Diverses études, notamment allemandes, font état de l’existence future de files ininterrompues de camions sur le sol anglais, sur plusieurs dizaines de kilomètres, au moment où le Royaume-Uni sortira définitivement – s’il en sort – de l’Union européenne le 31 octobre prochain. Jacques Gounon ne veut pas se résoudre à ce scénario catastrophe. Au contraire. Le patron de Getlink a présenté à la presse un scénario fondamentalement optimiste. Y compris en cas de Brexit dur. « Je me réjouis que ces études alarmistes aient pu circuler. Cela a mis la pression sur les administrations, des deux côtés, pour faire avancer les formalités. La mobilisation des responsables douaniers français et anglais est totale. Et les transporteurs ont de plus en plus recours au groupage, ce qui met de l’huile dans les rouages », a déclaré Jacques Gounon. Lequel a annoncé des investissements massifs (15 M€ en année pleine et 7 M€ en personnel) pour, notamment, la création de parkings. Le dirigeant en est convaincu : le recours massif aux nouvelles technologies dans lequel s’est engagé Getlink constituera la meilleure garantie, dans un schéma de « frontière agile », pour assurer la fluidité des futurs flux de camions post-Brexit. On parle d’investissements dans les installations douanières, de systèmes informatiques, de pit stop (stand)… « Je vous confirme que l’on se dirige vers le no deal », annonce, avec assurance, Jacques Gounon. Des marches à blanc dans le cadre d’un hard Brexit sont programmées pour la fin du mois d’août.
Le chiffre d’affaires du groupe a progressé de 2 % au premier semestre, à 523 M€ (Eurotunnel + Getlink + Europorte, la filiale ferroviaire). Le groupe estime à 10 M€ le manque à gagner causé par la grève des douaniers français en début d’année. Et à 3 M€ l’impact du Brexit sur sa structure de coûts. Malgré un EBITDA (– 2 %) et un EBIT (– 5 %) en recul, Getlink a vu son profit net consolidé progresser de 5 % à 41 M€. Le trafic de camions s’est replié de 4 % (810 000 contre 845 000 au premier semestre 2018) « lié à l’industrie et à l’automobile » ainsi qu’à « la résistance des flux de marchandises périssables et du e-commerce ».
« Le fret ferroviaire est un métier d’avenir qui peut bien fonctionner. Nous sommes portés par les enjeux sociétaux », déclare Jacques Gounon, qui annonce la mise en circulation de 1 166 trains de marchandises au cours du premier semestre 2019 (1 060 sur la même période en 2018). Le chiffre d’affaires d’Europorte a progressé de 10 % (66 M€) au premier semestre. Son EBITDA a grimpé de 12 % à 13 M€. Le groupe a distribué 193 M€ de dividendes à ses actionnaires au premier semestre 2019 (+ 20 %).