Les oracles avaient vu juste : donnée pour moribonde en 2013, la Ligue est devenue le premier parti d’Italie et le premier parti souverainiste en Europe, avec un score de 34 % aux européennes. Quant au Mouvement 5 étoiles (M5S), là encore les prévisions étaient exactes, le mouvement antisystème a perdu la moitié de son capital électoral en passant de 32 % aux législatives de 2018 à 17 % dimanche dernier. Dans ce contexte, la donne politique a basculé et l’exécutif risque d’être phagocyté par Matteo Salvini, le patron de la Ligue qui s’apprête à lancer une OPA pour placer son allié gouvernemental, le M5S, en position minoritaire. La montée au créneau du grand manitou de la Ligue va commencer par un sommet gouvernemental durant lequel Matteo Salvini a l’intention de mettre sur la table plusieurs dossiers placés en attente avant les élections. À commencer par celui du Lyon-Turin que le M5S voudrait bien enterrer pour conserver l’amitié de son électorat écologiste, désormais plus utile que jamais. Mais cette ligne a peu de chance de passer compte tenu de la nouvelle conformation politique du pays.
« Nous avons remporté les européennes en Italie et les régionales dans le Piémont. Cela signifie que les électeurs qui soutiennent la construction du Lyon-Turin nous ont accordé leur confiance et demandent d’achever les travaux », s’est réjoui Matteo Salvini peu après la proclamation des résultats. Pour autant, même si le candidat du centre droit aux régionales n’avait pas battu le président sortant de centre gauche, Sergio Chiamparino, en effectuant un score de 49 % contre 40 %, la situation en ce qui concerne l’avenir de la LGV n’aurait pas changé. Car le centre-gauche a toujours soutenu ce chantier contre vents et marées. Le gouvernement devrait rapidement se réunir pour examiner les dossiers en suspens et approuver le dispositif appelé « déblocage des chantiers ». Une longue liste englobant plusieurs travaux importants bloqués par l’obstructionnisme du M5S, à commencer par le Lyon-Turin.