C’est un cap que devrait atteindre le grand port maritime de Nantes Saint-Nazaire, cette année. Selon des prévisions établies par Terminal du Grand Ouest (TGO) – concessionnaire et opérateur unique du terminal à marchandises diverses et conteneurs (TMDC) basé à Montoir-de-Bretagne – le trafic devrait à nouveau dépasser la barre des 200 000 conteneurs. Déjà, en 2017, ce cap avait été quasiment atteint avec 198 665 EVP, en croissance de 3,2 % d’une année sur l’autre. Cette hausse s’est même renforcée au cours des quatre premiers mois de l’année 2018. Le trafic a, en effet, porté sur 67 486 conteneurs, soit une progression de 6 %.
Comme l’indique Benoît Klein, directeur général de TGO, « cette tendance à la hausse découle d’une augmentation assez sensible sur deux flux : à l’import en provenance de l’Asie et à l’export vers l’Afrique de l’Ouest. Vers ce dernier continent, les porte-conteneurs pouvant transporter 4 150 EVP sont pleins à craquer. Il n’est donc pas étonnant, dans ces conditions, que des études réalisées par des armateurs puissent aboutir à la mise en œuvre de bateaux pouvant charger 6 000 EVP à l’horizon 2019-2020. Cette augmentation de la taille des porte-conteneurs escalant dans notre port devrait permettre de limiter l’érosion de trafic au profit d’autres plateformes plus importantes dont celles du nord de l’Europe. »
Cette nouvelle capacité d’accueil, TGO la doit aux 40 millions d’euros qui ont été engagés dans l’extension de 350 m des quais à marchandises diverses (dont les nacelles d’éoliennes offshore) et conteneurs. Cette installation, équipée de capteurs pour prédire la maintenance de l’ouvrage, a été réceptionnée fin novembre 2017. Depuis cette date, le terminal a donc vu ses capacités doubler, puisqu’il est désormais en mesure d’accueillir des porte-conteneurs d’une capacité de 8 000 EVP et d’une longueur de 330 m. Surtout, il est en mesure de traiter trois à quatre bateaux simultanément, ce qui lui offre un atout concurrentiel vis-à-vis de ses concurrents, souvent engorgés.
Les investissements se poursuivent actuellement et portent sur 8 M€ pour le renouvellement d’un des quatre portiques. Arrivé sur site le 12 juin prochain, il devrait devenir opérationnel en novembre 2018. Ce Super-Post Panamax sera doté d’un empattement plus large (24 m au lieu de 16 m), ce qui lui permettra d’avoir une portée plus large pour charger des navires de grande largeur. Un second portique neuf pourrait suivre dans les cinq prochaines années.
Tous ces équipements confèrent à l’outil ligérien une nouvelle attractivité vis-à-vis des armateurs et ouvrent des perspectives de développement pour le quatrième port français. Desservi par quatre lignes feeders (cabotage) sur Le Havre, Anvers, Rotterdam et Valence l’arrimant, en particulier, aux deux hubs MSC d’Anvers et de Valence et par deux services directs vers Pointe-à-Pitre et Dakar-Abidjan – tous deux assurés par CMA-CGM – le port aspire à renforcer son réseau. « Nous travaillons pour convaincre un armateur de mettre en place une nouvelle ligne feeder de type méditerranéenne. Les ports pressentis, Algésiras et Tanger Med, présentent l’avantage d’être des hubs entre l’Amérique du Sud et l’Europe. Il en découlerait des gains de temps de transport de l’ordre de trois à cinq jours pour les chargeurs du Grand Ouest », poursuit Benoît Klein. Ceci constituerait une étape avant l’avènement de l’utilisation des 8 000 EVP qui pourrait justifier de la création, à un horizon restant à définir, d’une ligne reliant Montoir-de-Bretagne à l’Amérique du Sud, ou tout autre continent non desservi à ce jour. Des études ont déjà été faites par certains armateurs pour la mise en œuvre de ce type de porte-conteneurs.
La nouvelle attractivité de Nantes Saint-Nazaire Port dans le domaine des conteneurs ne s’arrête pas là. En prolongement du récent lancement des opérations de FlexiLoire (navettes transportant des éléments Airbus entre Cheviré et Montoir-de-Bretagne), il est prévu d’étendre ce nouveau service au transport de conteneurs. Les contacts les plus avancés, semble-t-il, aboutiraient au transport de conteneurs dès 2019. Cela devrait être le cas pour l’entreprise d’extraction et de vente de pierres naturelles Cupa Stone. Cette dernière entend utiliser le service de pré– et post-acheminement de conteneurs qui permettra à l’offre FlexiLoire de se développer. Le trafic porterait sur 900 conteneurs par an environ. Pour assurer cette prestation, la Compagnie ligérienne de transport (CLT) mettra en œuvre une barge adaptée au transport de conteneurs. Présentée également lors de l’inauguration du service (18 avril 2018), cette dernière pourra transporter jusqu’à 176 EVP. À l’utilisation du fleuve pourrait ensuite se joindre celle du rail. Un autre projet prévoit un chantier de transport combiné à Montoir-de-Bretagne. Réalisée au cours du prochain contrat de plan État-Région (CPER), vraisemblablement à partir de 2021, cette opération d’un coût estimé à 13 M€ environ verrait la mise en place de deux voies longues de 700 m. « À sa mise en service à l’horizon 2023, cette plateforme serait desservie par trois trains de combiné par semaine. Puis ce service passerait graduellement en quotidien. Au global et en rythme de croissance, le trafic porterait sur 30 000 à 35 000 UTI [caisses mobiles, conteneurs et semi-remorques préhensibles par pinces] annuelles à l’horizon 2025 », expliquait Alain Leblanc, chef du service développement multimodal de Nantes Saint-Nazaire Port, à Actu Transport Logistique il y a quelques mois.
Ces nouvelles installations s’inscrivant dans le cadre de l’électrification de la voie ferrée Centre Europe Atlantique (VFCEA) de Nevers à Chagny (164 km) permettraient d’établir des connexions avec les corridors de fret européens n° 2 (Rotterdam-Anvers-Luxembourg-Bâle-Lyon) et 4 (Atlantique via Saint-Pierre-des-Corps) et surtout d’étendre le bassin de chalandise du terminal à conteneurs à la région parisienne.
Fort d’un vrai potentiel de développement avec une réserve foncière de 20 ha sur les 58 ha d’emprise existants, TGO continue de capitaliser sur la quasi absence d’engorgement de ses installations. « Nous avons réussi à résoudre 80 % de la congestion d’il y a trois ans grâce à la mise en place du nouvel outil que représente EasyGate. Opérationnelle depuis deux ans, cette application numérique permet de renseigner en temps réel chaque conducteur d’ensemble routier devant charger ou livrer un conteneur. Le nombre de mouvements de camions est actuellement compris entre 600 et 800 par jour », ajoute le dirigeant. Tous ces développements devraient permettre à Nantes Saint-Nazaire Port de renforcer sa position concurrentielle sur la façade atlantique. Il appartiendra à l’ensemble des acteurs concernés de mieux faire connaître l’outil mis à disposition des chargeurs. Pour l’heure, le terminal à conteneurs souffre encore d’un déficit de notoriété.
• Quatre postes à quai
• 950 m de linéaire de quai
• 12,6 m de tirant d’eau à quai
• 8 000 m2 de magasins couverts
• 350 prises frigorifiques
• Une rampe Ro-Ro
• Effectif de 150 personnes