La logistique urbaine fait son séminaire

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Le 28 novembre, Élisabeth Borne, ministre des Transports, a organisé un séminaire sur la logistique urbaine dans le cadre des Assises nationales de la mobilité lancées en septembre dernier. L’occasion pour un certain nombre d’acteurs – logisticiens, transporteurs, représentant des chargeurs, politique – de se projeter sur l’évolution des livraisons en ville dans les prochaines années dans un contexte d’explosion du e-commerce, de congestion des villes et de contraintes en matière de développement durable.

Les Assises nationales de la mobilité voulue par Élisabeth Borne et le gouvernement touchent à leur fin. « Je les conclurai le 13 décembre », a dit la ministre des Transports venue lancer la session sur la logistique urbaine devant un parterre de professionnels du secteur, au siège du groupe La Poste. « Le sujet de la logistique urbaine se trouve à la confluence du e-commerce, du retour des commerces dans les villes, de la congestion et de la pollution. Il faut donc réinventer », a déclaré Paul-Marie Chavanne, vice-président de La Poste, en ouverture du séminaire. « S’adapter à la contrainte, vous savez le faire », a enchaîné Élisabeth Borne. En préambule de la première table ronde, Laetitia Dablanc, de l’Institut français des sciences et technologies des transports, de l’aménagement et des réseaux (Ifsttar), a dressé une sorte d’état des lieux sur le sujet en évoquant « les nouveaux coursiers de livraison instantanée connectés, flexibles, vulnérables ; l’émergence des micro-hubs (La Poste estime son besoin à 80 unités dans Paris, Ndlr), les bouleversements technologiques (applications numériques, big data…), la mobilité électrique qui va percer et l’emploi qu’il faut revaloriser, réguler et pour lequel il faut engager des programmes ambitieux de formation ».

Amazon « free rider »

Jean-Louis Missika a indiqué la nécessité de faire émerger « une logistique durable ». Citant en exemple la ville (Paris) dont il est maire adjoint chargé de l’Urbanisme, il a vanté la modification du PLU voulu par la Ville. « Il faut qu’il y ait des lieux de rupture de charge pour le dernier km », a déclaré l’élu parisien qui a annoncé avoir identifié une soixantaine d’Espace de logistique urbaine (ELU) dans sa ville. « Il y a des sujets en sous-sols ». Allusion aux parkings qui seraient reconvertis à la logistique urbaine. Jean-Louis Missika a également évoqué l’expérimentation menée actuellement dans le 14e arrondissement par Dachser. Nom de code : BIL pour Base Intelligente de Logistique. Créée par le groupe Libner, spécialiste de la transformation de véhicules industriels, BIL se compose d’un porteur Euro VI diesel lequel intègre un véhicule électrique posé sur un hayon élévateur et chargé au moyen d’un chariot élévateur gerbeur. Sa capacité de charge se monte à 600 kg. Le maire adjoint a cité, en outre, l’exemple du projet Chapelle International, en rupture avec le modèle ancien de logistique urbaine, selon lui. « Le bâtiment s’intègre dans la ville, le site accueille des bureaux et de l’agriculture urbaine. Nous mettons en avant cette logistique douce », a précisé Jean-Louis Missika avant d’épingler Amazon qui « se comporte en free rider ».

Livraisons de nuit

Devant le manque d’espaces dans les villes, en raison de la prédominance du commerce et des bureaux, Claude Samson, président d’Afilog, a interpellé la ministre : « Il faut faire des arbitrages », lui a-t-il fait remarquer. Jean-Sébastien Leridon est venu dire, pour sa part, la nécessité de pouvoir s’appuyer sur un nombre plus important de points relais pour les 1 000 derniers mètres. Sa société – Relais Colis – a vu le nombre de ses points relais passer de 300 à 1 000 à Paris entre 2010 et 2017.

Le Dg de Relais Colis a tenu à alerter l’auditoire sur la montée exponentielle du nombre des VUL à Paris. « On est sur un marché qui multiplie sa croissance par deux tous les 3 ans. Si on ne change pas de modèle, on va se retrouver avec 2 000/3 000 VUL à Paris tous les jours », a souligné Jean-Sébastien Leridon qui a cité en exemple l’expérimentation (dépôt en station) menée actuellement avec la RATP, qui « marche fort », selon lui. « Dans 5 ans, une partie de nos livraisons dans Paris s’effectuera peut-être par métro, RER voire par bus », nous déclarait-il récemment (L’OT 2892). Le dirigeant évoque également l’usage du drone, du « tramfret » (une expérience se déroule actuellement à Saint-Etienne) et du fleuve. Julien Darthout, pour le Club Demeter, a mis en avant l’opportunité des livraisons de nuit (moins de 60 décibels), selon lui propices à l’usage de véhicules plus gros – une expérience avec un 26 T est en cours à Bordeaux – et donc à « une réduction des externalités négatives ». Avec ses 2 000 livraisons/ jour à Paris, face à l’émergence controversée d’acteurs du numérique (Stuart, Convargo..), Frédéric Murat a tenu à rappeler que ses 250 coursiers sont en CDI. « On ne joue pas à armes égales avec les plateformes », a déclaré le patron de coursier.fr. La mise en place, par les pouvoirs publics, d’un cadre social va rapidement s’imposer.

En clôture du séminaire, la députée Valérie Lacroute, qui pilote le groupe de travail « mobilité plus intermodale », a appelé à « une plus grande responsabilisation du consommateur en termes de prix ». À propos des groupes de travaux des Assises, elle a confié que « des pistes intéressantes sont engagées ».

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