Selon un rapport publié en octobre dernier par le département d’études de la Confédération du commerce (Confcommercio), le trafic de marchandises en Italie, en 2018, sera de l’ordre de 448 Md tkm. « L’économie du transport et de la logistique traverse actuellement une phase de reprise, timide il est vrai, mais la situation va mieux » affirme Carlo Sangalli, président de Confcommercio. A preuve en effet, les chiffres qui soulignent une augmentation du trafic sur les dix dernières années selon cette étude. Depuis 2015, par exemple, la hausse globale est estimée à 11 Md tkm. Mais l’Italie ne profite pas suffisamment de cette évolution à la hausse, déplore la confédération. « Durant les dix dernières années, le trafic international de marchandises en Italie a augmenté de 4 Md€ mais les entreprises italiennes du secteur ont perdu l’équivalent de 1,5 Md€, le secteur du transport étant de plus en plus occupé par les entreprises étrangères » se désole Carlo Sangalli.
Aux activités importantes des sociétés de l’Europe de l’Est, la bête noire des transporteurs qui œuvre tout azimut dans la péninsule comme ailleurs en Europe, s’ajoute la délocalisation. « La concurrence des patrons des pays de l’Est est agressive avec des devis plus avantageux car leurs coûts sont moins lourds. Un Italien coûte environ 4 500 €, la moitié en salaire, l’autre en cotisation sociales et un Roumain 1 500 € », s’agace le transporteur Antonio Marzio. Alors que faire pour éviter de mettre la clef sous le paillasson comme l’ont déjà fait quelque deux milles PME durant les trois dernières années ? « Continuer à travailler sur le marché italien mais en délocalisant les entreprises », constate la Confédération du commerce.
Un passage quasi obligatoire pour certains patrons italiens qui exportent dans les pays de l’Est une partie de leurs activités, voire même quasiment la moitié, afin de casser leurs coûts d’exploitation. « Nous somme pris entre le marteau d’une fiscalité écrasante et l’enclume du manque de main-d’œuvre car le métier n’est plus assez sexy pour les chauffeurs, les salaires sont qualifiés d’insuffisants face aux rythmes professionnels contraignants au niveau des horaires et de la qualité de l’emploi », estime le transporteur Christian Foscarini. Au problème de la délocalisation, s’ajoute celui de l’auto-délocalisation avec les chauffeurs italiens recrutés par des entreprises étrangères pour rouler sur les routes de la péninsule au titre de la main-d’œuvre étrangère. « J’ai été contacté par une agence intérimaire qui m’a proposé de transformer deux de mes salariés sur le départ en travailleurs étrangers en les enregistrant en Roumanie. Je devais payer un forfait à l’agence qui s’occupait de toute la partie salariale », confie Christian Foscarini. Pour combattre la désertification de la profession, il faudrait alléger la fiscalité pour permettre aux patrons d’augmenter les salaires et de rendre le métier plus séduisant pour les nouvelles recrues. Puis, « adopter des dispositifs sévères contre l’illégalité dans les transports notamment en ce qui concerne les abus sur la norme règlementant les détachements transnationaux des chauffeurs et l’auto-délocalisation », conclut Christian Foscarini. En clair, faire évoluer la profession. Un vaste programme auquel le gouvernement devra tôt ou tard s’atteler, « le fer représentant l’avenir, les poids-lourds devront parcourir une partie de leurs trajets sur le rail », comme l’assure Amedeo Genedani, patron d’Unastras, l’Union des transporteurs italiens.