La nouvelle a fait l’effet d’une bombe dans le TRM espagnol. Un des fleurons du marché de la messagerie, la société Transporte Integral de Paquetería (TIPSA), est entré, en septembre 2019, dans le giron d’un acteur étranger : GeoPost/DPDgroup. Aux termes de l’accord, la filiale du Groupe La Poste va entrer au capital de la société espagnole. « Cette opération constitue une opportunité de croissance compte tenu de la complémentarité des deux entreprises et de la reconnaissance de la qualité de service qu’elles fournissent dans le secteur des transports urgents », a déclaré Yves Delmas, directeur général de DPDgroup en Europe. GeoPost/DPDgroup est déjà l’actionnaire majoritaire d’un autre grand acteur du marché espagnol de la messagerie : SEUR. Le groupe y renforce même sa présence, puisque SEUR a racheté en 2019 plusieurs franchisés. TIPSA opérera comme SEUR avec les équipes actuelles et le maintien de la marque. Les deux sociétés ont une excellente notoriété. TIPSA opérera, comme SEUR, avec les équipes actuelles et le maintien de la marque.
Cet intérêt tricolore s’explique par le dynamisme du marché espagnol. En 2018, le chiffre d’affaires des entreprises du secteur de la messagerie a progressé de 5,2 % pour atteindre 7,1 Md€, selon la dernière édition de l’étude annuelle consacrée à cette activité, que vient de publier l’Observatoire sectoriel DBK de la société Informa, spécialisée dans la fourniture d’informations commerciales et financières pour les entreprises. Et, même si l’économie espagnole est entrée dans une phase de ralentissement, le secteur de la messagerie devrait être relativement épargné car DBK table sur une progression de 4 % en 2019 et en 2020. À cette date, le secteur devrait « peser » 7,65 Md€. Cette dynamique est liée au développement accéléré du commerce électronique. Selon une étude de la Commission nationale des marchés et de la concurrence (CNMC), le montant des transactions a atteint 39,2 Md€ en 2018 (+ 29 % par rapport à 2017). Pendant le premier trimestre de 2019, la progression a marqué le pas mais est demeurée élevée (+ 22 % à 10,9 Md€). Selon la CNMC, neuf opérations d’achat sur dix donnent lieu à la réception d’au moins un colis. Autre caractéristique importante : un tiers seulement des transactions réalisées en 2018 ont été purement nationales. Pour le reste, il s’agit principalement d’achats réalisés à l’étranger (59 %), essentiellement dans l’Union européenne, et dans une moindre mesure (8 %) d’achats effectués à l’étranger auprès de sites espagnols. Résultat, l’activité internationale de la messagerie progresse bien plus rapidement (+ 6,3 % en 2018 à 1,93 Md€) que l’activité nationale. La part de l’international dans le chiffre d’affaires du secteur est passée de 20 %, en 2012, à 27 % en 2018 et devrait s’accroître pendant les années à venir. Cette internationalisation profite aux entreprises étrangères qui disposent de réseaux à l’échelle du Vieux Continent. Parallèlement, la concentration ne cesse de se renforcer puisque les cinq premières entreprises contrôlent la moitié du marché.
