L’optimisation de mission ou de tournée, c’est la recherche du meilleur emploi d’une ressource itinérante dans le cadre d’un service à apporter. En pratique, il s’agit de réduire la distance parcourue par les véhicules tout en assurant la prestation convenue avec les clients. Tant que le nombre de véhicules et de points de desserte est limité, l’optimisation reste à la portée de l’exploitant, à condition qu’il ait du temps à consacrer à cette activité. Toutefois, le seuil de rentabilité d’un outil informatique d’optimisation est très vite atteint. Le coût mensuel (environ 30 à 50 euros par véhicule) est immédiatement amorti puisque l’utilisation d’un optimisateur réduit les distances parcourues d’environ 20 % pour les activités de distribution.
L’optimisation de mission est-elle réservée à la distribution ? Non. Parmi les « Michelin Solutions », on trouve MyBestRoute, récompensé par un prix de l’innovation lors de la SITL 2018. Destinée aux exploitants, cette application Web compare les coûts, les distances, les temps de conduite, la consommation et l’impact CO2 de différents itinéraires en intégrant le type de véhicule, sa configuration précise (moteur, boîte, rapport de pont, type de pneumatiques) et sa charge.
La météo, le type de chargement, le prix du carburant ou le coût horaire des conducteurs sont également considérés. Pour gagner du temps, les configurations de véhicules les plus courantes sont prérenseignées. Il est ainsi possible de choisir rapidement un itinéraire selon le critère prépondérant pour chaque mission, par exemple le coût total ou le temps de parcours. Naturellement, le transporteur peut sauvegarder ses précédentes recherches effectuées sur le site afin de les réutiliser ultérieurement. L’exploitant peut également envoyer l’itinéraire sur le smartphone du conducteur.
L’informatique du transport s’est mise en place par silos, de façon compartimentée. Face à la multiplication des fenêtres sur les écrans des exploitants, il est indispensable d’intégrer les données afin de ne soumettre à l’exploitant que l’événement sur lequel il doit agir. Le reste doit être automatisé. Comme les autres fonctions de l’informatique du transport, l’optimisation de mission doit savoir s’intégrer, tant aux TMS qu’à l’informatique embarquée. Fondé sur des technologies de planification et d’optimisation, Descartes WinRoute crée des itinéraires de distribution en cherchant l’efficacité et l’économie. Il aide à comprendre et à contrôler les coûts de transport grâce à une appréciation du rapport coût-rentabilité. L’éditeur de WinRoute annonce qu’il est facile à intégrer aux TMS, mais aussi à l’informatique des entrepôts (WMS), aux systèmes de géolocalisation ainsi qu’à ceux chargés de planifier les ressources de l’entreprise (ERP). Pour tous les éditeurs d’optimisateurs de tournées, l’intégration de leur outil à l’informatique déjà en place est un enjeu majeur.
Travaillant à partir de données collectées ou stockées par d’autres systèmes, les optimisateurs de tournées savent aujourd’hui déclencher des facturations ou d’autres actions en cascade qui concerneront le stock, le suivi de flotte ou la gestion de parc.
Longtemps réservée aux informaticiens, l’optimisation de mission n’est réellement accessible aux exploitants que depuis le début des années 2010. Antsway fonde d’ailleurs sa politique produits sur l’accessibilité de son optimisateur, utilisable en salle d’exploitation (Antsroute) et connecté aux smartphones des chauffeurs (appli mobile AntsDrive). L’un des leaders du marché est Geoconcept qui a repris Opti-Time et sa marque il y a sept ans. Les tournées de plus de 100 000 véhicules sont ainsi optimisées par Opti-Time. Les métiers de l’intervention sur site (maintenance des réseaux, etc.) ont massivement adopté de tels systèmes, nettement avant les transporteurs. Cependant, les grandes entreprises de messagerie et de distribution se tournent progressivement vers les optimisateurs. Actuellement, plusieurs appels d’offres concernent des flottes très importantes.
Dans bien des cas, il ne suffit pas de tirer des traits entre des points pour optimiser un itinéraire. Il faut aller au-delà du chauffeur et de son véhicule, en considérant toutes leurs caractéristiques (qualifications et temps de conduite du chauffeur, capacité de charge et équipement du camion), mais également en intégrant toutes les informations utiles. Celles-ci sont liées notamment aux itinéraires et aux lieux à desservir. AntsRoute tient compte du PTAC, de la charge possible, des dimensions et de la vitesse, mais il sait également organiser les compartiments d’une citerne. Les professionnels du vrac liquide apprécieront. Le logiciel est également en mesure d’affecter des objectifs de kilométrage à chaque véhicule. C’est intéressant lorsque le parc est en location, couvert par des contrats d’entretien ou concerné par tout autre accord qui impose de contrôler les distances parcourues. Optimisateurs itinéraires, des services comme Here fournissent aux optimisateurs des statistiques qui prédisent l’état de la circulation. Elles sont complétées par l’information en temps réel (embouteillages, fermeture temporaire, etc.). À propos du site à desservir, le principal levier d’optimisation est l’amplitude horaire autorisée pour y accéder. Plus elle est large, plus l’optimisateur pourra travailler efficacement et réduire les coûts en limitant les distances parcourues et les temps de conduite. Il le fera en augmentant le nombre de clients visités dans la limite de la capacité de charge du véhicule et de son autonomie. Ce dernier point est particulièrement sensible avec l’arrivée des véhicules électriques dont les temps de recharge doivent trouver place entre deux tournées.
À partir du « nuage de points » que doit visiter le transporteur, la construction et la planification de la tournée gagnent en complexité lors de chaque ajout de contrainte. Imposer un chauffeur pour un client, obliger à passer par un itinéraire ou en interdire un autre, réduit les possibilités d’optimisation. Dans les faits, les contraintes sont innombrables et elles concernent à la fois la nature des colis, leur manutention, la récupération des contenants en logistique inversée ou encore les éventuelles limitations de circulation imposées aux poids lourds. Parce qu’il peut traiter automatiquement et dynamiquement toutes ces informations, l’optimisateur assure au transporteur qu’il dispose de la meilleure tournée possible, établie à partir des informations dont dispose l’outil. Loin d’être économique en ressources machine, l’optimisation de mission gagne à être réalisée en deux temps. C’est ce que fait Opti-Time en utilisant à la fois un moteur d’optimisation « temps réel » pour une réponse immédiate, et un moteur d’arrière-plan qui se donne le temps d’obtenir le meilleur résultat calculable. Face à des contextes mouvants, l’optimisation doit être réalisée en continu afin de s’adapter à une actualisation de mission ou à un décalage de l’horaire de passage par rapport aux prévisions.
Utilisés en mode SaaS, de façon transparente pour l’utilisateur, les optimisateurs sont d’incontestables leviers de compétitivité. Pour être efficaces, ils doivent connaître et hiérarchiser toutes les informations-clefs relatives à l’activité de transport. C’est pourquoi les domaines les plus spécialisés doivent fréquemment ajouter une personnalisation logicielle à leur optimisateur afin d’en profiter pleinement.