Isabelle Maître : Sur les temps de conduite et de repos, l’introduction de davantage de flexibilité, comme le souhaitent les pays d’Europe centrale et de l’Est, n’est pas acceptable surtout si on aboutit à voir un conducteur prendre seulement 24 h de repos une fois par semaine pendant près de trois semaines. Nous nous opposons à cette proposition qui aurait comme conséquence de générer des risques de fatigue et de provoquer – c’est déjà une réalité – des situations de nomadisme des conducteurs qui ne rentreraient jamais à leur domicile pendant des semaines entières.
I. M. : Notre souhait (à la FNTR) est que cette règle s’applique – sur un transport international – dès le premier jour d’entrée sur le territoire, selon le principe « à travail égal, salaire égal sur un même lieu de travail ». Cette directive doit s’appliquer dès le premier jour de transport international et pas seulement dans le cadre du cabotage. Nous sommes un certain nombre de fédérations professionnelles européennes (d’Allemagne, des pays nordiques, de Belgique, d’Italie) à défendre cette position. Quant à nos collègues de l’Est, ils ne veulent pas d’application de la directive détachement à l’international et font tout pour s’y opposer. On pourrait chercher une solution intermédiaire avec l’introduction de seuils (à déterminer) du déclenchement du détachement à partir du nombre de jours passés sur un territoire dans un mois. C’est ce que propose déjà la Commission européenne. Nous trouverions plus pertinent et mieux contrôlable de faire un décompte en heures ; nous proposons 30 heures.
I. M. : Nous défendons l’idée de « 3 jours/1 opération ». Les fédérations évoquées plus haut campent davantage sur le statu quo (7 jours – 3 opérations). À la FNTR, nous continuerons de militer pour les 3 jours – 1 opération. Et nous défendons l’idée d’une période de carence après un cabotage. On entend des rumeurs d’ouverture accélérée du cabotage, ce qui n’est pas rassurant.
La balle est aussi dans le camp du Conseil des ministres des Transports. Ils ne se verront théoriquement qu’en décembre sauf si l’Autriche, qui va accéder à la présidence du Conseil de l’Union, accepte la tenue d’un Conseil des ministres extraordinaires en octobre prochain. Ce n’est pas gagné du tout. Au Conseil, l’Alliance du routier* possède une minorité de blocage mais pas la majorité en nombre. En somme, en l’état, pour nous, mieux vaudrait « pas de deal du tout qu’un mauvais deal ».
* Voir aussi notre article P.21