« La distribution va devoir entrer dans une logique de “coopétition” »

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Collaboration de circonstance entre acteurs économiques concurrents, la « coopétition » entre les spécialistes de la distribution urbaine les conduira à mutualiser leurs flux et leurs infrastructures logistiques.
La distribution est en pleine mutation. Quelle perception en avez-vous ?

YVES MARIN : Auparavant, la proximité signifiait que le magasin était proche du client. À présent, la proximité consiste à déplacer la marchandise jusqu’au client, et les modes d’approche se diversifient. Ils comprennent le placement des achats sur le shopping trip du client (point relais multimarques pour le non-alimentaire, ou drive piétons propriétaires pour l’alimentaire), mais aussi la livraison à domicile, y compris en l’absence du client grâce à des sas adaptés. Amazon a imposé la livraison à domicile dans des délais très brefs. Il en résulte un changement des attentes des consommateurs. On va vers beaucoup plus de livraisons à domicile, donc vers la circulation d’un nombre croissant de véhicules BtoC.

Comment évolue, selon vous, le comportement des Français ?

Y. M. : Après l’âge d’or du one stop shopping en hypermarchés, les Français fractionnent désormais leurs achats. Les drives (pour voitures) ont pris 5 % de la distribution des produits de grande consommation et plafonneront probablement à ce niveau en raison de la diversification de l’offre de distribution. Demain, les drives piétons prendront également leur part, ils sont plus petits que les magasins, donc moins pénalisants sur le plan foncier. Cela suffit à justifier leur apparition. Les tendances actuelles conduisent à réduire en même temps l’empreinte carbone, les voies circulables, la pollution, le bruit et les particules. Elles sont accompagnées par une évolution du plan de circulation des grandes villes et par l’émergence de la MaaS (Mobility as a Service), qui mutualise les moyens de transport.

Pour quelle logistique urbaine ?

Y. M. : En logistique, on est sorti du dogme de la massification des volumes avec un nombre de références réduit. Au contraire, aujourd’hui, on élargit la palette de produits proposés, ce qui augmente la fréquence des livraisons aux points de vente. Il y a ainsi une fragmentation de la supply chain et des volumes vendus par référence.

Comme l’industrie automobile ou les banques, la distribution va devoir entrer dans une logique de « coopétition », des acteurs concurrents devant mutualiser certains éléments de leur chaîne de valeur. Les flux amont et les entrepôts devraient ainsi être mutualisés.

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