La raréfaction des moyens roulants et celle des conducteurs n’épargnent pas les grands groupes. Jean-Pierre Sancier l’a admis bien volontiers au moment de la présentation des résultats du groupe frigorifique, au premier semestre 2017, aux analystes financiers et à la presse. Un phénomène qui ne se limite pas aux frontières de l’Hexagone, à en croire le directeur général de STEF : « Il existe de fortes tensions sur la sous-traitance. Il y a un risque en termes de perspectives. Nous avons passé un été difficile avec une raréfaction notable des parcs. Dans toute l’Europe, nous avons éprouvé des difficultés à trouver des véhicules afin de faire partir les flux. Il n’est pas facile de trouver du personnel de conduite ». Le dirigeant de STEF s’attend à ce que « les prix de la sous-traitance vont impacter nos résultats ». En même temps, un brin ironique, il estime que « un peu de pénurie n’a jamais fait de mal au marché ». Pour s’adapter à cette situation de pénurie de conducteurs, et pour se prémunir, le numéro 1 européen du transport frigorifique entend jouer sur deux leviers. Tout d’abord, rééquilibrer le rapport entre parc propre et sous-traitance. Pour l’heure, STEF annonce disposer de 2 000 cartes grises en France pendant que la part de la sous-traitance représente 30 % de ses flux de transport. « Nous avons pris la décision de renforcer notre parc gros porteurs », précise Jean-Pierre Sancier. Ce choix vaut uniquement pour la France, l’option de la sous-traitance totale étant maintenue en Espagne, en Italie et au Portugal, où STEF dispose de positions fortes. STEF peut également actionner le levier de la croissance externe au travers du « rachat de petites sociétés pour posséder du parc neuf » ou encore celui de la formation par le biais de ses moyens internes. « Ce sera une opération équilibrée », ajoute le directeur général de STEF. Outre le poids de la pénurie des moyens roulants liés à la raréfaction des personnels de conduite, STEF doit également composer avec deux phénomènes croissants : le pilotage des approvisionnements qui n’est « plus vraiment maîtrisé par les enseignes de la grande distribution » et la multiplication des appels d’offres.
Pour autant, STEF s’attend à « un ciel plutôt éclairé pour la fin de l’année ». Ses performances au premier semestre se sont traduites par une progression de 3,6 % (1,4 Md€, hors effet carburant) de son revenu au premier semestre 2017. Une croissance due à la bonne tenue du transport en France (617 M€ contre 584 M€ au premier semestre 2016) et, surtout, à celle de l’international (331 M€ contre 301 M€) tiré par une forte progression du groupage. Le résultat opérationnel France a suivi la même courbe ascendante (26,8 M€ contre 16,8 M€) que le chiffre d’affaires. L’activité logistique s’est, elle, inscrite dans la tendance inverse avec une dégradation du résultat (1,9 M€ contre 6,7 M€) « liée à une faible augmentation du chiffre d’affaires », selon Jean-Pierre Sancier. « Chez STEF, traditionnellement, quand le TRM monte, la logistique baisse », indique ce dernier. Selon Stanislas Lemor, « la marge opérationnelle de STEF est restée stable à 3,5 % ». Le DG chargé des finances de STEF a annoncé la création d’une joint-venture avec l’Allemand QSL pour le pilotage des flux de Burger King en France.