Présenter un véhicule au contrôle technique obligatoire, c’est l’exposer à l’établissement d’une liste de défaillances. On trouve parmi elles les observations sans obligation de contre-visite (O) désormais appelées « défaillances mineures », les défaillances majeures (S comme « sursis ») avec obligation de réparation et de contre-visite dans un délai de deux mois, ainsi que les défaillances critiques (R comme « réparation ») qui ne permettent de circuler que pendant une journée et imposent réparation et contre-visite dans un délai de deux mois. Il sera possible de présenter un véhicule ayant un cumul de défaillances majeures (S) et critiques (R) en deux fois. Ainsi, on remet d’abord le véhicule de R à S afin de pouvoir rouler pendant deux mois, puis on lève finalement les S résiduels.
Toute contre-visite (CV) relative à un contrôle technique (CT) réalisé avant le 21 mai devra également être réalisée avant cette date. À défaut, la nouvelle réglementation s’appliquera au véhicule qui devra se soumettre à un nouveau CT complet, au nouveau tarif, et avec toutes les conséquences des nouvelles exigences réglementaires. Gêner le CT expose à une interdiction de circuler. La frappe à froid, la prise OBD, les scellements ou le plombage du chronotachygraphe, mais aussi les coffres à batteries et les réservoirs de carburant doivent être librement accessibles sur le véhicule présenté.
La nouvelle réglementation comprend de multiples nouveautés et suscite quelques astuces. Par exemple, une protection du moteur entraîne un R si elle risque de tomber alors qu’elle ne provoque qu’un S si elle est absente. Il peut donc être préférable de l’enlever préventivement pour gagner deux mois. Il faut alors être sûr que son absence ne soit pas à l’origine d’un bruit excessif qui serait assorti d’un R !
Le contrôle de l’OBD (On Board Diagnostic) est étendu à tous les véhicules qui affichent un voyant OBD au tableau de bord à la mise en contact. Les seuils de contrôle de pollution diesel s’adaptent maintenant aux valeurs d’homologation déclarées par les constructeurs.
Au niveau du châssis, une fêlure, une déformation ou de la corrosion perforante sur un longeron, sur une traverse ou sur un plancher peuvent entraîner un R. Il en est de même pour un tuyau d’échappement présentant un risque de chute, une fuite de carburant avec risque d’incendie, un contact du réservoir avec un point chaud, mais aussi pour les défauts de fixation affectant la roue de secours, la transmission et le moteur. La notion d’absence d’extincteur est remise au goût du jour. Les extincteurs doivent donc impérativement être présents dans les cabines et sur les semi-remorques.
C’est également le festival des R en cabine et au niveau de la carrosserie. Un élément de carrosserie mal fixé ou formant saillie, l’entrée de fumée dans l’habitacle du véhicule, la fermeture défectueuse des portes, un plancher détérioré, une mauvaise fixation du siège du conducteur et même, un mauvais fonctionnement des réglages de ce siège entrainent tous un R.
Autour du pare-brise, le manque d’un rétroviseur vaut un R alors qu’une pompe de lave-glace en panne, des vitres teintées à plus de 70 % ou un mauvais maintien du pare-soleil en position repos se soldent par des S. Sur le pare-brise, plusieurs fissures de plus de 30 cm, plusieurs impacts de 30 à 50 mm ou un seul impact de plus de 50 mm, mais aussi un phénomène de bullage, sans oublier l’absence pure et simple de pare-brise valent tous un R.
Au niveau du freinage, une plaquette usée à l’extrême ou mal montée ou encore, un flexible usé sont considérés comme défaillances critiques. Parmi les nouveautés provoquant ces R, on remarque l’absence totale d’efficacité du freinage sur une roue. L’indépendance totale des circuits de freinage sera vérifiée sur les véhicules de plus de dix ans par gonflage et dégonflage successifs de chacune des deux bouteilles. Un déséquilibre du freinage supérieur ou égal à 50 % sur un essieu directeur n’est désormais plus admis.
La direction fait maintenant l’objet d’une attention particulière puisque tous les essieux devront se soumettre aux plaques à jeux, même les essieux non directeurs. Ainsi apparaîtront des jeux qui passaient jusqu’à présent inaperçus. Toute CV concernant la direction entraîne un nouveau contrôle de toute la fonction direction. En R, on remarque le jeu excessif au braquage, les fixations défaillantes du boîtier ou de la crémaillère, mais aussi une direction assistée inopérante et le blocage inopiné du Neiman. À propos des rotules, le « jeu important » devient « jeu excessif » et vaut un S qui se transforme en R en cas de risque de détachement et de perte de stabilité directionnelle.
Sur les jantes, l’absence de plus de la moitié des goujons, une fêlure, un défaut de soudure ou une déformation, autrefois sanctionnés par un S, le sont désormais par un R. Il en est de même pour les défauts relatifs aux pneus que sont les indices de charge ou de vitesse insuffisants, le contact entre un pneu et une partie fixe du véhicule, l’usure à la toile, une profondeur de sculpture inférieure à 1,6 mm, une différence de hauteur de 5 mm entre deux pneus d’un même essieu, mais aussi pour les pneus mal retaillés ou non conformes.
Pour les suspensions, la mauvaise fixation d’un ressort ou d’une barre stabilisatrice passe de S à R. L’absence d’une lame de ressort ou une lame très gravement dégradée entrainent un R. Il en est de même si les ressorts ou les stabilisateurs sont dangereusement défaillants.
Un feu en panne provoque un S. Dans ce domaine, seule l’absence complète de feux stop provoque un R. Le réglage excessivement haut de l’éclairage provoquait déjà un S. Il en est désormais de même pour un réglage trop bas.
Sur les véhicules électriques et hybrides, une mauvaise fixation des câbles ou des problèmes d’isolation se traduisent par des R en raison des risques d’incendie et d’électrocution. Le R est également prévu pour les défauts des durits de carburant des véhicules fonctionnant à l’hydrogène ou au méthane (GNC et GNL).
Cerise sur le gâteau, tout témoin affiché au tableau de bord (OBD, feux, témoin de freinage ABS, défaut d’airbag, etc.) entraîne désormais un S. Même sanction pour tous les problèmes d’ABR, d’ABS et d’ESP qu’il est donc impossible d’ignorer.
Et dans la réalité ? La concurrence est réelle entre les centres de contrôle technique. Aujourd’hui, il est très fréquent qu’à propos d’un défaut du véhicule, le contrôleur déclare à son chauffeur « je ne te le marque pas, mais il faut que tu changes ceci et que tu répares cela ». Dans bien des cas, le contrôleur craint de perdre son client s’il mentionne des défauts pénalisants sur le procès-verbal de contrôle technique. Il existe donc une certaine permissivité de fait pour les PL du TRM. À l’inverse, on constate parfois une volonté exagérée de provoquer des contre-visites payantes dans le cadre du contrôle technique des véhicules légers. Situations vécues.
Le texte de la directive 2014/45/UE est consultable à cette adresse : http://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/?uri=celex:32014L0045