Fille de transporteur, Laurianne Raveau voulait, elle, devenir hôtesse de l’air. Après son bac, en 2010, elle passe donc le diplôme ad hoc. « Mais la crise a réduit les débouchés, raconte-t-elle. Alors j’ai été surveillante en lycée, animatrice dans un centre pour adolescents, j’ai repris un temps la fac… Jusqu’à ce que mon père me dise, sans trop y croire : “Passe ta capacité de transport et crée ta boîte !” » En juin 2015 naît ainsi dans l’Essonne L-Transport, avec 14 véhicules rachetés à l’entreprise paternelle, fermée. Depuis, elle a atteint 12 salariés.
La diplômée d’aviation s’avère loin d’être dans les nuages et se révèle dans la direction d’entreprise, à sa manière. Celle-ci repose avant tout sur un don pour les relations humaines. Tout sourire, et préférant les rencontres aux échanges virtuels, la jeune femme ne mâche cependant pas ses mots : « Les banques n’accordent pas de prêt à quelqu’un qui n’a rien. C’est débile ! » Elle s’appuie aussi sur une écoute attentive des expériences des autres – « de bons copains transporteurs » ou encore son garagiste, devenu un ami – et l’analyse des siennes. « En étant animatrice, j’ai appris que s’organiser permet de tout affronter. Quand tu arrives devant un groupe de jeunes et qu’il pleut, tu as intérêt à avoir prévu et structuré un plan B ! », ironise-t-elle.
Dans sa PME, où elle cumule les fonctions de RH, comptable, cheffe d’atelier, commerciale…, s’organiser est d’autant plus nécessaire. Elle a donc acquis un logiciel de gestion de flotte et met en place une application de communication avec ses conducteurs, ses fournisseurs et ses clients. « Mais je travaille aussi pas mal avec Excel, pour recenser et comparer les prix des pièces détachées, pour mon planning ou encore pour mon fichier clients, indique la jeune dirigeante. Diriger sans technologie serait comme faire une loi anti-tsunami. Mais pour que l’entreprise fonctionne, il ne faut jamais oublier qu’on a affaire à des gens. Ceux de mon âge n’ont pas cette culture. Certains trouvent même bizarre que je fasse partie du conseil de la FNTR Île-de-France ! »