Chargeurs, ces victimes collatérales

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Alors que la ministre des Transports, Élisabeth Borne, promet des annonces prochaines en faveur du fret ferroviaire, les chargeurs s’alarment des dégâts économiques des grèves par intermittence.

Dans quelques jours, les cheminots auront entamé leur premier mois de grève. Si les usagers demeurent les principales victimes visibles de leur mobilisation, il n’en reste pas moins qu’ils ne sont pas les seuls utilisateurs du rail. Les chargeurs se manifestent de plus en plus pour évoquer leur inquiétude quant à l’impact économique. « Les chargeurs utilisateurs de fret ferroviaire redoutent les conséquences de la poursuite du mouvement social sur leur écosystème réunissant autour d’eux, fournisseurs et clients », a signalé l’AUTF (Association des utilisateurs de transport de fret) dans un communiqué la semaine dernière. Alors que le deuxième trimestre donne des signes de reprise, les volumes de marchandises risquent de ne pas être livrés. Christian Rose, directeur des relations adhérents et institutionnels, estime à 25 % à 30 % les flux qui restent à quai. Dans le secteur du ciment, quelques arrêts de lignes de production sont déjà constatés, faute d’approvisionnement.

Dégâts financiers

Les deux premières semaines de grève SNCF, 60 % des plans de transport ferroviaire n’ont pu être respectés. Les filières agroalimentaires et de céréales, clientes du fret conventionnel, s’alarment particulièrement des surcoûts engendrés par les grèves. Soufflet, un groupe de négoce, déplore un report modal difficile en raison « de profonds dysfonctionnements des écluses sur l’axe Seine-amont et de la saturation du transport routier « . Les coopératives demandent une « priorité » pour le fret, tout comme le Groupement national des transports combinés (GNTC), qui réclame la garantie de circulation des trains de combinés. Pour avril, le GNTC compte 12 jours de grève car peu de trains partent le samedi et aucun le dimanche. Il rapporte qu’environ 50 % des trains seulement ont pu circuler, les trafics sont donc essentiellement reportés sur la route. « Les entreprises attendent la fin du mois pour faire un premier bilan économique mais il y aura des dégâts financiers. En 2016, le mouvement social avait entraîné 12 M€ de pertes pour la filière », assure le groupement. Tous les yeux restent rivés sur l’exécutif, qui a promis des annonces sous un mois pour encourager le fret ferroviaire et le transport combiné. Qu’en sera-t-il si le gouvernement veut l’arrêt du conflit avec les cheminots ?

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