Camion, palette, tracteur, frigo… Que reste-t-il à connecter ?

Article réservé aux abonnés

La fièvre de l’IoT s’est emparée du monde du transport. Avec l’arrivée de modes de communication à faible coût, tout, ou presque, est connecté ou susceptible de l’être. La palette communique, la bâche informe de sa déchirure et naturellement, tracteur et remorques sont suivis. Face à cette tendance, le RGPD limite les possibilités de traiter le chauffeur en objet connecté. Cela n’empêche pas la multiplication des flux de données qui remontent en salle d’exploitation.

Aujourd’hui, être connecté devient une évidence. Par conséquent, voire par excès, tout doit être connecté et doit communiquer. On veut tout savoir en permanence, notamment à propos des conditions de transport. La tendance est lourde. Elle est même renforcée par la réglementation, qui impose le chronotachygraphe géolocalisé et communiquant à partir du 15 juin prochain. Parallèlement, le contexte technique est favorable aux objets connectés avec la mise en place des réseaux Sigfox et LoRaWAN qui sont adaptés à l’envoi périodique de courts messages. Dans le cas général, l’objet connecté ne transmet pas un flux vidéo haute définition qui nécessite un débit de données important. Il se contente d’informations très concises, par exemple une position et une température associées à l’horodatage du message qu’il envoie à un autre système dans le cadre d’une communication entre appareils (M2M, Machine-to-Machine).

L’invasion des objets connectés

C’est la guerre des chiffres entre les instituts d’analyse et de prospective. Alors que Idate annonce 80 milliards d’objets connectés en 2020, Gartner en prévoit trois fois moins. Selon Boston Consulting Group (BCG), le marché des objets connectés pèsera 250 milliards d’euros à l’horizon 2020. Autre son de cloche, le chiffre d’affaires mondial du marché global des objets connectés en incluant matériels, logiciels, services et connexion réseau atteignait déjà 800 milliards de dollars dès 2017 selon International Data Corporation (IDC). Les domaines des infrastructures, des équipements industriels, des transports et des services publics sont, selon BCG, les principaux utilisateurs d’objets connectés, qu’ils appliquent à l’analyse prédictive.

À bord d’un camion, à peu près tout est aujourd’hui susceptible d’être connecté. La maintenance prédictive impose une chaîne cinématique connectée. Les pneus, les portes du fourgon, les bâches, les trappes de citernes, les groupes frigorifiques, les conteneurs-rolls, les palettes ou le réservoir de carburant, à peu près tout est aujourd’hui capable d’envoyer une information. Oui, mais quelle information ? En général, l’objet dit où il est et informe à propos des événements qui lui sont associés. Aujourd’hui, un réservoir en cours de siphonage sait en informer son propriétaire. Dans le même esprit, la bâche Alarm de Dynatex est capable de détecter sa lacération afin de déclencher une sirène tout en transmettant une alerte. Pour cela, chaque rideau Alarm doit être équipé d’un transmetteur sans fil. La palette SmartPallet d’Ahrma transmet sa localisation, sa vitesse, sa température et son poids en temps réel. Pour aller encore plus loin, Hub One lance des étiquettes communiquantes, format ticket de métro, dont les données sont rassemblées au niveau du véhicule par un concentrateur avant d’être transmises par LoRa. Les salons professionnels regorgent désormais de solutions connectées liées au transport. Si vous ne trouvez pas celle adaptée à votre cas d’usage, consultez Connectwave, qui a pour mission de mettre en relation les besoins des utilisateurs avec l’offre du marché.

Quelle technologie pour communiquer ?

À l’exception du tracteur routier et du groupe frigo, le matériel utilisé dans l’environnement du transport est généralement dépourvu d’alimentation électrique. C’est notamment le cas de la semi-remorque quand elle est dételée. La balise communiquante de l’objet connecté doit donc le plus souvent embarquer son alimentation électrique sous forme de batterie. La durée de vie de cette dernière devient donc un critère de choix déterminant. Avez-vous envie de changer les piles de chacun de vos objets connectés toutes les semaines ou tous les cinq ans ? Plutôt tous les cinq ans, n’est-ce pas ? Dans ce cas, il n’est pas envisageable d’utiliser les réseaux de téléphonie mobile. Il faut se tourner vers les LPWAN (Low Power Wide Area Network) dont les plus célèbres sont Sigfox et LoRaWAN. Ces réseaux à grande portée et à faible consommation sont adaptés à des applications ne requérant qu’un faible volume de données à transmettre et pour lesquels un faible coût est recherché. LoRa permet de connecter des objets qui n’étaient pas prévus pour cela, y compris toutes formes de contenants (roll-conteneur, palette, etc.).

La technologie LoRa autorise la géolocalisation par TDOA (Time Difference Of Arrival). Sa précision dépend toutefois de la proximité des relais. GPS et Galileo fournissent une position nettement plus exploitable. C’est pourquoi les balises TiFiz XTrak de Ticatag utilisent le GPS, bien qu’elles communiquent par le LPWAN Sigfox. Ce dernier limite la communication quotidienne à 140 messages par balise, avec 16 octets par message. C’est suffisant pour envoyer les mesures réalisées par des sondes. « Le LPWAN a du sens pour des capteurs qui doivent dormir 99 % du temps », explique Yann Mac Garry, fondateur de Ticatag.

Comparés à LoRa, les services de téléphonie mobile sont plus avantageux lorsque le service nécessite une qualité de service élevée et un délai de transmission garantie. Afin que le marché de l’IoT (Internet of Things, Internet des objets) ne leur échappe pas totalement, les opérateurs de téléphonie déploient la technologie LTE-M, dont la consommation d’énergie est toutefois supérieure à celle des LPWAN.

Un autre critère de choix est la couverture du réseau. Aujourd’hui, seule la téléphonie mobile couvre intégralement l’Europe. Le LTE-M profite des possibilités de tout le réseau téléphonique en place. Il y ajoute le roaming à travers l’Europe en fonction des accords d’itinérance entre les opérateurs ayant déployé LTE-M. La communication à longue distance n’est pas forcément nécessaire. Parfois, elle doit être établie à l’échelle d’un véhicule ou d’un bâtiment. Il existe pour cela une multitude de technologies comme NFC, RFID, Bluetooth, USB sans fil ou WiMax.Orange commercialise ses solutions IoT à travers Datavenue et propose, entre autres, la technologie LoRa. Pour promouvoir celle-ci, Bouygues Telecom a créé Objenious et a déjà convaincu Carrefour, Petit Forestier ou la SNCF, entre autres.

La carrosserie, nouveau paradis de l’IoT

De multiples systèmes de pesée embarquée sont aujourd’hui proposés pour les camions et leurs remorques. Parmi eux, le T1 d’Ascorel transmet la masse du véhicule à une appli Android.

Ça bouge également du côté du vrac liquide. Portée au poignet, la télécommande WiPIT ATEX d’Alfons Haar améliore le confort des chauffeurs chargés de la livraison d’hydrocarbures. Elle affiche le produit distribué, le volume et le débit tout en contrôlant l’enrouleur et la pompe. Si nécessaire, elle envoie des messages d’alerte. Grizzli Distri Mobile System installe des étiquettes RFID afin de détecter les ouvertures de trappes sur les citernes tout en garantissant que les produits sont dépotés dans les bonnes cuves. Ces puces sont plus efficaces que les plombages sur les trappes et capables de déclencher une alerte en cas de non-conformité du produit dépoté avec la cuve destinataire.

À l’occasion de Solutrans 2017, Dhollandia a présenté son premier hayon élévateur connecté. Quelques semaines plus tôt, c’est Hiab qui lançait Hi-Connect. Avec ce système, la grue auxiliaire devient un objet connecté. Le but est de maximiser la disponibilité de l’outil tout en suivant précisément ses conditions d’utilisation. HiConnect est en fait un fournisseur d’ICP (indicateurs-clés de performance, ou KIP) grâce auxquels l’exploitant sait ce que fait sa grue, quand et où. Le temps d’utilisation, les charges supportées et les anomalies sont transmis. Une surcharge, un moteur au ralenti sans activité de la grue ou encore, une période de circulation routière avec une grue ou des stabilisateurs incomplètement repliés ne passeront plus inaperçus. Ce suivi rend possible une maintenance prédictive, déterminée par les conditions réelles d’emploi. On évite ainsi la panne, toujours synonyme de perte d’activité. Pour l’atelier, ce type de maintenance permet la planification de l’activité, toujours préférable aux actions curatives déclenchées à la suite d’une avarie intempestive.

Intégrés à une application industrielle ou logistique, les objets connectés optimisent les processus et suscitent la transformation de ces derniers. Ils font émerger de nouveaux usages.

Créer de la valeur

L’IoT améliore l’efficacité, la productivité, la rentabilité, la sécurité et naturellement, la traçabilité. Sur le plan commercial, ses apports peuvent être valorisés auprès des donneurs d’ordre. La chaîne du froid est particulièrement demandeuse de surveillance et donc, d’objets connectés. Les grands noms du froid (Carrier, Chéreau, Lamberet ou Schmitz) proposent des solutions connectées complètes. Leurs carrosseries communiquantes transmettent les informations utiles du groupe, notamment un niveau de carburant faible ou une défaillance. L’enregistrement de la température à bord (y compris avec des sondes à inertie), la détection des ouvertures de portes et leur géolocalisation font par ailleurs partie des fonctions de base auxquelles s’ajoutent des remontées d’informations depuis le train roulant de la semi-remorque (pression des pneus, détection de la charge, etc.). Conforme à la norme EN 12830 relative aux enregistreurs de température pour le transport, l’entreposage et la distribution de denrées réfrigérées ou surgelées, l’enregistreur de température DataCOLD 600 de Carrier Transicold est associé à la télématique COLDTrans. Ensemble, ils assurent la visibilité sur le respect de la chaîne du froid. Accédant à l’électronique du groupe de réfrigération, COLDTrans fournit un historique des données de température, une visualisation des points de consigne, des rapports et une géolocalisation des alarmes de sécurité (ouverture des portes, variation de température). En cas d’alarme, l’information est transmise par SMS ou par mail. L’enregistrement des heures de fonctionnement en mode électrique ou diesel par le système participe à la planification de la maintenance afin de réduire les immobilisations. L’entretien peut être assuré par le contrat de maintenance « tout inclus » EverCOLD, qui intègre éventuellement une maintenance des équipements complémentaires comme l’enregistreur DataCOLD.

L’ouverture répétée des portes du fourgon en contexte de distribution urbaine complique le contrôle de la chaîne du froid, notamment en été. C’est pourquoi DataCOLD 600 utilise des sondes de température à inertie. De telles sondes sont placées dans un bain d’huile chargé de se comporter en volant thermique afin de lisser les variations violentes de la température de l’air ambiant.

Cette innovation est le résultat d’une collaboration entre Carrier Transicold France et Martin Brower France, dont la flotte est mise à disposition par Fraikin.

Faire émerger la pertinence

En lançant Open Location Platform (OLP) en février dernier, c’est une place de marché dédiée à l’IoT qu’a créé Here. Les données issues d’objets connectés pourront y être partagées avec d’autres entreprises ou avec des développeurs afin de faire apparaître de nouvelles solutions fondées sur l’exploitation des données de localisation. Here propose ses propres données ainsi que celles issues de tiers (Daimler, DKV, etc.) sur l’OLP Marketplace.

Générateur de big data, les objets connectés du transport multiplient les flux de données et les applications que doit surveiller l’exploitant. Il est urgent de standardiser la communication avec les objets connectés afin de faciliter l’apparition de solutions transversales chargées de ne présenter à l’exploitant que l’information actuellement utile, c’est-à-dire celle sur laquelle il doit intervenir.

Définition
Un objet connecté, qu’est-ce que c’est ?

Tout objet, s’il est capable d’envoyer une information numérique vers un réseau, devient un objet connecté. Dans le cas le plus élémentaire, il peut s’agir d’une simple étiquette RFID utilisée pour identifier un pneu ou un colis. De façon plus élaborée, l’objet connecté dispose de capteurs afin de communiquer sa position, une ouverture, un choc, une température, une hygrométrie, etc. En pratique, l’objet intègre une balise communiquante et éventuellement connectée à des capteurs.

Réglementation
Un tachygraphe de plus en plus connecté

Avec l’entrée en vigueur le 15 juin prochain de l’annexe 1C du règlement UE 2016/799, le chronotachygraphe devient géolocalisé et communiquant. Le but de l’interrogation des tachygraphes 1C « à la volée » a pour principal but la détection des dysfonctionnements, généralement provoqués volontairement. Il s’agit d’identifier les appareils qui indiquent une vitesse décalée de la réalité ou bien une activité autre que la conduite alors que le véhicule est en mouvement. Les codes défaut transmis indiquent par exemple un tachy débranché. Techniquement, le tachy 1C communique avec des antennes extérieures comme le fait un badge de télépéage, par DSRC (Dedicated Short-Range Communications). Avec le tachy 1C, la position du véhicule est enregistrée en début et en fin de journée, à l’insertion et à l’extraction d’une carte, ainsi que toutes les trois heures de conduite. La géolocalisation intéresse tout particulièrement les transporteurs d’Europe de l’Ouest car elle doit contribuer à la lutte contre le cabotage abusif des routiers de l’Est. L. F.

Actualités

Dossier

Boutique
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client abonnements@info6tm.com - 01.40.05.23.15