Le syndicat majoritaire de Geodis dénonce « une politique suicidaire qui verrait, à terme, le démantèlement de l'entreprise ». Elle fait état de résultats financiers « décevants, équilibrés grâce à la cession d'Extand à la poste anglaise ». « La restructuration de la branche route, engagée par Pascal Gibert, qui quitte ses fonctions, a échoué. Bourgey Montreuil perd de l'argent (NDLR : plusieurs dizaines de milions de francs de pertes seraient enregistrés pour l'exercice 2000). L'activité chimie a été regroupée au sein d'une entité dédiée. Est-ce le signe avant-coureur d'une vente ? », s'interroge Jean-Pierre Rémy, secrétaire adjoint de l'Union fédérale route CFDT. « Les bénéfices de la messagerie ont été engloutis par l'acquisition catastrophique du britannique United Carriers. Le redressement financier de ce messager n'est pas attendu avant trois ans. 300 salariés viennent d'être licenciés et 200 MF ont été injectés pour tenter de sauver les meubles ». La « rentabilité réelle des grands contrats logistiques » taraude également la CFDT. Quant à l'overseas, un pôle « chroniquement déficitaire », 80 emplois ont été supprimés à Set Cargo France, des sites ont été fermés en Afrique.
Autre grand motif d'inquiétude pour le syndicat : la stratégie d'éclatement mise en oeuvre par Alain Poinssot, l'ancien président de Geodis démissionné par ses actionnaires. « Il n'a pas su fédérer les branches. Aujourd'hui, chaque famille travaille dans son coin dans la plus grande cacophonie ! », peste Joël Le Coq, secrétaire de l'Union fédérale route CFDT.
L'arrivée de Pierre Blayau - ancien P-dg de Moulinex, entreprise cédée à un groupe italien - à la tête de Geodis ne rassure pas la CFDT. « Il souffre d'un déficit d'image incontestable », souligne le syndicat qui attend du nouveau président de Geodis : « dialogue social et définition d'une stratégie claire et cohérente, notamment dans la perspective d'un rapprochement avec La Poste ». Entre le 13 décembre 2000 et le 3 janvier, le titre de Geodis perdait 8,3 % au second marché de la bourse de Paris. Contactée, la direction de l'entreprise n'a pas souhaité faire de commentaire.