De plus en plus considérée comme un investissement et non comme un coût, la prévention des risques professionnels gagne du terrain dans les entreprises du transport de marchandises. Le taux de sinistralité particulièrement élevé qui affecte le secteur et qui engendre des coûts non négligeables, pousse ainsi les transporteurs à tenter de le réduire. Selon la CnamTS, l’indice de fréquence des accidents concerne ainsi 72 salariés sur 1 000 chaque année, un chiffre deux fois plus élevé que la moyenne nationale tous secteurs confondus. Le taux de gravité, établi à 3,1 journées perdues pour 1 000 heures travaillées, est aussi bien au-delà du reste des secteurs (1,4 journée). Ces chiffres ont un impact sur le taux de cotisation de sécurité sociale AT/MP, financé à 100 % par l’employeur et tarifé en fonction des résultats ressortis sur les 3 dernières années écoulées : il atteint 5,7 % en 2017 pour le transport de marchandises, au lieu de 2,4 % tous secteurs confondus. Les premières actions favorisant la prévention semblent toutefois commencer à porter leurs fruits puisque ce taux a diminué pour la première fois de 0,1 point cette année.
Si 10 % des accidents dans le secteur du TRM surviennent sur la route, avec des conséquences souvent graves, la grande majorité survient alors que le véhicule est à l’arrêt, pointe la CnamTS. Les principales causes restent la manutention manuelle (32 % des accidents) et mécanique (10 %), les chutes de hauteur (22 %) et de plain-pied (21 %). Les conséquences financières se traduisent par des coûts directs qui peuvent être conséquents pour l’entreprise. Ainsi, en 2016, une incapacité temporaire inférieure à 4 jours a coûté 318 € en moyenne à l’entreprise et 31 389 € pour les arrêts de travail supérieurs à 150 jours, rapporte la CnamTS. « Les lombalgies, fréquentes dans ce secteur, ont ainsi représenté entre 70 et 80 jours d’arrêt en moyenne, soit 4 768 € », précise Thierry Fassenot, ingénieur-conseil à la CnamTS. Pour les accidents qui provoquent des incapacités permanentes, les coûts vont de 2 159 € pour un taux d’IP inférieur à 10 % à 441 839 € dans les cas d’accidents entraînant un IP supérieur à 40 % ou un décès. De son côté, l’OPCA pointe que les moins de 29 ans sont deux fois plus concernés par les accidents du travail. Enfin, près d’un quart des accidents du travail concerne des salariés ayant moins de trois mois d’ancienneté au poste de travail.