Avec un rapport de 2,3 à 2,4 tonnes par m3, la majorité des transports de béton prêt à l’emploi (BPE) est effectuée au moyen de porteur 32 tonnes d’une capacité de 8 m3. Diesel, le moteur du véhicule alimente aussi en énergie le malaxeur en rotation permanente pour garantir la qualité et la fraicheur du produit jusqu’à sa livraison. Ce modèle d’exploitation semble avoir fait long feu au regard des nouvelles contraintes de circulation des poids lourds dans les villes. Entre 2020 et 2025, la Ville de Paris entend par exemple éradiquer le diesel sur son territoire ; la circulation des « Euro III » y est d’ailleurs interdite depuis le 1er juillet. Pour relever ce défi, Vicat a présenté le 14 septembre un camion-toupie révolutionnaire. Baptisé Oxygène, du nom du projet qui a nécessité trois années d’études, il fonctionne au gaz naturel (GNV) et est équipé d’un malaxeur hybride dont l’alimentation principale est électrique grâce à des batteries lithium embarquées.
Par rapport à un modèle diesel Euro VI avec malaxeur hydraulique classique, ce véhicule affiche « une baisse des émissions CO2 de 96 % avec du bioGNV, de 70 % pour les NOx, et de 92 % pour les particules. L’ensemble permet une réduction de 95 % de ses externalités », déclare Jean-Baptiste Pastor, responsable logistique de Vicat. Quant à ses émissions sonores, elles chutent de plus de 6dB ; le véhicule respectant du coup la norme anti bruit PIEK (– 71 dB max). Pour mener à bien ce projet, Vicat s’est associé à trois partenaires : son transporteur historique Jacky Perrenot qui a supporté le financement du véhicule, Iveco, fournisseur du porteur Stralis GNC 8 x 2 x 6 de 330 ch (1 300 Nm) équipé de quatre essieux dont trois directeurs, et Cifa concepteur du malaxeur électrique Energya.
D’un PTAC de 33 tonnes (bonus d’une tonne en raison de sa motorisation GNV), sa charge utile « de 7,5 à 8 m3 est identique à un camion-toupie classique pour une autonomie de 150 km adaptée aux tournées urbaines », souligne Jean-Baptiste Pastor. Autorisant les brassages à l’arrêt, les batteries du malaxeur se rechargent par récupération d’énergie lors du roulage et les freinages plus, au besoin, de charges via une colonne intégrée (1 h) ou d’une prise industrielle 380 V (4 h). En matière de sûreté – sécurité, le camion-toupie dispose aussi d’innovations : caméras de recul, système anti-démarrage lors des pleins GNV, freinage d’urgence automatique anti-collision (ESP, AEBS), pneus Continental connectés par radiofréquence pour suivre leurs pression et températures… S’ajoutent les systèmes embarqués Transics et Smartdrive pour, notamment, géolocaliser, arrêter le véhicule à distance et enregistrer les sons et images en cabine.
Avec le concours de ses 200 transporteurs, Vicat envisage un déploiement dans sa flotte – 500 camions-toupies environ – à compter de 2018 à raison d’une vingtaine d’unités par an. Lyon, Grenoble et Paris seront les premières villes dotées. Ce développement tient compte de deux critères : « l’accès aux stations-services GNV que nous contribuons à développer avec les collectivités et des fournisseurs d’énergie, et du surcoût des matériels ». Lequel est évalué à 40 % à l’achat. Selon Vicat et ses partenaires, ce surcoût devrait, à terme, être absorbé par des économies d’échelle en phase de production, un carburant GNV compétitif, et des amplitudes d’exploitation plus larges.