Achat de véhicules et d’accessoires, cartes carburant, service de dépannage, parkings sécurisés*, partenariat bancaire, recrutement… Tels sont les domaines dans lesquels Fretlink, fort de la dernière levée de fonds de 25 M€ réalisée en mai, veut valoriser ceux que ses dirigeants appellent les « transporteurs premium ». Qui sont-ils ? « Ce sont des PME qui travaillent avec nous régulièrement, assurent une qualité de service et utilisent les outils de la plateforme comme les applis mobiles pour suivre l’acheminement, téléchargent les lettres de voiture, etc. Bref, ceux qui, à travers nous, peuvent accélérer leur transformation digitale », indique Antoine Le Squeren, cofondateur de la plateforme avec Paul Guillemin. Et ce, conformément à la digitalisation déjà en place chez les chargeurs. Outre les nouveaux services qui leur sont destinés dont, prochainement, une plateforme dédiée à l’aide au recrutement, la société assure à ces transporteurs méritants un délai de paiement d’une semaine contre le délai légal de trente jours garanti à tous les prestataires de transport qui passent par elle.
Fretlink se positionne à mi-chemin entre une bourse de fret classique et un groupement, tout en ayant un statut de commissionnaire. Elle se targue de garantir une rémunération avantageuse pour les PME du transport. Le prix de la prestation de transport est fixe pour le chargeur mais, côté transporteur, il peut évoluer selon l’évolution des coûts qu’il doit supporter. Il est fixé par l’équipe de sept personnes chargées du « pricing » chez Fretlink, sur la base d’une modélisation réalisée – en tenant compte de plusieurs paramètres dont la balance des flux, la saisonnalité ou encore la concurrence – et pondérée avec les données opérationnelles recueillies via la plateforme. Par exemple, les plans de transport, les cahiers des charges et la fréquence des flux indiqués par les chargeurs sont aussi croisés avec les plans de transport de multiples transporteurs pour advenir à la fixation du meilleur prix. « Le transporteur reste maître de son exploitation », note Antoine Le Squeren. Le premier engagement de la plateforme consiste à assurer aux donneurs d’ordres 99 % de capacités de transport nécessaires. De leur côté, les chargeurs s’engagent sur des volumes. La plateforme leur facture le prix de la prestation de transport et leur propre service – référencement des transporteurs, pilotage, reporting (y compris RSE), séparément. Autrement dit, la volonté affichée par Fretlink est de faire disparaître l’appel au marché spot en sécurisant les lignes des chargeurs. « Pour les transporteurs, on se positionne comme des apporteurs d’affaires et on les accompagne dans leur transformation digitale », ajoute-t-il. Le tout dans une stratégie au périmètre européen où le processus d’évolution et de consolidation du marché se prête à l’émergence d’un nouvel acteur capable de ravir 10 % de parts de marché…
La levée de fonds de mai dernier n’est certainement pas la dernière. Fretlink, qui ne vise rien de moins que le statut de « licorne* », cible dans un premier temps une taille critique suffisante pour mener son développement européen. « On lève de l’argent facilement parce qu’on se développe vite », souligne Antoine Le Squeren, comme en témoigne l’apport du business angel Fabrice Grinda (qui a déjà aidé BlaBlaCar, Airbnb ou encore Alibaba). Après l’arrivée de Renaud Johann, en tant que directeur commercial, et de Manuela Reis, vice-présidente supply et opérations, les recrutements vont bon train. D’ici à 2020, 100 personnes devraient être recrutées, notamment des commerciaux et dans la high-tech, pour étoffer l’équipe de 80 salariés que compte aujourd’hui Fretlink. Les 5 000 partenaires transporteurs actuels devraient être multipliés par trois. Enfin, le chiffre d’affaires devrait grimper de 15 M€ en 2018 à… 200 M€ ! En attendant, une agence a été tout récemment ouverte en Belgique. La société sera aussi présente en Allemagne début 2020 et en Pologne au deuxième trimestre.
*UTA est une filiale du groupe Edenred
* Start-up valorisée à au moins 1 Md$