Jean-Charles Cipriotti : En termes d’ascenseur social, les perspectives de carrière restent limitées. Rares sont les conducteurs qui obtiendront des postes de direction. Ils pourront toutefois devenir formateurs ou moniteurs, passer à l’exploitation. En revanche, les profils des candidats ont beaucoup changé depuis quelques années. Auparavant, devenir conducteur était une réelle vocation. Ce métier représentait les voyages, la liberté, l’autonomie. Aujourd’hui, malgré l’évolution technique des véhicules, la conduite fait moins rêver. Sans vouloir soulever de polémique, au vu de la réglementation, un professionnel se sent-il libre aujourd’hui, au volant de son véhicule ? Il est de plus en plus contraint par une circulation compliquée, les horaires ou la géolocalisation. À côté de cela, nous lui confions des véhicules de 400 000 à 500 000 euros, avec une technologie embarquée, sans parler d’éco-responsabilité. Il faudrait davantage le responsabiliser en le sensibilisant à cette modernité.
J.-C. C. : Le métier a changé, mais la profession n’a probablement pas assez communiqué sur cette sophistication croissante de l’outil de travail. Le secteur des transports conserve une image en décalage avec sa réalité. Et, plutôt que de maintenir les conducteurs dans un rôle d’exécutant, il est essentiel de les valoriser et de les impliquer. Les jeunes sont attirés par l’esprit start-up : il importe de rajeunir l’image du transport pour les attirer. De plus, il faut soigner l’accueil et l’intégration des nouveaux personnels.
J.-C. C. : L’avantage de l’intérim est d’offrir aux candidats l’ensemble de la palette des métiers du transport. Aujourd’hui, plusieurs milliers d’entreprises clientes nous font confiance, nous pouvons donc proposer à nos intérimaires des passerelles entre les différents métiers. C’est l’essence même de notre métier. Par ailleurs, 15 à 20 % de nos effectifs sont constitués d’une part de candidats en réorientation professionnelle ou reconversion et, d’autre part, de jeunes que nous avons amenés et formés à nos métiers. Une proportion qui augmente.