La profession vent debout contre la fiscalité

Article réservé aux abonnés

Une double menace pèse sur les entreprises de transport routier de denrées périssables dans le projet de loi de finances 2019 actuellement débattu au Parlement. Pour accélérer la transition écologique, le gouvernement pourrait revoir la fiscalité du gazole non routier (GNR) qui alimente les moteurs des groupes frigorifiques, et envisage d’instaurer une taxe sur les fluides frigorigènes. Le transport frigorifique n’échappe pas au cruel manque de conducteurs.

Deux nouvelles taxes font trembler les professionnels du transport de denrées périssables. La suppression des tarifs réduits de la TICPE pour le GNR, prévue dans l’article 19 du projet de loi de finances pour 2019, risque d’affecter les équilibres économiques des entreprises. « Plusieurs millions sont en jeu avec comme principal risque d’affaiblir durablement les marges des entreprises. Un amendement proposé à la commission fiscalité suggère la suppression de cet article 19, mais tant que le projet de loi de finances n’est pas voté, la menace est réelle », pointe Valérie Lasserre, déléguée générale de la Chaîne logistique du froid. L’association, qui fédère l’UNTF, l’Usnef* et Transfrigoroute France, remonte au créneau, après avoir réussi à écarter en septembre 2017 le projet de taxe sur le gaz HFC (hydrofluorocarbures). « Un amendement propose d’instaurer une taxe sur les HFC dans le cadre de la lutte contre le réchauffement climatique. Cela impacte à la fois les transporteurs routiers, les entrepôts et la grande distribution », complète Valérie Lasserre tout en rappelant qu’il n’existe pas d’alternative disponible à court et moyen termes à ce fluide frigorigène. L’avenir est donc aux groupes frigorifiques plus propres et moins bruyants (GNC). Carrier TransiCold a développé un prototype de groupe utilisant du CO2 comme réfrigérant naturel. Biocoop a accepté de tester durant trois ans dans des conditions réelles une semi-remorque multitempératures qui « effectue jusqu’à 12 tournées par semaine vers Paris et l’Île-de-France, la Région Hauts-de-France et le département de l’Yonne », selon Jacques Chapin, directeur de Biocoop. « Pour être vertueux dans le transport sous température dirigée, le véhicule doit être propre, tout comme le groupe frigorifique. TMC est le premier groupe 100 % électrique conçu par Saroul. Ce système produit de l’énergie fournie par des batteries stationnaires alimentées par l’alternateur du véhicule », précise Victor Faramia, président des Transports NJS Faramia.

Régulation des PL

Depuis trois ans, NJS Faramia teste des véhicules de catégorie Crit’Air 1 (véhicules au gaz, éthanol produit avec des résidus de raisins) dans la perspective des nouvelles échéances. Les municipalités entendent réguler l’accès des poids lourds dans les centres-villes. Paris veut montrer l’exemple et interdire la circulation avec des véhicules diesel en 2020 et les moteurs thermiques en 2030. Chassés des centres urbains au bénéfice d’une noria de petits véhicules, les gros porteurs pourraient bien marquer leur retour en ville au vu des bénéfices induits par la massification. À Bordeaux, le Club Demeter a expérimenté la livraison urbaine à des heures décalées avec des 44-tonnes. Moins de tournées, moins de congestion et in fine de pollution. L’expérience fait mouche. Paris réfléchirait à une telle solution et pourrait ouvrir la voie aux 44-tonnes. Bordeaux devient un véritable laboratoire d’expérimentations des livraisons urbaines. Fin 2017, PassionFroid s’est associé à Veolia et à l’association La Ronde des Quartiers de Bordeaux pour développer un système de livraison des restaurateurs de l’hypercentre avec un véhicule électrique, réutilisé par la suite pour collecter les cartons des commerçants du quartier. Environ 250 tonnes de cartons pourraient être valorisées chaque année.

« Faute de stations au gaz dans les Alpes-Maritimes, nous nous intéressons aux véhicules électriques. Nous faisons construire un entrepôt équipé de panneaux solaires pour réfrigérer la plateforme et alimenter les porteurs en électricité. Notre objectif pour 2025 est de rouler à l’électrique. Les acteurs de la grande distribution nous incitent à nous tourner vers les énergies vertes. Autre tendance dans la profession, l’émergence de start-up qui agglomèrent pour un client les données de géolocalisation en temps réel des camions de différents prestataires », souligne Patrick Barbero, gérant des Transports Barbero. Autre préoccupation croissante de la profession, le cruel manque de conducteurs et de cadres dans les entreprises de transport frigorifique. Rapidité de chargement et déchargement, suivi des températures… Des responsabilités que refusent d’assumer les candidats à ces postes.

*Union nationale des transports frigorifiques et Union syndicale des exploitations frigorifiques.

Actualités

Actualités

Boutique
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client abonnements@info6tm.com - 01.40.05.23.15