Deux semaines après la présentation du plan climat du gouvernement allemand, le débat ne faiblit pas en Allemagne autour de la taxation du CO2. Le système présenté par le gouvernement – la répercussion de l’impact écologique du CO2 sur le prix des carburants à hauteur de 10 euros la tonne, soit quelques centimes par litre de diesel – figure au centre des débats. Insuffisante pour les uns, cette taxe ne serait pas assez incitative aux yeux des autres. La fédération des transporteurs allemands demande la mise en place d’un système plus complexe, récompensant entreprises et particuliers qui en font plus pour le climat, à l’image du modèle suisse. Le modèle suisse ne s’applique pas aux transports. Il concerne essentiellement le chauffage. Une taxe de 96 francs suisses par tonne de CO2 (25,44 centimes de francs par litre), prenant en compte les répercussions du carburant sur l’environnement, est appliquée à tous les carburants de chauffage d’origine fossile. L’essentiel de la taxe est redistribué aux plus méritants. Un tiers des sommes collectées est reversé dans un fonds pour la subvention de systèmes de chauffage moins polluants. Les deux tiers sont reversés aux particuliers et aux entreprises qui se chauffent de façon « propre ».
Cette année, les Suisses recevront en moyenne 77 francs par personne. La taxe au CO2 suisse a permis, de l’avis des autorités, de réduire sensiblement les émissions de CO2 liées au chauffage. « Il faut mettre sur pied des mesures incitatives qui encourageront particuliers et entreprises à adopter une mobilité neutre en termes de CO2, estime Ingo Wortmann, le président de VDV. Le modèle suisse est à nos yeux un moyen astucieux qu’on pourrait appliquer aux transports en Allemagne. » Un tiers des recettes pourrait alimenter un fonds destiné à financer l’innovation, et les transports en commun. « Le système devrait être introduit par étapes à l’ensemble de l’Europe, pour ne pas agir sur la compétitivité des entreprises », souligne Ingo Wortmann, qui attend d’un tel modèle un effet boule de neige : l’usage des voitures à moteur à combustion deviendrait moins attractif, la demande augmenterait pour les transports en commun, obligeant les autorités à réagir avec une offre plus adaptée.