Si l’on se réfère à la définition donnée par la start-up de formation et de conseil Blockchain France, qui a fusionné en 2017 avec le Labo Blockchain pour constituer Blockchain Partner, la blockcahin est « une technologie de stockage et de transmission d’informations à coût minime, sécurisée, transparente, et fonctionnant sans organe central de contrôle. Par extension, une blockchain (littéralement une “chaîne de blocs”) désigne une base de données sécurisée et décentralisée, répliquée sur un très grand nombre de nœuds, et contenant un ensemble de transactions dont chacun peut vérifier la validité. Une blockchain peut donc être assimilée à un grand livre comptable transparent et infalsifiable ». Comme toute définition, celle-ci peut-être nuancée, amandée, commentée ou interprétée. Matthieu Hug, CEO de la start-up Tilkal, la présente ainsi : « Il s’agit fondamentalement d’une base de données associée à un protocole. Celle-ci a la caractéristique de ne permettre qu’aucun enregistrement ne passe inaperçu. Quant au protocole, il assure la réplication des données par plusieurs utilisateurs ou acteurs. La blockchain crée un registre de données auditables et opposable d’un point de vue juridique ». Gilles Huber, chief customer officer de visible.digital, autre start-up du secteur, s’attarde pour sa part sur les fonctionnalités de la technologie blockchain : « La première permet d’effectuer des transactions. L’exemple typique est celui du Bitcoin. Elle ne correspond d’ailleurs pas à notre axe de développement actuel. La deuxième autorise un stockage de données décentralisé. La troisième, à partir de laquelle nous opérons, vise à la mise en place de smart contracts (il s’agit de programmes autonomes qui, une fois démarrés, exécutent automatiquement des conditions inscrites en amont dans la blockchain, sans nécessiter d’intervention humaine – ndlr) ». Joëlle Toledano, professeur des universités en sciences économiques à CentraleSupélec et qui a été présidente du groupe de travail Enjeux des blockchains initié en 2017 par France Stratégie, avance que cette technologie représente « une nouvelle façon de stocker, de préserver, d’accéder et d’intégrer des données qui deviennent infalsifiables tout en garantissant leur auditabilité ». La présidente précise que la blockchain « modifie les questions de contrôle et de sécurité des systèmes d’information ».
L’engouement actuel observé autour de la technologie blockchain ne doit pourtant pas constituer un leurre. « On constate aujourd’hui énormément d’expérimentations dans le domaine de la logistique, notamment maritime, de nombreux acteurs s’intéressant à cette technologie. Attention toutefois à ne pas penser que cette dernière pourrait solutionner tous les problèmes. Elle vise plutôt à compléter des systèmes existants qu’à les remplacer », prévient Lorène Jaouen, directrice grands comptes de Blockchain Partner. D’un point de vue générique, les avantages liés au déploiement d’une technologie blockchain sont, selon la directrice grands comptes, bien identifiés : « Elle autorise la création de confiance entre différents acteurs, assure la traçabilité des informations et améliore la transparence, puisque celles-ci sont disponibles pour tous les acteurs, tout en étant fiables ». Joëlle Toledano introduit une nuance d’importance. Selon elle, il convient de distinguer les avantages économiques concrets que « personne n’est en mesure d’évaluer de manière certaine », des avantages promis. « Ces derniers sont de deux ordres : premièrement, une confiance renouvelée dans les institutions politiques et économiques alors que la méfiance est à l’heure actuelle élevée ; deuxièmement, une augmentation de la productivité en limitant les intermédiaires et en automatisant les transactions », précise-t-elle. Quant au modèle économique induit par la mise en place d’une telle technologie, Joëlle Toledano se montre circonspecte. « L’accès à la blockchain représente un coût. Il s’agit d’un véritable investissement qu’il convient de mesurer à l’aune des gains attendus selon qu’il s’agit d’une petite ou d’une grande entreprise. Les usages associés doivent permettre de se différencier », estime-t-elle. L’économiste pointe enfin quelques difficultés techniques touchant par exemple au temps de validation, à la consommation d’énergie ou encore à la qualité de la confidentialité bien qu’elle demeure convaincue que celles-ci seront rapidement levées dans la mesure où beaucoup de personnes sont à pied d’œuvre et que les solutions seront de plus en plus nombreuses.