Du côté des banques comme de celui des captives des constructeurs, on tend à minimiser la part des refus de crédit. Surtout, on propose des alternatives. « En cas de refus, nous nous engageons à expliquer à notre client les raisons qui ont motivé notre décision. Nous étudions alors avec lui les possibilités d’accompagnement pour renforcer sa situation financière afin de lui permettre d’être en mesure de faire face aux financements qu’il recherche », explique Frédéric Rochoux, responsable de développement commercial entreprises de BNP Paribas. « Si l’analyse reste défavorable, la solution proposée peut consister à inciter le client à recourir à une technique de location pure auprès d’un établissement spécialisé », complète Florence Amphoux, responsable des relations presse à la Société Générale. « Le taux de refus demeure très faible. Quoi qu’il en soit, nous nous efforçons de trouver des alternatives. Il reste possible de modifier la durée du crédit, de demander un premier loyer plus conséquent pouvant représenter jusqu’à 15 % du financement, ou encore d’apporter une garantie par exemple d’une holding ou d’une filiale », insiste Sofiya Fouletier, directrice commerciale de Renault Trucks Finances.
Selon Fabrice Pesin, médiateur national du crédit, ce sont les petites structures, plus fragiles financièrement, qui restent les plus exposées à un refus de crédit, le transport dans son ensemble ayant en 2017 représenté 5 % des saisines. Parmi les principales raisons justifiant un rejet il pointe « un manque de fonds propres, une absence d’attention portée à la gestion de la trésorerie, une difficulté à se faire payer, un défaut d’anticipation ou de culture économique et financière ». Il invite les chefs d’entreprises à « consacrer du temps à leurs questions et à parler avec leurs banquiers ». Le Médiateur explique qu’« il est indispensable de saisir ses services dès la perception de la moindre inflexion de la part des financeurs, que cela concerne la dénonciation d’un découvert, un refus de rééchelonnement de dette ou un refus de crédit ». En cas de saisine (voir encadré), la médiation procède à un diagnostic complet de la situation financière de l’entreprise. « L’enjeu pour nous est d’abord de comprendre pourquoi un refus est survenu, s’il est lié à une situation ponctuelle, conjoncturelle ou structurelle », précise-t-il. Dans les deux tiers des cas, la médiation trouve une solution. L’échec intervient le plus souvent parce que la saisine a été effectuée trop tardivement. Le Médiateur souligne que dans certains cas extrêmes « les dirigeants éprouvent les pires difficultés à discuter de leurs problèmes, y compris avec leurs proches ». Et d’ajouter : « il faut parfois tout se dire avec son banquier afin de rétablir la confiance ».
Au-delà du financement classique du matériel roulant, un nouvel enjeu se profile à l’horizon, celui du numérique. « Il s’agit de prendre conscience que nous sommes au début d’une révolution. La nature des investissements va changer. Il convient d’anticiper et de s’intéresser à celle-ci. Les règles du jeu vont évoluer puisque la part des investissements immatériels dont la rentabilité sera moins facilement démontrable va augmenter. Les solutions de prêt sans garantie risquent d’occuper une part plus importante. Il sera alors nécessaire de recourir à des sociétés de caution mutuelle (établissements de crédit constitués en sociétés coopératives ayant pour objet d’apporter une garantie bancaire à leurs membres, ndlr), ce qui aura pour effet de rassurer un banquier », explique Fabrice Pesin.
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Le site de la médiation du crédit (voir lien ci-dessous) est d’un accès aisé. La saisine est gratuite, ouverte à l’ensemble des professionnels, quelle que soit le volume de l’activité. Une fois la demande enregistrée, la réponse d’un médiateur est garantie sous 48 heures. Il établit ainsi un premier contact avec le requérant afin de valider la recevabilité de sa demande. Les établissements financiers disposent d’un délai de cinq jours ouvrés pour revoir leur position. Si les difficultés persistent, le médiateur intervient et propose de solutions aux deux parties pour tenter de sortir de l’impasse. Il est aussi possible et même recommandé par le Médiateur de se faire gratuitement accompagner dans ces démarches par des tiers de confiance. Ces derniers, partenaires de la Médiation nationale du crédit, se trouvent par exemple auprès des CCI, des fédérations, de réseaux entrepreneuriaux.
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