Au cours de l’été, l’Espagne a vu s’ériger ses tout premiers portiques écotaxe. Le déploiement se résume pour l’instant à la seule province autonome basque du Gipuzkoa, sur quelques kilomètres de la nationale 1 reliant Irun à Etzegarate. De fin juillet à fin septembre, le Gipuzkoa procède en effet à l’installation de trois portiques destinés à repérer, puis taxer les poids lourds qui emprunteront la N-1 entre Irun (ville frontière) et Etzegarate, aux portes de la Navarre. Cette route, jusqu’alors toujours gratuite, sera payante à partir de 2018 pour les camions de plus de 3,5 t, sur trois sections qui font au total 20 kilomètres. En moyenne, 12 000 camions empruntent la N-1 chaque jour (dont 60 % d’étrangers). La province entend les faire contribuer à l’entretien des routes et reporter une partie du trafic sur les autoroutes AP-1 et AP-8, relativement proches. La taxe appelée « AT » devrait ramener 9 millions par an dont les deux tiers serviront à l’entretien. Le système de collecte fonctionne selon le principe « Freeflow », qui prélève le montant des trajets par le biais des boîtiers de télépéage embarqués à bord des camions. Les camions non équipés de badges devront être préenregistrés sur Internet, ou à l’aide de bornes, appelées « kiosques », qui seront prochainement disposées le long de la N-1 (cf. Comment fonctionne le système AT). L’initiative a surpris tous les transporteurs, notamment les entreprises françaises établies de l’autre côté de la Bidassoa. « Nous étions au courant depuis un an de la volonté de la région de mettre en place cette taxe, mais sans plus d’information. Nous avons été surpris de voir que les portiques venaient d’être installés. Les fédérations de transport espagnoles le découvrent en même temps que nous, tout comme de nombreux transporteurs basques espagnols que nous avons contactés. La province du Gipuzkoa a agi en catimini, peut être pour s’éviter toute contestation », s’étonne Caroline Augé, secrétaire général de l’OTRE Pays de l’Adour. Le site Internet de Bidegi, l’exploitant des autoroutes AP-1 et AP-8, qui va aussi gérer la taxe AT, ne propose pour l’instant aucune information à destination des transporteurs routiers.
Cette période de flou artistique devrait toutefois rapidement se lever, si l’on en croit Aitor Arambarri, responsable communication de la province du Gipuzkoa. « Le site Internet de Bidegi expliquera tout en détail à partir du mois d’octobre », promet-il. Il serait temps. Une phase de facturation à blanc doit démarrer le mois prochain, avant une mise en service prévue en janvier 2018. Et la province ne compte pas s’arrêter là. « En 2019, le système AT sera aussi mis en place sur la nationale Gi-632 lorsque le dernier tronçon, en cours de construction, sera achevé », ajoute M Arambarri. D’autres provinces basques, notamment la Navarre où se poursuit la N-1, suivront-elles l’exemple de la Gipuzkoa ? « Là, je ne peux répondre à leur place », répond-il.
