Pour assurer l’approvisionnement des linéaires, Patrick Rocca a investi quelque 6 M€ d’euros dans l’agrandissement et le renouvellement de ses moyens de transport. « Pour le seul centre commercial, nous avons investi 1,3 M€ dans 30 semi-remorques, 20 fourgons et 10 frigos », détaille le président de Rocca Transport. À lui seul, l’approvisionnement du centre Atrium représente un flux supplémentaire de 50 remorques par semaine. Son bras droit, Vincent Barrau, basé à Vitrolles (13), précise que pour acheminer une remorque en Corse, trois remorques sont nécessaires : l’une pleine, embarquée le soir sur le bateau ; une autre, vide, qui rentre sur le continent ; et une troisième pour parer aux aléas de la navigation. « L’heure limite pour livrer Auchan Atrium est fixée à 8h30. Certaines remorques débarquées au port se rendent directement vers le point de livraison. Pour d’autres, ce sera le lendemain ou le surlendemain », détaille Vincent Barrau. Les Transports Rocca détiennent-ils le monopole de la distribution/livraison de l’Atrium ? Les deux hommes réfutent en bloc. « Rocca Transport est logé à la même enseigne que les autres transporteurs », assure Vincent Barrau. Outre ces nouvelles remorques, le groupe de transport renouvelle 45 poids lourds et 50 véhicules légers pour les activités de distribution dans l’île avec des livraisons échelonnées au premier semestre 2018. Surplombant le gigantesque Auchan Atrium, de nouveaux logements sont sortis de terre, là encore construits par l’infatigable Patrick Rocca. Pour la seule année 2017, 140 nouveaux appartements ont été livrés, portant à 800 le nombre de logements construits depuis 2012 par l’homme d’affaires. « Rocca Ville » pour certains, « Rocca Land » pour d’autres… Son empire ne cesse de s’étendre avec une ambition sans limites. Qui pourrait lui barrer la route ? François Padrona, à la tête des centres E-Leclerc en Corse, construit à une encablure d’Auchan Atrium, un centre commercial tout aussi gigantesque. Après une bataille navale pour le moins épique en janvier 2016 pour la reprise de l’ex-SNCM, qui a conduit à la création de Corsica Linea (pilotée par le second), le duel entre les deux hommes se poursuit cette fois à terre sur fond de guerre commerciale en périphérie d’Ajaccio.
Après quelques péripéties judiciaires, la construction de l’hypermarché E-Leclerc de Baléone est entrée dans sa phase finale. Une décision du tribunal administratif de Bastia du 18 décembre 2017 ayant rejeté la demande d’interruption du chantier. « Le plus grand espace commercial de Corse ouvrira bien ses portes au public mi-2018, et les équipes se réjouissent de pouvoir apporter, dans les délais prévus, un confort d’offres et de services inédit et à prix E.Leclerc », souligne un communiqué. Les deux hommes sont toujours à couteaux tirés sur le front maritime. La reprise de la SNCM, en 2016, avait suscité des remous entre Patrick Rocca, repreneur désigné par le tribunal de commerce de Marseille, et François Padrona. Des remous qui ont conduit à la dilution des parts de Patrick Rocca au capital de la compagnie maritime à 1/15e, et qui ont intrigué le pôle financier du Parquet de Nanterre (92) dans le cadre de la future cession de deux navires à la collectivité pour 5 M€. En octobre 2017, le parquet a d’ailleurs ouvert une enquête sur les conditions de la cession de MCM (propriétaire de l’ex SNCM) à Corsica Linea et à son pool d’entrepreneurs (des hommes d’affaires corses ainsi qu’un transporteur continental, Eurotranspharma). Perquisitions en Corse, chez les actionnaires de la compagnie, et auditions des organes de la procédure sur le continent n’ont toujours pas livré leurs secrets. Cette concurrence commerciale, qui devrait booster encore un peu plus le fret entre le continent et la Corse, a pourtant ses limites. Faut-il le rappeler, la Corse n’est qu’une île de 350 000 habitants.