiliser des vélos électriques pour la livraison de nos colis dans le centre de Strasbourg. Forts de cette expérience positive, nous lançons le projet à Paris. Actuellement, nous examinons d’autres possibilités de recours à des véhicules de livraison équipés d’entraînements de substitution.

Avez-vous prévu d’autres actions ?

K. S. : Nous avons mis en œuvre de nombreuses initiatives durables sur nos nouveaux sites de Metz et d’Angers, avec l’utilisation d’électricité verte et le tri et le recyclage systématiques des déchets. Ces actions sont menées à l’échelle nationale. À Metz, les collaborateurs ont encouragé la mise en place de ruches, de sorte que nous allons bientôt pouvoir y récolter du miel GLS. GLS Italy a été la première filiale GLS à utiliser des triporteurs dès 2013. Que ce soit avec des véhicules de livraison électriques ou des scooters électriques ou à rollers, nous testons en Italie de nombreuses options pour le dernier kilomètre. De plus, 18 de nos camions longue distance fonctionnent déjà au GNL (gaz naturel liquéfié). Notre objectif est de porter cette flotte à 40 véhicules d’ici à la fin 2019. Les véhicules équipés d’entraînements de substitution représentent déjà 10 % de l’ensemble de notre flotte, ce qui reçoit un accueil favorable auprès des expéditeurs et des destinataires.

Quelle est votre approche, avec quels moyens, du e-commerce ?

K. S. : Nous proposons à nos clients des services spéciaux adaptés aux besoins et aux exigences du e-commerce, comme par exemple le FlexDeliveryService, le Shop DeliveryService et le ShopReturnService. Ils permettent de déposer et de récupérer les colis dans des points relais. Nous répondons ainsi aux exigences actuelles de nombreux acteurs du e-commerce. Et nous continuerons à investir à l’avenir dans des bâtiments, dans la technique de convoyage et en particulier dans l’IT, car la mise à disposition de données revêt une importance grandissante. Avec nos courts délais de livraison réguliers, nous estimons être très bien positionnés partout en Europe.

Quelles sont les positions de GLS en Italie ?

K. S. : Nous y avons mis en place un système de franchise avec des franchisés très expérimentés et connaissant parfaitement les besoins locaux de leurs clients et du marché. Par ailleurs, nous desservons nous-mêmes différentes régions d’Italie grâce à GLS Enterprise et investissons dans des acquisitions ciblées. Cette association y fonctionne très bien car en tant que franchiseur, GLS met clairement l’accent sur le leadership en termes de qualité et a mis en place une stratégie adaptée au marché. Cela a permis à GLS Italy de progresser même durant les années de ralentissement économique.

Et en Autriche ?

K. S. : À Kalsdorf, près de Graz, nous investissons actuellement 9 millions d’euros dans la construction d’une agence, accroissant ainsi considérablement nos capacités dans cette région.

Comment percevez-vous les conséquences à venir du Brexit sur vos flux France et autres ?

K. S. : Nous sommes très bien préparés à tous les développements potentiels en lien avec le Brexit. Nous acheminons et livrons chaque jour de nombreux colis en Suisse et dans d’autres pays tiers et disposons à ce titre d’une grande expérience des questions douanières. En tant que filiale de la Royal Mail, nous entretenons d’autre part des liens particulièrement étroits avec la Grande-Bretagne. Cependant, en fonction de l’évolution du trafic autour de Calais, nous pourrions être amenés à adapter certains processus. Les embouteillages pourraient en effet y entraîner des retards. Les clients aussi seraient alors significativement responsabilisés. Afin que nous puissions enregistrer les colis sans retard, il leur faudra nous transmettre dans les délais tous les documents remplis et signés requis par la douane.

GLS en chiffres

GLOBAL

• CA 2018 : 2,9 M€

• Effectif : 18 000 collaborateurs

• Réseau : 50 hubs centraux et plus de 1 000 agences, 41 pays européens et huit États américains desservis, ainsi que des régions du Canada.

FRANCE

• Réseau : 96 agences, 11 hubs, 4 800 points relais.

• Flotte : 3 000 véhicules.

Actualités

Interview

Boutique
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client abonnements@info6tm.com - 01.40.05.23.15